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Notes de lecture - Page 46

  • Jean Paul Delevoye

    J’ai découvert Jean Paul Delevoye en lisant une critique de son livre " Reprenons nous" ( Editions Taillandier 2012).

    J'ignorais tout de Jean- Paul Delevoye. Google s'est fait un plaisir de me fournir sa biographie .

    Chiraquien historique, ancien médiateur de la république  il est aujourd'hui Président du Conseil économique, social et environnemental, 


    Sur le rôle de médiateur, j'ai trouvé des lignes qui méritent être retenues. «Être médiateur de la République, c’est écouter, comprendre, faciliter les débats et permettre que s’y expriment ceux qui en  sont exclus. C’est être impertinent face aux abus de pouvoir et aux désordres établis. Mais c’est aussi, en étant au cœur des dysfonctionnements de la société, ressentir plus qu’ailleurs peut-être les incompréhensions, les tensions et les intolérances qui la traversent. C’est bien pourquoi la qualité de notre vivre-ensemble nécessitera de plus en plus l’intervention d’un tiers-acteur.»


    A propos de la déshumanisation des services publics, il a dit: "Derrière la question de l’utilisation maximale et inappropriée des nouvelles technologies dans les administrations, rendant les relations entre l’usager et son administration totalement impersonnelles, est en jeu un problème bien plus profond: celui d’un service public qui ne donne plus l’impression d’être au service du public, qui n’est pas capable de l’aider, pas même de le comprendre, qui aggrave les souffrances plus qu’il ne les résout, qui excite les frustrations plus qu'il ne les apaise"


    Et parlant de son livre "Reprenons nous", il a écrit:

    "La France'est toujours distinguée par rapport aux autres pays en accordant la primauté aux conflits, à la posture, aux rapports de force plutôt qu'au dialogue constructif et responsabilisé"….

    "Dans les périodes de crise, on a tendance à caresser les bas instincts des peuples“ …. .

    “quand on a plus le champ des espérances, on exploite le champ des peurs et des humiliations”…..

    "Si aujourd’hui 2012 n’est pas réflexion collective sur le vivre ensemble et le chacun pour soi ,on risque d’avoir une remise en cause de tout ce qui faisait la force collective de la France”. 


    La prochaine note parlera de ce livre, excellente analyse sur la société actuelle qui engendre la haine l'exclusion et fait naître le Parti de la Peur!

  • L'angélisme exterminateur ( Gérard Alain Slama)

    C'est pendant mon séjour à la Tranche que j'ai découvert, dans une bibliothèque, un livre déjà ancien  ( 1993) " L'angélisme exterminateur" au sous-titre évocateur, " essai sur l'ordre moral contemporain". Le nom de son auteur Gérard Alain Slama m'était inconnu. J'ai appris qu'il était journaliste au Figaro et au Point, enseignant l'histoire des idées politiques à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.


     J'ai feuilleté le livre, lu le résumé au dos, …. et l'ai  emprunté puis dévoré. Je n'ai pas regretté ma découverte, j'ai pris des notes et je ne résiste pas à en citer des passages.

     

    " Jamais les citoyens des nations démocratiques n'ont autant prôné l'individu, la vie privée, la société civile. Jamais pourtant, l'Ordre Moral, l'esprit et les moeurs n'ont été soumis à une pression aussi constante. jamais l'appareil technique de propagande et de surveillance n'a été aussi contraignant et aussi sournois. jamais non plus le pouvoir n'a trouvé en face de lui une opinion aussi insaisissable et plus molle. La vertu de s'indigner semble s'être évaporée. Le troupeau pourrait être plus asservi, il ne saurait être davantage troupeau!

    … Une indifférence, un fatalisme, une fatigue se sont emparées des consciences devant la montée jugée inévitable d'un ordre de liberté surveillée. Nous laissons en friche les terrains conquis par la liberté, notre liberté est plus apparente que réelle, nous abandonnons notre conscience à la direction des experts, nos pensées sont des mécanismes et nos actes des gestes, notre aptitude a créer n'est plus qu'une aptitude à produire, les Droits de l'Homme ne sont que des incantations destinées à servir d'alibis à notre incapacité d'agir.

