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Réflexions - Page 133

  • Cancers en Chine

    J'avais lu qu'en Chine, en 30 ans, le taux de mortalité par cancer avait  augmenté de 80 % en moyenne,   130% en ville, et que, désormais c'était  la première cause de mortalité, responsable de 25% du nombre de morts total dans les villes, et de 21% dans les campagnes.

     

    J'ai voulu en savoir davantage Et c'est un article de Janet Karsen directeur de Recherches à l'Earth Policy Institute qui m'a fait comprendre le problème.


    La Chine, comme de nombreux pays qui s’industrialisent, voit les fléaux habituels de la pauvreté (maladies infectieuses et mortalité infantile élevée)  céder la place à des maladies plus souvent associées à la richesse, comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer.


    En ville il y a la pollution et le tabac. La pollution!  l'utilisation massive du charbon et l'essor de l'automobile rendent les villes irrespirables. L'OMS a calculé que cette pollution coutait la vie a 300 000 personnes par an. Quant au tabac, la Chine est le plus grand producteur et consommateur de tabac, avec 350 millions de fumeurs et plus de 500 millions de victimes du tabagisme passif, ce qui fait bien l'affaire  de l'état et de l'industrie du tabac donc à quoi bon faire de la prévention!

    A la campagne, on a installé la plupart des industries polluantes. A l'abri des regards, elles polluent les cours d'eau et empoisonnent l'air et la terre. Trois lacs et réservoirs sur quatre sont trop polluées pour boire sans danger, même après traitement.

     

    Les cancers du foie, du poumon et de l’estomac comptent chacun pour près de 20 pour cent de la mortalité par cancer. Le taux de mortalité est maintenant plus élevé que le taux de natalité, et il augmente rapidement. Ce n’est pas lié au vieillissement de la population. Les enfants sont touchés par des cancers dès leur naissance et le taux de malformations congénitales est le plus élevé du monde : plus de 8,4 pour cent. Parmi le million environ de bébés touchés nés chaque année en Chine, de 20 à 30 pour cent peuvent être traités, mais 40 pour cent auront une incapacité permanente. Les autres meurent peu après la naissance.

     

    Pour un pays avec des familles à enfant unique, il n’est pas étonnant de voir plus fréquemment des “incidents de masse” (terme du gouvernement pour désigner les manifestations) provoqués par les retombées sanitaires de la pollution.

     

    Mais une part de responsabilité provient aussi de l’extérieur des frontières du pays. Les déchets d'autres pays,  chargés sur des navires porte-conteneurs traversent les océans et livrent directement en  Chine, qui devient la poubelle du monde!. 

    Plus insidieusement encore , les consommateurs occidentaux participent à cette pollution en consommant des composants et produits artificiellement bon marché, "made in China”. 

    On commence à fermer les usines trop polluantes mais la pollution, elle, est bien tenace. C’est un mal invisible qui empoisonnera les sols  encore pendant des siècles.


    Doit-on admirer la Chine et son développement fulgurant? C'est de là-bas que viennent  aussi les scandales  de la nourriture Lait cancérigène, huile de caniveau recyclée, melons d’eau qui explosent, viande au clenbuterol, riz au cadmium, raviolis aux pesticides, porc aux anabolisants, chou au formol… La liste est si longue qu’on en oublie ! En 2011, les autorités chinoises ont dénombré 62 000 cas de production ou de vente d’aliments insalubres. 15% des consommateurs en Chine seraient victimes chaque année d’intoxications alimentaires.

    Pourtant la Chine promet une stricte application de la peine de mort pour les coupables des plus graves infractions à la sécurité alimentaire. Rien n'y fait et le premier ministre Wen Jiabao lui-même a reconnu que ces scandales alimentaires étaient le symptôme d’un « déclin moral » et d’une « perte d’intégrité ». C’est la course au profit rapide qui prime, sans aucun scrupule.

     

    Pauvre Chine dont on admirait la sagesse et la philosophie souriante de la vie et et qui a été contaminée en s'occidentalisant!

     

  • Les Babayagas

    Je connaissais le projet des Babayagas depuis plusieurs années, je les avais félicité par mail pour leur art de bien vieillir qui est un écho à ce que je m’efforce de réaliser et j’avais reçu une réponse fort sympathique.

    C’est pourquoi, au lendemain du premier tour, lorsqu'un article d’un journaliste de Marianne 2 m’a appris qu’il avait passé la soirée d’élections avec 2 de ces femmes, j’ai eu envie de leur consacrer une note. L’intelligence, la réflexion , la joie de vivre était du côté de ces "citoyennes", non des commentateurs de toutes radios et télés confondues.

    Sur leur site, Thérèse Clerc, la fondatrice  a écrit :

    Aux armes citoyennes !

    Celles de vivre en termes de service

    et non de pouvoir,

    d'être pleinement ce que l'on peut être,

    de créer de la vie partout et toujours,

    de remettre en question la pulsion de mort

    si chère à nos sociétés patriarcales,

    de changer la civilisation du mépris

    en civilisation du regard.

    Armes de paix, graines du futur.

