Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Notes de lecture - Page 35

  • Plaidoyer pour l'altruisme "Matthieu Ricard" - Réflexions ( fin)

    Plusieurs fois, Mathieu Ricard évoque notre égoïsme et parle du manque de considération dont  nous faisons preuve envers  les ceux qui peupleront la Terre après nous  Il cite deux exemples qui montrent combien des personnes influentes se moquent de ce qui arrivera aux générations futures.

     

    A propos du réchauffement climatique, le magnat américain Stéphen Forbes a écrit  « Modifier nos comportements parce que quelque chose va se produire dans 100 ans est, je dirais, profondément bizarre »

    Et le patron du syndicat de la viande new yorkais  a affirmé « Ce qui compte c’est que nous vendions notre viande, ce qui se passera dans 50 ans n’est pas notre affaire »

    « Accorder de la valeur à celui qui viendra après nous et être concerné par son devenir »,dit M Ricard, … puisque nous en  sommes responsables,  semblerait normal et humain

    Pourtant, c’est de plus en plus souvent qu’on raille, dénigre, salit les chercheurs qui montrent que notre monde est en danger et qu’on devrait changer de cap lorsque c’est encore possible.

    M . Ricard juge que:

    « L’égoïsme est au cœur de la plupart des problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui : l’écart croissant entre les riches et les pauvres, l’attitude du chacun pour soi, et l ‘indifférence à l’égard des générations à venir. »

     

    «  Indifférence à l’égard des générations à venir! » cela m’évoque toujours la phrase d’un ami de plus de 90 ans, pensionnaire d’une Maison de Retraite il y a une vingtaine d’années et qui s’intéressait toujours à l’évolution du monde.  Un jour , à table, ses voisins ont ri en disant «  Mais qu’est ce que çà peut vous faire, il y a longtemps que vous ne serez plus là » La réponse a fusé, paraît-il, cinglante «  Dans 50, 100 ans, des gens s’appelleront encore X…. ce seront mes descendants et je n’ai pas le droit de me désintéresser du monde que je leur laisse ». il était encore vibrant d’indignation quand il me l’a raconté et furieux contre ses voisins de table. 

    Pourtant refuser de penser à l’avenir semble la norme actuellement!  On met des enfants au monde, on adore ses petits enfants et on ne veut pas penser que la vie leur sera difficile, à cause de notre comportement actuel .

     

    Dans cet Eloge de l’altruisme, j’ai beaucoup aimé une citation d’André Comte Sponville:

    « Nous n’avons besoin de morale que faute d’amour »

    Morale, amour, encore un souvenir,  la réflexion d’un instituteur du temps passé qui affirmait : «  En leçon de morale, je suis mal à l’aise quand je dois  parler  des devoirs envers les parents. Je n’aime pas ce mot devoir. Avec les parents, on agit selon son coeur, par amour, pas par devoir , ce sont  sont nos parents et on les aime. ». C’était surement un idéaliste!

     Quand la vie vous désenchante et vous déçoit , se replonger dans un livre apprécié est une bonne thérapie!   

     

  • Plaidoyer pour l'altruisme "Matthieu Ricard" - Réflexions

    Lorsque l’actualité déverse, à mon goût,  un peu trop de mauvaises nouvelles  dues toujours au refus de la différence, à la haine de l’Autre, à la certitude pour chacun de détenir la Vérité, avec contestations et manifestations chez nous, conflits et massacres à tous les bouts de la planète, j’ouvre un de mes  livres refuges  parmi ceux que que j’ai rangés à part sur une étagère, à portée de mains. C’est ainsi que l’autre soir, je me suis replongée dans «  Plaidoyer pour l’altruisme » de Matthieu Ricard, moine bouddhiste bien connu, proche du Dalaï-lama, mais aussi chercheur en génétique cellulaire et neurosciences . En voici quelques extraits:

     

    Pour la sagesse bouddhiste, Matthieu Ricard écrit:

    - la priorité est de devenir de meilleurs êtres humains en transformant sa manière d’être et de penser. Les préoccupations ordinaires du bien et de la perte, du plaisir et du déplaisir, de la louange et de la critique, de la renommée et de l’anonymat,  sont considérés comme puériles et sources de déboires. 

    - par-dessus tout l’amour altruiste et la compassion constituent les vertus  de toute vie humaine.

    - si la compassion sans sagesse  est aveugle, la compassion sans action est hypocrite.

     

    A propos de la société occidentale, il dit:

    - force m’est de convenir que les sages ne sont plus des modèles mais qu’on leur a substitué des gens célèbres riches ou puissants. L’importance démesurée accordée à la consommation et au gout du superflu ainsi que le règne de l’argent me font penser que beaucoup de nos contemporains ont oublié le but de l’existence, atteindre un sentiment de plénitude, car ils sont séduits par le miroir aux alouettes de la richesse, du pouvoir et de la célébrité.

    - pour nombre d’entre nous, la notion de « simplicité » évoque une privation, un rétrécissement de nos possibilités et un appauvrissement de l’existence. Pourtant, l’expérience montre qu ‘une simplicité volontaire n’implique nullement une diminution du bien-être mais apporte au moins une meilleure qualité de vie.

    - des  études américaines, faites sur une vingtaine d’années ont démontré que les individus qui concentraient leur existence sur la richesse, l’image, le statut social, et autres valeurs matérialistes promues par la société de consommation, sont moins satisfaits de leur existence. Ce consumérisme immodéré est étroitement liés à un égocentrisme excessif.