    … Cette régression nous ramène à l'an 40 et à l'esprit de Vichy. La dignité des hommes se mesure aux sacrifices que ceux ci sont prêts à consentir pour assumer leur liberté.

     

    Il explique que, dans notre culture républicaine la morale est,  depuis toujours,  affaire d'éducation et de conscience. Mais aujourd'hui,  une véritable religion de la sécurité a amené toute une série de mesures de redressement des moeurs, d'évaluation et de contrôle qui étend sur la société un contrôle social sans précédent, qui n'a d'égal que le régime de Vichy!

     

    Si j'ai tant apprécié ce livre, c'est qu'il rejoint ce que je pense et je suis heureuse de voir qu'un journaliste/ écrivain/enseignant connu est arrivé aux mêmes conclusions que moi.

  • " Dans les forêts de Sibérie" Sylvain Tesson

    J'ai découvert Sylvain Tesson lors de son tour du monde à vélo avec Nicolas Poussin, et depuis, j' ai suivi  toutes ses aventures. Tous genres confondus, récits, albums, nouvelles ...  il a écrit 25 livres, j'en ai lu la plupart et me suis retrouvée dans beaucoup de ses phrases

    Son projet de vivre en ermite près du lac Baïkal m'a particulièrement touchée, moi qui ai laissé un coin de mon coeur au bord de ce lac en 2004, lors d'un voyage de 3 mois, en Pick up/cellule depuis mon Anjou jusqu'à ses rives.

    Aussi, dès sa sortie en  2011, j'ai acheté " Dans les forêts de Sibérie"  (Prix Médicis) et en ai fait mon livre de chevet.


    " Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie. Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace, de silence, toutes choses qui manqueront aux générations futures" lit-on sur la dos de son livre.

     

    Fils de Philippe Tesson, journaliste politique, il appartient à un milieu privilégié, mais livre une guerre contre le confort et le conformisme, exprimée dans ses actes et dans ses écrits, dont voici un florilège: 


    - Tout ce qui ressemble à de la "grégarité testostéronique" me révulse.


    - On est dans les villes comme des hamsters dans une cage en plastique.


    - Je fuis les groupes, je recherche les individus

    - Le mauvais goût est la chose au monde la mieux partagée et la définition du mauvais gout est le sans gène.

    .- Il faudrait ériger le conseil de Baden Powell en principe:" Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser 2 choses. Premièrement: rien. Deuxièmement: ses remerciements". L'essentiel: ne pas trop peser à la surface du globe!

    - J'aime la steppe, ce tapis massacré par le surpâturage, les ultraviolets, le vent: cette souffrance absolue de la terre. J'aime la steppe, paysage du voyageur par excellence, des plus spectaculaires hordes, des plus grandes migrations.  

    - Dans mon isba, j'ai le temps de voir le passionnant spectacle de ce qui se passe par la fenêtre. Comment peut-on encore conserver une télé chez soi?

    Et cette phrase qui résume tout:

    - Le froid, le silence et la solitude sont des états qui se négocieront demain plus cher que l'or. Sur une Terre surpeuplée, surchauffée, bruyante, une cabane forestière est l'eldorado." 

    Dédié à Arnaud Humann, qui vit à Irkoutsk, organise des séjours au bord du Baïkal et nous avait accueilli si amicalement  en 2004, ce livre devrait être étudié par les jeunes qui n'ont que la société de consommation, l'argent et l'ultralibéralisme ( la loi de la jungle ) comme référence

    Comme écrit Maurice Chaudière ( encore un non conformiste!), dans un éditorial :

    "Pour répondre à la fringale de développement qui nous fait courir de mirage en mirage, de colonisation en délocalisation, il faut se déplacer et rouler, bruler les étapes, gagner en vitesse, accélérer. Brûler le temps aussi bien que l'espace. Finira-t-on par reconnaître que le Progrès n'est qu'un mythe et que le ciel, encombré de chimères, risque bien, comme le craignaient les Gaulois de nous tomber sur la tëte.

    Un très beau film résume ces 6 mois sibériens, 52 mn de bonheur!