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Notes de lecture - Page 44

  • Isabelle Rome, un autre regard sur la délinquance.

    Isabelle Rome ! Mes longues flâneries dans la Méditathèque accueillante de ma commune me permettent de bien agréables découvertes. Hier, j'ai rapporté le livre d'Isabelle Rome " Vous êtes naïve, madame le Juge!"  et je l'ai dévoré.

    Cette inconnue pour moi, a été la plus jeune juge de France, à 23 ans. Elle pose la question du sens que la société veut donner à la sanction, à travers des cas concrets. Elle s'implique pour "aider tous ces cabossés de l'existence".  et se demande pourquoi "il y a tant tant d'illettrés parmi les condamnés, tant de difficultés dans leur développement affectif et mental, tant de souffrance dans leur enfance".

    Elle considère le juge comme un artisan de la paix pour qui la loi est un outil qui aide à vivre ensemble, pas une machine de guerre, une machine à exclure , pas un produit d'accroche-électorale.


    Et c'est au vécu de l'enfance,  à l'exclusion, à la non reconnaissance qu'elle attribue le mal être de la société…. ce que mes 30 années de "maîtresse d'école" , de vie avec mes petits bouts de choux de CP m' a appris. Tout se joue dès l'enfance et rien n'est plus vrai que la phrase tant de fois répétée par une de mes grands mères  ( pas une psychologue reconnue mais une paysanne  vendéenne, pauvre de surcroit) … " On ne guérit jamais de son enfance"

     Isabelle  Rome écrit:" Toute tentative de prévenir la délinquance est vaine si l'état ne mène pas une solide politique d'éducation, dans le souci d'assurer une égalité du savoir à tous les enfants, quel que soit leur milieu social et culturel, quel que soit le territoire dans lequel ils vivent."

    Une de mes amies, qui a consacré sa vie à l'adolescence en difficulté affirme que "les enfants sont les produits de la société qui les formate pour le meilleur et le pire" et que "la société a les jeunes qu'elle mérite!"

     

    J'ai beaucoup apprécié ce livre et ne peux m'empêcher de citer des passages du " poème",  hymne aux sans papiers", placé dans les dernières pages.

    "Je les vois tous les jours.

    Harassés, tremblants et apeurés…

    Arrêtés dans les gares, sur des chantiers, dans des cuisines de restaurant…. ou simplement pour ne pas avoir attaché leur ceinture de sécurité à l'arrière d'une voiture. 

    Sans identité certaine bien souvent.

    Sans repères dans ce pays dont ils avaient rêvé.

    Ils sont là, parfois depuis des années, sans avoir volé ni escroqué qui que ce soit.

    Chacun avec une histoire que jamais, pourtant, comme  juge des libertés, je ne connaitrais.

    Pas l'objet de la procédure.

    Pas le lieu.

    Pas le temps.

    Mais toujours la guerre, l'extrême pauvreté, l'oppression ou la répression répétées comme des temps obligés de leur parcours.

    D'avides et cruels passeurs comme maîtres incontournables.

    Une terre qu'ils ont du quitter, le coeur en peine, pour tenter seulement de survivre ailleurs.

    Des parents, frères soeurs ou enfants, qu'ils ont du pleurer, tués par la misère ou la mitraille, noyés peut-être dans la traversée des les de tous les dangers .

    Et le rejet.

    Rejet de toutes les demandes - de séjour, de régularisation, d'asile- , de tous les recours.

    Rejet de tous les possibles.

    Rejet de tout espoir d'une vie meilleure.

    `Quelques minutes d'audience avant que je décide ou non de les maintenir dans un centre de rétention.

    Ils sont là, devant moi, hommes et femmes au regard hagard.

    Prisonnier d'un sale destin.

    Empêtrés aujourd'hui dans une procédure complexe qui les dépasse…

    Des sans papiers.

    Une cohorte d'individus amputés de leur identité, de leur histoire.

    Ils ne sont que des "sans"…

    Ils sont vingt et cent.


    Ils ne seront jamais plus pour moi des "sans".

    Je ne pourrais oublier leur visage.

    Leur dignité dans la souffrance."

     

    Un bien beau livre,  Madame le Juge,votre analyse de la société me console des jugements sans appel des tant et tant de nos concitoyens qui ne savent que haïr et condamner l'Autre, le Différent!

     
  • Lectures du matin!

    Tôt levée dans notre gite, je feuillette les livres abandonnés le soir par les différents membres de la famille dans la salle commune. C'est réconfortant de constater que 3 générations sont passionnées par les mêmes problèmes. Je trouve ce matin 2 livres de Frédéric Lenoir. Je connais ce philosphe dont j'aime le parcours. Alors j' ouvre  le premier et lit:


    " Nous sommes aujourd'hui plongés dans une crise économique d'une ampleur rare qui devrait remettre en cause notre modèle de développement fondé sur une croissance permanente de la production et de la communication…

    Le mot crise en grec signifie "décision", "jugement" et renvoie à l'idée d'un moment charnière ou "çà doit se décider"…. La sortie durable de la crise dépendra certainement d'une vraie détermination à changer les règles du jeu financier et nos habitudes de consommation. Mais çà ne sera pas suffisant. Ce sont nos modes de vie, fondés sur la croissance constante de la consommation qu'il faudra modifier…

    Depuis les années 60, nous vivons dans une civilisation qui fait de la consommation le moteur du progrès. Le progrès, c'est posséder plus. Omniprésente dans nos vies, la publicité ne fait que décliner cette croyance sous toutes ses formes… Et la plupart des individus à travers la planète lorgnent vers ce modèle occidental qui fait de la possession, de l'accumulation de biens matériels le sens ultime de l'existence.

