Je connaissais le projet des Babayagas depuis plusieurs années, je les avais félicité par mail pour leur art de bien vieillir qui est un écho à ce que je m’efforce de réaliser et j’avais reçu une réponse fort sympathique.
C’est pourquoi, au lendemain du premier tour, lorsqu'un article d’un journaliste de Marianne 2 m’a appris qu’il avait passé la soirée d’élections avec 2 de ces femmes, j’ai eu envie de leur consacrer une note. L’intelligence, la réflexion , la joie de vivre était du côté de ces "citoyennes", non des commentateurs de toutes radios et télés confondues.
Sur leur site, Thérèse Clerc, la fondatrice a écrit :
Aux armes citoyennes !
Celles de vivre en termes de service
et non de pouvoir,
d'être pleinement ce que l'on peut être,
de créer de la vie partout et toujours,
de remettre en question la pulsion de mort
si chère à nos sociétés patriarcales,
de changer la civilisation du mépris
en civilisation du regard.
Armes de paix, graines du futur.
Babayagas, c'est sous ce nom, qui signifie « sorcière » en russe, qu'est né leur projet, réunir sous un même toit des femmes pour "vivre et vieillir en solidarité et citoyenneté", dans une maison créée pour répondre aux besoins de ses habitantes.
Edifiée à Montreuil, elle doit être terminée en 2012, et abritera une vingtaine de femmes Elle sera autogérée, solidaire, citoyenne, écologique !
Les babayagas estiment que «seuls 7% des plus de 60 ans sont en perte d'autonomie, et à peine 15% des plus de 80 ans" et elles aimeraient "offrir une autre image de vieux, ni infantiles ni malades, ni branlants ni cacochymes".
C’est vrai qu’en France les vieux sont infantilisés, rejetés, niés, occultés. Vouloir rester dans la vie active et y participer est incongru ! Et lorsque un ennui de santé vous fait entrer dans le monde médical, tous, y compris les proches se liguent pour vous imposer la maison de retraite ! Or elles se refusent à aller y terminer leurs jours à l'état de tubes digestifs
« Notre pari, dit Thérèse, c'est que rester intelligents va nous laisser en bonne santé ». …Et elles veulent faire de leur maison un lieu de fête et d’intelligence, car disent-elles« on en a marre de la belote et des boîtes de chocolat ! »
Leur projet est surement utopique mais bien réconfortant!
Hélas, dans ma génération, ces femmes sont une exception si j’en juge par ceux qui m’entourent , qui ont mon âge et qui ne vivent que de replis sur eux-mêmes, de mépris pour l’Autre... l'Autre, jeune, pauvre, étranger, assisté, mais inéluctablement source de tous les maux du monde, qui haïssent la Différence et ne savent qu’avoir peur …. de tout et de tous !