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Notes de lecture - Page 32

  • Lu dans " Comment les riches détruisent la planète" Hervé Kempf

    Il faudrait tout citer dans le petit livre que je viens de terminer : « Comment les riches détruisent la planète » d’ Hervé Kempf,  journaliste engagé, spécialiste de l’environnement. Journaliste qu’on n’entend guère  et qui s’exprime presqu’uniquement  dans ses livres car il estime que les médias ne sont pas libres, achetés par le capitalisme. Il suffit, dit-il,  de découvrir  qui sont les patrons et les actionnaires des principaux journaux, radios et télés pour comprendre les journalistes ne pourront  plus jamais dire ce qu’ils pensent. Il reste quelques médias indépendants qui cherchent des lecteurs avant, trop souvent, de disparaître!

     

    Je ne parlerais pas aujourd’hui du thème de réflexion,  mais de 2 citations qui m’ont beaucoup plu.

    A la page 66, Hervé Kempf cite un article de The Economist , journal anglais qui encense d’habitude le capitalisme, mais qui écrit:                                                                                                                                                    

     « Ou que vous regardiez dans l’Amérique moderne, vous trouverez des élites maîtrisant l’art de se  perpétuer elle-même. …L’Amérique, ce sont des réseaux dynastiques proliférants, des cercles verrouillés, le renforcement des mécanismes d’exclusion sociale et un fossé entre ceux qui prennent des décisions et définissent la culture et la vaste majorité des travailleurs ordinaires….Un des moyens les plus efficaces est de rendre très onéreuses les études supérieures pour que les individus brillants n’accèdent  jamais aux poste de commande. » 

     

    N’est ce pas ce qu’on remarque de plus en plus en France et dans tout le monde européen? Tout ce qu’on appelle les élites, les dirigeants , les riches sont issus maintenant des « dynasties »: dynasties  d’énarques, d’héritiers, d’industriels et  de« people ». L’ascenseur social…. ne rêvons pas, c’est dans mon enfance qu’il ne fonctionnait pas trop mal!

     

    A la page 93, j’ai trouvé une analyse très fine de notre monde: 

    « L’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont  menacés ne ressemblera en rien à ce qui l’ a précédé. Je veux imaginer sous quel traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant à ses concitoyens il est à côté d’eux mais ne les voit pas, il les touche mais ne les sent point. Il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul… 

    Au-dessus de ceux là s’élève à pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance. Il ressemblerait à la puissance paternelle  si, comme elle, il avait pour objet de préparer des hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les  fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu’il ne songent qu’à se réjouir »

     

    Travailler pour obtenir tout ce que nous croyons désirer au point d’en devenir indispensable n’est, en fait,  que ce que la société de consommation nous impose, avec le matraquage de la publicité. Quand à apprendre à réfléchir, tout est fait dès l’enfance  pour perdre cette faculté, qui , disait-on, différencie l’homme de l’animal!. 

    Qui est ce visionnaire qui a décrit si justement la monde actuel? 

    Ma surprise a été totale:  Toqcqueville, historien sociologue et homme politique a écrit ce paragraphe  dans les années 1850  car il imaginait ainsi l’évolution des démocraties occidentales. 

    Voilà une analyse qui sonne juste en 2015! Mais n'y aura-t-il pas dans la génération montante, une prise de conscience rendant possible un changement de cap?

  • "Esprit de FEZ" - Ouverture, tolérance et universalité!

    J'ai reçu hier la lettre hebdomadaire du Professeur Henri Joyeux que je découvre toujours avec plaisir et intérêt. Intitulée " L'art et la spiritualité au service de la santé" elle a illuminé ma journée. Elle est  consacrée  au festival des musiques sacrées du monde, qui a lieu à Fez chaque année, animé par  la fondation "Esprit de Fez".

     

    J'avais déjà, par l'intermédiaire de Point Afrique entendu parler de ce festival et j'avais même eu l'intention de  m'y rendre. Car cette manifestation, organisée par un islam de tolérance pour un mélange des cultures et des religions, me semble une initiative exceptionnelle dans notre monde d'égoïsme et de rejet.

    Il a été fondé en 1994 par Faouzi Skali, docteur en anthropologie, ethnologie et sciences des religions,  spécialiste du soufisme, la branche  qui allie islam , art et culture ("Un excès de culture n'a jamais fait de mal ; le manque de culture, si".  dit il d'ailleurs)

    Ce festival est un évènement marquant au Maroc . avec une mission universelle de paix et de rapprochement entre les peuples, il se veut un message d'ouverture, de tolérance et d'universalité. Il accueille une multitude d'artistes, qui viennent de tous les horizons et de toutes les cultures. En 2001,  l'ONU l'a distingué comme l’un des événements marquants ayant contribué, d’une façon remarquable, au dialogue des civilisations.

     

    Ce festival réunit, en moyenne 100 000 festivaliers chaque année, 40 % sont Marocains, 40 % Français et 20 % de nationalités diverses. Il alterne musique et conférences qui proposent des débuts de pistes pouvant mener à une pacification du monde, notamment méditerranéen 

    C'est que, dans un  passé lointain,  l'harmonie a régné sur ce pourtour de la Méditérrannée. Chaque communauté ,  chaque religion étaient  accueillie, acceptée et respectée et chaque culture s'enrichissait au contact des autres. C'est lors d'un  voyage en Sicile que j'ai entendu louer la culture arabo-normande et sa tolérance!