    Lorsqu'il apparaît qu'on ne pourra pas continuer à consommer indéfiniment à ce rythme effréné, que les ressources de la planète sont limitées, le modèle se grippe, le système déraille.


    Alors se pose la vraie question: l'être humain peut-il être heureux et vivre en harmonie avec autrui dans une civilisation entièrement construite sur l'"avoir". L'argent, l'acquisition de biens matériels ne sont jamais une fin en soi. Le désir de possession est par nature insatiable et il engendre frustration et violence. L'homme désire sans cesse posséder ce qu'il n'a pas, quitte à la prendre par la force chez son voisin.

     

    Ces phrases sont tirées de l'avant propos du livre de Frédéric Lenoir " Socrate Jesus, Bouddha". C'est une analyse magistrale de la situation actuelle

    Et il ajoute:

    "Le témoignage de leur vie et l'enseignement qu'ils nous proposent est universel et d'une étonnante modernité. Leur message propose un savant dosage de liberté et d'amour, de connaissance de soi et de respect d'autrui. Il fait appel à la raison. Il parle aussi au coeur".


     Ce essai délivre un message d'espoir car F. Lenoir affirme que cette crise devrait avoir des effets positifs. Pour cela il faut cesser de matraquer le slogan des ultralibéralistes " Il n'y a pas d'autre alternative" alors qu'économistes, philosophes, savants de toutes disciplines proposent des solutions, des alternatives mais  que, depuis des années, on confisque leur parole, on discrédite leur écrits et par tous les moyens, même les plus vils, on nie la valeur de leur pensée.

  • Réflexions après l'élection d'une femme à la tête du barreau de Bordeaux

    Me Anne Cadiot-Feidt., 54 ans et avocat depuis 27 ans a été nommée à la tête du barreau.

     Quoi  de surprenant en 2012?

    Pourtant,  à France 3, un avocat pénaliste a osé prononcer les phrases suivantes qui ont créé la polémique:


    "Au pénal il faut avoir les épaules très larges. Est ce qu'une femme a les capacités pour le faire ?

    "Vous n'avez pas d'avocate qui soient des avocates de renom connues comme de grandes pénalistes"

    "Si j'ai besoin du bâtonnier pour me défendre dans une affaire professionnelle je préfère que cela soit un homme"

     

    Les réactions ns se sont pas faites attendre:

    Le batonnier en exercice a jugé " ces propos consternants"

    La section locale du Syndicat des avocats de France a écrit: "De la robe noire à la burqa il n'y a qu'un pas, que d'aucuns rêvent de nous voir franchir".

     

    La féministe des années 50 que j'étais , fille d'une féministe des années 20, ne peut que s'indigner de voir le mépris envers les femmes, après une courte embellie,  recommencer à s'installer insidieusement dans notre monde où les machos feraient volontiers la loi.

    En lisant cette information, j'ai immédiatement évoqué un passage,  écrit par Sylvain Tesson, un brin provocateur, dans "Petit traité sur l'immensité du monde" aux pages 72 et 73. Après avoir parcouru le monde a pied, à vélo, à cheval ou en canot, il constate:

    "l'universelle oppression de la moitié de l'humanité par l'autre"...

    (exception faite des pays nordiques! des vallées himalayennes, des jungles primaires)

     Partout ailleurs," a chaque instant, il se heurte à la  toute puissance de la testérone, érigée en divinité" 

    Il cite les cris de joie a la naissance d'un garçon, les lamentations à la naissance d'une fille en tant de pays, ... il cite en Chine rurale les mères qui se pendent quand elles accouchent d'une fille,... en Inde les femmes dont on brule le visage pour la même raison.

    En Europe, souvent encore, il voit " les femmes aux moissons tandis que les hommes suivent l'ombre d'un arbre au fur et à mesure que le soleil se déplace", la mère de famille "se nourrissant par terre des miettes de son seigneur et maître", et souvent "les fillettes aux côtes saillantes à côté de petits garçons gras comme des poussahs".


    Il cite des proverbes qu'il trouve "hideux", par exemple:

    Quand une fille nait, meme les murs pleurent ( Roumanie)

    Instruire une femme, c'est mettre un couteau entre les mains d'un singe ( Inde).

     

    Alors il ne voit pas pourquoi il devrait aimer et respecter cette humanité là et...

    il trouve cette découverte lourde à porter.


    Jack London pensait que " l'homme se distingue des autres animaux surtout en ceci: il est le seul qui maltraîte sa femelle, méfait dont ni les loups, ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication"

    Et Sylvain Tesson conclut:" L'homme a été un jour en mesure de tenir un gourdin d'une main et une chevelure dans l'autre. Depuis lors la moitié des membres de l'espèce humaine opprime l'autre".
    C'est peut-être cette certitude qui l'a amené à passer 6 mois solitaire " Dans les forêts de Sibérie".

    Merci à Sylvain Tesson, un Homme, humain et humaniste, pour cette dénonciation du machisme, insidieux chez nous, mais bien présent et affiché d'une manière ostentatoire dans tant de pays.