             Babayagas, c'est sous ce nom, qui signifie « sorcière » en russe, qu'est né leur projet, réunir sous un même toit des femmes pour "vivre et vieillir en solidarité et citoyenneté", dans une maison créée pour répondre aux besoins de ses habitantes.

    Edifiée à Montreuil, elle doit être terminée en 2012, et abritera une vingtaine de femmes  Elle sera autogérée, solidaire, citoyenne,  écologique !

    Les babayagas  estiment que «seuls 7% des plus de 60 ans sont en perte d'autonomie, et à peine 15% des plus de 80 ans" et elles aimeraient "offrir une autre image de vieux, ni infantiles ni malades, ni branlants ni cacochymes".

    C’est vrai qu’en France les vieux sont infantilisés, rejetés, niés, occultés. Vouloir rester dans la vie active et y participer est incongru ! Et lorsque un ennui de santé vous fait entrer dans le monde médical, tous, y compris les proches se liguent pour vous imposer la maison de retraite ! Or elles se refusent à aller y  terminer leurs jours à l'état de tubes digestifs

    « Notre pari,  dit Thérèse, c'est que rester intelligents va nous laisser en bonne santé ». Et  elles veulent  faire de leur maison un lieu de fête et d’intelligence, car disent-elles«  on en a marre de la belote et des boîtes de chocolat ! »

    Leur projet est surement utopique mais bien réconfortant!

    Hélas, dans ma génération, ces femmes sont une exception si j’en juge par ceux qui m’entourent , qui ont mon âge et qui ne vivent que de replis sur eux-mêmes, de mépris pour l’Autre... l'Autre, jeune, pauvre, étranger, assisté, mais inéluctablement source de tous les maux du monde, qui haïssent la Différence et ne savent qu’avoir peur …. de tout et de tous !  

     

  • Roumanie vagabonde " Maryvonne Robineau"

    Je suis en train de lire " Roumanie Vagabonde", récit d'un couple d'Angevins qui a  découvert les Maramures, petit coin de Roumanie à pied avec 2 très jeunes enfants et 2 ânes.

    J'ai moi-même parcouru les Maramures,  en 2010, en camping car, et j'ai été séduite par ce coin de terre qui invite à un voyage dans le temps et l'ailleurs. La vie s'écoule encore avec quiétude,  au pas tranquille des hommes et des chevaux,  déroulant au fil des saisons ses rites et ses mythes . Mais le changement est à l'oeuvre et Maryvonne Robineau  écrit:


    "Triste uniformisation des vêtements et des modes de vie qui fait disparaître sous toutes les latitudes l'extraordinaire richesse de la diversité des cultures locales. Quand les métiers à tisser sont abandonnés, on oublie le sens de motifs qui inscrivaient au creux des fibres, on oublie les racines et l'appartenance à une culture…. On troque les vieux costumes, signes d'identification, pour endosser un banal uniforme sans âme aucune mais symbole d'un mode de vie qui fait rêver et qu'on voudrait bien adopter.

    Par la télévision, le rouleau compresseur de la publicité apporte à domicile les valeurs et les images de la société occidentale qui se veut universelle et de ce fait cherche à uniformiser la planète entière en bousculant et détruisant tout ce qui existait auparavant….

     Les gens d'ici sont avides de ce qu'ils n'ont pas et que nous, Occidentaux possédons. 

     

    Se barricader dans le passé pour s'opposer à la modernité serait une défense bien illusoire . Les techniques et les sciences sont là, avec leurs acquis positifs et il ne s'agit pas de les nier mais plutôt de les relativiser  et de les réconcilier avec l'homme.

    Existe-t-il une autre voie entre une tradition figée et le modernisme à tous crins? Comment intégrer les bienfait du progrès sans renier son âme?

    C'est un chemin à inventer…. un chemin difficile car les gens d'ici sont confrontés à la vague déferlante de la modernité: productivité à tous crins, élimination des agriculteurs, chômage, transfert des populations vers les villes, frustrations d'un rêve de consommation impossible, pollutions diverses.

     

    " On nous fait croire que le bonheur, c'est d'avoir, on nous inflige des désirs qui nous affligent" chante Alain Souchon… C'est le règne de la quantité au détriment de la qualité. On nous inonde de superflu nous faisant croire que le "toujours plus" va construire un éden planétaire

    La publicité, formidable machine à décerveler réussit fort biens dans sa vocation à contrôler notre imaginaire, à nous prouver que la joie d'exister vient par le pouvoir d'achat!. Une seule alternative à ce lavage de cerveau: la résistance dans nos gestes quotidiens! N'oublions pas qu'une dictature de ce genre ne se maintient que par le consentement exprimé ou tacite des citoyens"

     

    Je voudrais avoir écrit ce texte car il reflète les pensées qui ne m'ont pas quittée pendant ce voyage. Il serait dommage de perdre cette richesse et cette qualité de vie! En Afrique en Asie, en Amérique latine, les guides, les amis, les gens "réfléchis",  tous ont dit que notre civilisation détruisait tout! Mais la majorité ne pense qu'à nous ressembler.

    Les gens des Maramures, comme ailleurs , ou fuiront leur pays ou abandonneront leur civilisation pour devenir prisonniers de notre mode de développement mais ce sera pour le pire plutôt que pour le meilleur, sans aucun doute!