    L’interaction des cultures normande, arabe et byzantine après la conquête, par les Normands, de la Sicile à partir de 1061 jusqu’aux environ de 1250 a été exemplaire . Cette civilisation a entraîne de nombreux échanges dans les domaines culturel et scientifique. Elle était  fondée sur la tolérance. car  les premiers habitants étaient héllénophones et   les colons musulmans quand sont arrivés les Normands. Ils ont tous  fait de la Sicile un carrefour de l’interaction entre les cultures latino-chrétienne, gréco-byzantine et arabo-islamique. Comme on est loin de cette brillante civilisation maintenant!

     

    Parmi les conférenciers, j'ai relevé pêle-mêle Jacques Attali,  Regis Debray , Pierre Rabbhi, plusieurs rabbins et personnalités juives, un responsable du Vatican,  des prêtres,  des journalistes de La  Vie, de Témoignage chrétien, des responsables d'ONG, des personnalités civiles et universitaires

    Des titres de conférences, en voici: 

    -L' Homo situs doit remplacer l'Homo economicus qui "a fait faillite".(Lhomo oeconomicus est porté à tromper et à user de mille et une manières pour maximiser son utilité et son profit.)

    - Passons de l'identité meurtrière à l'identité curieuse

    -  Pour transmettre, communiquer ne suffit pas

    -  L'humilité est nécessaire aux audacieux, 

    - Les désaccords ne peuvent se résoudre que dans le respect

    - Le meilleur dialogue passe par l'entraide affective 

    - De  l'information au savoir, du savoir à la sagesse

     

    Et je terminerai par cette phrase si vraie mais volontairement oubliée et plus encore niée,  citée une une indienne de l'ONG Oxfam

    - “Puissiez-vous, Occidentaux, comprendre que les humains sont d'abord des nomades. Vous-mêmes avez migré dans le monde entier, mais aujourd'hui, vous voudriez empêcher les autres de faire pareil.”

    Pour terminer, voici le lien pour lire  la lettre du Professeur Joyeux.

  • Réflexions sur " Le consentement meurtrier " de Marc Crépon

    J’ai découvert « le consentement meurtrier » , livre de Marc Crépon , un philosophe dont je connaissais seulement le nom , en cherchant des renseignements sur ce mépris qui devient exclusion et haine de l’Autre, lointain ou proche, qui se transforme en guerre d’idées - et c’est le moindre mal- , ou réelle  partout à notre époque. 

    Lors de mes recherches je lis souvent les commentaires des articles présentés et et les discussions sur les forums. Je reste sans voix devant la violence des mots,  la méchanceté exprimée, la certitude de détenir seul la Vérité, cette Vérité qui justifie tous les excès. Le débat apaisé n’existe plus, il faut détruire l’Autre le plus violemment possible. A quoi correspond un tel défoulement? On dit qu'Internet a libéré la parole. je doute que ce soit la seule explication?

    C’est alors que j’ai découvert «  le consentement meurtrier ». L’auteur affirme que la solidarité humaine ne souffre aucune exception - toute atrocité, toute douleur, toute offense- où qu'elles soient, exigent soin et secours. Mais d’un autre côté, sans exception aussi, chacun introduit des frontières, admettant que ce qui se passe ailleurs, au loin, chez les autres, n'a pas la même gravité qu'ici, chez nous. 

    Quels sont donc ces cloisonnements qui séparent les groupes humains les uns des autres, les figent et les conduisent à l’affrontement, à l’indifférence ou au mépris. L’auteur écrit : « Il y a des idées qui finissent par tuer. La nation, la patrie, l’identité, la sécurité, sont des concepts dont les usages peuvent s’avérer extrêmement meurtriers » « L’étonnement ne cesse pas de voir que la caractérisation des peuples se perpétue, que les pratiques discriminatoires qui s’en nourrissent se multiplient, que la violence qui s’en réclame s’accroît. Cette violence continue de hanter les démocraties les plus solidement instituées. »

    Les  caractéristiques intangibles des peuples , les  idées, forcément radicales puisqu’elles sont les seules justes et vraies amènent toutes les violences.  Quant aux religions, a travers l’histoire, elles ont toujours été source de guerres et massacres.

    M Crépon aborde le sujet d’un point de vue littéraire et philosophique,  et ce n’est pas simple a lire même si on adhère a ses idées. 

     

    Par contre Anne Morelli, historienne belge résume simplement les 10 principes qui justifient  et excusent  toutes les guerres,

    1 - Nous ne voulons pas la guerre

    2 - La camp adverse est le seul responsable de la guerre

    3 - La chef du camp adverse a le visage du diable ( ou de l'affreux de service)

    4 - C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers

    5 L'ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures, c'est involontairement.

    6 - L'ennemi utilise des armes non autorisées.

    7 - Nous subissons très peu de pertes, les perte de l'ennemi sont énormes.

    8 - Les artistes et les intellectuels soutiennent notre cause.

    9 - Notre cause a un caractère sacré.

    10 - Ceux ( ou celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traitres.

     

    Il faut relire ces phrases simples et on on découvre qu’elles peuvent s’appliquer aussi bien pour le différent avec un voisin, l’exclusion d’un «  mal-pensant », la mise à mort d’un  adversaire politique et hélas, les guerres et massacres qui règnent dans tant de pays. 

     On est très fier , parait-il, de ne plus avoir de guerre ressemblant aux 2 dernières! On appelle cela la PAIX. Mais la guerre est partout, sur les forums, en politique comme jamais, entre les religions, entre les états et les conflits éclatent à tous les étages de la société, à la moindre différence, à cause du repli sur soi,  de l’intolérance et de la certitude d'avoir raison!