    Pour le bouddhiste, amour, altruisme, compassion, empathie sont essentiels. Chez nous, ce sont  de bien beaux mots, mais qui  sont trop souvent ignorés.

     

    Et Mathieu Ricard constate un phénomène étrange. Les sondages de popularité mettent toujours aux premières places des gens comme Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, mère Teresa  ou l’Abbé Pierre . Bizarre!

     Un autre sondage  complète le premier,  en proposant 2 noms : le Dalaï-lama et Tom Cruise. Les questions  étaient « qui admirez vous le plus? » et « qui souhaiteriez vous être? ».  80% des sondés admiraient le Dalaï-lama mais 70% souhaitaient être Tom Cruise. … Admirer oui, mais pratiquer l’altruisme non!

    Célèbre et riche, voilà ce qu’on souhaiterait être. Complexité de l’âme humaine!

  • Le triomphe de Thomas Piketti peut-il faire évoluer le monde?

    C’est avec stupéfaction que j’ai découvert l’accueil fait par l’Amérique à Thomas Piketti, économiste français et  la réaction des  personnes importantes des États-Unis  et d’ailleurs à la publication de son livre «  Le capital au XXIème siècle ». 

    Lorsque  ce gros pavé de 900 pages avait paru en septembre 2013, j’en avais téléchargé un extrait pour voir à quoi ressemblait cette analyse des dérives du capitalisme. Thomas Piketty avait  affirmé faire œuvre d’historien et écrit ce livre, après  15 ans de recherches comparatives pour comprendre vraiment ce qui avait dérapé. J’avais lu que, pour « la première fois en 2012, les 10 % les plus riches se sont arrogé plus de 50 % des revenus distribués aux Etats-Unis … Jusqu’où cela va-t-il aller ? Jusqu’à 60 % ou 70 % ? ». et aussi « Les inégalités de richesse pourraient dépasser celles du XIX siècle  ».…« Sous un régime capitaliste, les riches deviennent encore plus riches par rapport à tous les autres et les inégalités sont  de plus en plus grandes »…. « Tout cela est inexorable.C’est une perversion des marchés »

     

    Même son de cloche venant de Joseph E Stiglitz qui ne mâche pas ses mots dans un interview de janvier 2014;

    « Aux Etats-Unis, le revenu médian baisse continuellement ; celui des salariés est inférieur à ce qu’il était il y a quarante ans. En Europe, plus de la moitié des jeunes Espagnols et des jeunes Grecs sont au chômage. Le FMI prévoit pour l’Espagne un taux de chômage supérieur à 25 % dans les années à venir. Globalement, l’économie de marché ne fonctionne pas. Des ressources restent inutilisées, tandis que des besoins restent insatisfaits. D’importants segments de nos sociétés n’en retirent aucun bénéfice. Il ne faut pas s’attendre à des progrès significatifs en 2014 ou dans l’avenir prévisible. Tant au niveau national qu’international, les systèmes politiques paraissent incapables d’entreprendre les réformes nécessaires à un avenir meilleur »

     

    Ce n’est pas un quelconque «  front de gauche ou écolo » qui affirme cela mais un prix Nobel d’économie et professeur à l’université Columbia, à New York. Et ce n’est que la suite des mises en garde formulées  dans ses livres depuis 2003. Joseph E Stiglitz, dont le dernier livre est  « le prix de l’inégalité »…. a enchainé   « Le triomphe de la cupidité », «  Quand le capitalisme perd la tête », «  Changer d’économie ». Bref depuis « la grande désillusion » où il a écrit  " Aujourd'hui, la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l'environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l'économie mondiale. " il essaie dans chaque livre mais sans succès de faire comprendre les dangers de cet ultralibéralisme. « La grande désillusion », c’était en  2003, il venait de quitter FMI et Banque Mondiale et avait très simplement prédit notre avenir fait de crises, de dettes et de régressions.

    Jusqu’à présent Stiglitz, Piketti, les Ecomistes Attérés et tant d’autres prêchaient dans le  désert! Quand les a-t-on entendu dans nos médias et qui les connait chez nous?

     

    Or le livre de Piketti est premier des ventes sur Amazon, on le reçoit à la Maison Blanche, il donne des conférences dont on fait des compte-rendus élogieux  : « Piketti a transformé notre discours économique. …Nous ne parlerons plus jamais de richesse et d'inégalité de la même manière … le  livre le plus important de l'année, et peut-être de la décennie !».  Même célèbre financier Waren Buffett a souligné « le bien-fondé de la thèse de cet ouvrage, reconnaissant qu'en dépit de la richesse créée par le système capitaliste, les inégalités augmentaient de façon inquiétante ».

    Et pour le journal  The Economist "la qualité des critiques qu'il a attirées donne la mesure de la force de ses arguments »

     

    En France, le silence…  mais j’ai trouvé un billet dans la presse où Piketti est accusé  « de faire du marxisme de sous préfecture »

     

    Pourtant un changement s’amorce: les étudiants en économie de 19 pays viennent de publier un manifeste pour réclamer davantage de pluralisme et dire non à la pensée unique : "Nous ne sommes pas contre la pensée néoclassique, mais contre son omniprésence. Le monde réel doit réinvestir les salles de classe et les cours aborder les questions sociétales, alimentaires ou environnementales".

    Qu’adviendra-t-il de cette démarche? en 2000, un manifeste contre «  l’autisme » idéologique avait déjà été rédigé par des étudiants en économie…. sans aucune suite.

    Il est difficile de faire évoluer, notre monde, un monde fait par les riches… pour les riches.