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Notes de lecture - Page 47

  • Encore et toujours l'environnement

    J'ai déjà parlé du livre de Rachel Carson, Printemps Silencieux , dans une note du 26/06/2011. Ecrit en 1962, je l'ai découvert en 1969 et il a modifié mon jugement sur l'agriculture industrielle qui prenait la place de celle que je connaissais par mes racines paysannes : c'était  le Progrès!

    A grand renfort d'exemples, Rachel Carson illustrait les dégâts dont l'homme se rend coupable, en recourant de manière abusive et déraisonnable aux pesticides en tout genre. Herbicides et insecticides sont passés au crible. Nature polluée, flore et faune intoxiquées - l'homme n'est pas épargné - constituent autant de bombes à retardement. 
     Biologiste et océanographe, Rachel Carson a changé radicalement l'approche de la relation entre l'homme, son environnement et les espèces végétales et animales qui l'entourent. Replaçant l'espèce humaine au même niveau que tous les êtres vivants, elle démontre que l'homme subi les mêmes ravages que l'environnement.

    J'ai retrouvé ces jours ci, avec une émotion intacte, le livre qui m'avait tant frappée et dont voici la conclusion" Vouloir "corriger la nature" est une arrogante prétention, née d'une insuffisance d'une biologie et d'une philosophie qui en sont encore à l'âge de Neandertal où on pouvait croire la Nature destinée à satisfaire le bon vouloir de l'Homme! Le malheur est qu'une aussi primitive pensée dispose actuellement des moyens d'action les plus puissants et qu'en orientant ses armes vers les insectes, elle les pointe aussi vers le monde."

    Après 43 ans, je ne trouve pas qu'un mot ait lieu d'être changé dans ces deux phrases. Evidemment l'écologie est née après ce livre, il y a eu une prise de conscience et des avancées mais pour l'essentiel tout est pareil. 

    Une info de WWF France de jullet 2012 nous apprend que 96% des eaux de surface sont polluées par les pesticides en France et la moitié des oiseaux agricoles d’Europe ont disparu depuis 1980...

    Un rapport de UIPP(Union des Industries de la Protection des Plantes) dresse, en juin 2012, le bilan du marché des pesticides (appelés abusivement produits phytosanitaires) en France. Un business florissant!

    La France est la première puissance agricole européenne mais c'est également la première exportatrice de pesticides au monde, la troisième utilisatrice au monde et la première en Europe…De 2010 à 2011, les ventes d'herbicides ont grimpé de 17 % et les ventes d'insecticides de 11 %. En valeur la progression atteint + 5% pour un chiffre d'affaires approchant 1,9 milliard d'euros.

    Alors "pesticides et mortalité des abeilles", "pesticides et perturbateurs endocriniens", "pesticides et cancers" on veut bien en parler, faire un petit geste,  mais pas question d'aller plus loin! 

    Bref, voici la conclusion de l'IUPP, "Nous avons le sentiment amer qu'il  faut laisser perdurer une agriculture imbécile et facile, dévastatrice pour notre support de vie, pour la biodiversité, pour les agriculteurs et les consommateurs en s'appuyant sur l'inertie du système législatif européen et en entretenant le flou sur les résultats des études sanitaires et environnementales. Un procédé qui n'est pas sans rappeler le cynisme de l'industrie du tabac"

    Dernière info découverte hier: Les autres pays européens rattrapent la France dans l'utilisation des pesticides…. excellente nouvelle…. pour l'industrie phytosanitaire!

  • Roumanie vagabonde " Maryvonne Robineau"

    Je suis en train de lire " Roumanie Vagabonde", récit d'un couple d'Angevins qui a  découvert les Maramures, petit coin de Roumanie à pied avec 2 très jeunes enfants et 2 ânes.

    J'ai moi-même parcouru les Maramures,  en 2010, en camping car, et j'ai été séduite par ce coin de terre qui invite à un voyage dans le temps et l'ailleurs. La vie s'écoule encore avec quiétude,  au pas tranquille des hommes et des chevaux,  déroulant au fil des saisons ses rites et ses mythes . Mais le changement est à l'oeuvre et Maryvonne Robineau  écrit:


    "Triste uniformisation des vêtements et des modes de vie qui fait disparaître sous toutes les latitudes l'extraordinaire richesse de la diversité des cultures locales. Quand les métiers à tisser sont abandonnés, on oublie le sens de motifs qui inscrivaient au creux des fibres, on oublie les racines et l'appartenance à une culture…. On troque les vieux costumes, signes d'identification, pour endosser un banal uniforme sans âme aucune mais symbole d'un mode de vie qui fait rêver et qu'on voudrait bien adopter.

    Par la télévision, le rouleau compresseur de la publicité apporte à domicile les valeurs et les images de la société occidentale qui se veut universelle et de ce fait cherche à uniformiser la planète entière en bousculant et détruisant tout ce qui existait auparavant….

     Les gens d'ici sont avides de ce qu'ils n'ont pas et que nous, Occidentaux possédons. 

     

    Se barricader dans le passé pour s'opposer à la modernité serait une défense bien illusoire . Les techniques et les sciences sont là, avec leurs acquis positifs et il ne s'agit pas de les nier mais plutôt de les relativiser  et de les réconcilier avec l'homme.

    Existe-t-il une autre voie entre une tradition figée et le modernisme à tous crins? Comment intégrer les bienfait du progrès sans renier son âme?

    C'est un chemin à inventer…. un chemin difficile car les gens d'ici sont confrontés à la vague déferlante de la modernité: productivité à tous crins, élimination des agriculteurs, chômage, transfert des populations vers les villes, frustrations d'un rêve de consommation impossible, pollutions diverses.

     

    " On nous fait croire que le bonheur, c'est d'avoir, on nous inflige des désirs qui nous affligent" chante Alain Souchon… C'est le règne de la quantité au détriment de la qualité. On nous inonde de superflu nous faisant croire que le "toujours plus" va construire un éden planétaire

    La publicité, formidable machine à décerveler réussit fort biens dans sa vocation à contrôler notre imaginaire, à nous prouver que la joie d'exister vient par le pouvoir d'achat!. Une seule alternative à ce lavage de cerveau: la résistance dans nos gestes quotidiens! N'oublions pas qu'une dictature de ce genre ne se maintient que par le consentement exprimé ou tacite des citoyens"

     

    Je voudrais avoir écrit ce texte car il reflète les pensées qui ne m'ont pas quittée pendant ce voyage. Il serait dommage de perdre cette richesse et cette qualité de vie! En Afrique en Asie, en Amérique latine, les guides, les amis, les gens "réfléchis",  tous ont dit que notre civilisation détruisait tout! Mais la majorité ne pense qu'à nous ressembler.

    Les gens des Maramures, comme ailleurs , ou fuiront leur pays ou abandonneront leur civilisation pour devenir prisonniers de notre mode de développement mais ce sera pour le pire plutôt que pour le meilleur, sans aucun doute!

     
  • Epoque de culture ou d'inculture?

    Cette note s'est imposée à moi quand j'ai trouvé  sur de nombreux sites, des réflexions  au sujet de la Culture.


    Les Français n'ont jamais été égaux devant la culture, mais les inégalités culturelles se sont accentuées : riches et pauvres, diplômés et non-diplômés, ouvriers et cadres, se croisent rarement dans les édifices culturels. Question d’argent, surtout car cinémas, expos, musées sont  devenus très chers.

    Beaucoup plus,  sans doute, qu'au temps de ma jeunesse, juste après la guerre,  car  nous allions souvent au cinéma et au théâtre alors que l'argent de poche n'existait pas et que la plupart de nos parents étaient très humbles, voire pauvres!


    La télévision, qui permet de rester chez soi s’est donc imposée comme principal moyen d’accès à la culture. 36 % des employés et des ouvriers y consacrent plus de trente heures par semaine, contre 3 % des cadres seulement. Mais on peut dire " Dis-moi quelle série tu regardes, je te dirai à quel milieu social tu appartiens." et  s'agit-il alors de culture?

     

     Les expos, les musées ? Ils attirent essentiellement un public sélect et… des touristes,  65 % des ouvriers et 50 % des employés n’y mettent pas les pieds. sauf quelques cas soigneusement orchestrés, comme l'exposition Manet, par exemple!

     

    Recul de la lecture aussi, même dans les foyers aisés . En 1973, 64 % des cadres supérieurs lisaient plus de 20 livres par an. En 2008,  ils ne sont plus que 33 %.  Mais les statistiques indiquent que les classes supérieures sortent " pour se montrer". Il faut aller  à l’Opéra, au théatre, comme on va à Roland-Garros. Le haut de l’échelle sociale a une prédilection pour la culture " qui se voit ". Ce qui explique sa désaffection pour la lecture, pratique fort peu ostentatoire, il est vrai. 

    Pendant cette même période, le nombre de Français qui ne lisent pas un seul livre dans l'année est passé de 32% à 45%.


     " Le Magazine Litteraire" a publié un très long article de Danièle Sallenave, membre de l'Académie Française, dans lequel elle pousse  un cri d'alarme : " Il faut sauver la lecture". Elle explique: "L’utilitarisme, la conception actuelle de la politique, le règne outrancier de l’argent, nos idéologies entièrement gouvernés par le plaisir de consommer et le désir de jouissance immédiate, cela cadre mal avec la lecture"

    Pourtant, Victor Hugo a écrit:

     «Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout».

     Et elle raconte ses expériences, menées dans quartiers populaires

    "J’ai vu de jeunes adolescents issus de quartiers très populaires réciter "Le dormeur du val" avec gourmandise, en se délectant de chaque vers. J’ai eu aussi l’occasion de constater que plus on met les enfants tôt en contact avec les grands textes, plus ils découvrent rapidement le plaisir de lire. L’école devrait donner un accès à la haute culture aux élèves qui arrivent avec un bagage moins fourni que les autres." 

     

    Mais pense -t-on, en haut lieu, qu'on a encore besoin de culture? signe des temps, on parle de supprimer les épreuves de culture générale pour entrer à Sciences Po alors que dans les années 60, on les a imposées dans le concours d'entrée aux Arts et Métiers car , avait-on dit, "on ne pouvait continuer à avoir des ingénieurs ignares" ( mon beau-père professeur dans cette école à cette époque approuvait cette initiative)

     

    Autre information: le genre de culture imposée pour  demain, ce sera sans doute le "Napoléoland" dont on parle beaucoup:  découvrir sous une large cloche de verre la terrible défaite de la Bérézina, en slalomant à ski entre les corps gelés des soldats et des chevaux, plonger dans un immense aquarium pour connaître les dessous de la bataille de Trafalgar ? On ne sait encore?  Mais le prochain grand parc d'attractions français,  fait pour créer de l'emploi  et rivaliser avec des sites comme le Futuroscope et  le Puy-du-Fou, sera de forme ludique pour combiner "tourisme, culture et loisirs"

    On se demande s'il fallait  bien inclure le mot " Culture"?