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Isabelle Rome, un autre regard sur la délinquance.

Isabelle Rome ! Mes longues flâneries dans la Méditathèque accueillante de ma commune me permettent de bien agréables découvertes. Hier, j'ai rapporté le livre d'Isabelle Rome " Vous êtes naïve, madame le Juge!"  et je l'ai dévoré.

Cette inconnue pour moi, a été la plus jeune juge de France, à 23 ans. Elle pose la question du sens que la société veut donner à la sanction, à travers des cas concrets. Elle s'implique pour "aider tous ces cabossés de l'existence".  et se demande pourquoi "il y a tant tant d'illettrés parmi les condamnés, tant de difficultés dans leur développement affectif et mental, tant de souffrance dans leur enfance".

Elle considère le juge comme un artisan de la paix pour qui la loi est un outil qui aide à vivre ensemble, pas une machine de guerre, une machine à exclure , pas un produit d'accroche-électorale.


Et c'est au vécu de l'enfance,  à l'exclusion, à la non reconnaissance qu'elle attribue le mal être de la société…. ce que mes 30 années de "maîtresse d'école" , de vie avec mes petits bouts de choux de CP m' a appris. Tout se joue dès l'enfance et rien n'est plus vrai que la phrase tant de fois répétée par une de mes grands mères  ( pas une psychologue reconnue mais une paysanne  vendéenne, pauvre de surcroit) … " On ne guérit jamais de son enfance"

 Isabelle  Rome écrit:" Toute tentative de prévenir la délinquance est vaine si l'état ne mène pas une solide politique d'éducation, dans le souci d'assurer une égalité du savoir à tous les enfants, quel que soit leur milieu social et culturel, quel que soit le territoire dans lequel ils vivent."

Une de mes amies, qui a consacré sa vie à l'adolescence en difficulté affirme que "les enfants sont les produits de la société qui les formate pour le meilleur et le pire" et que "la société a les jeunes qu'elle mérite!"

 

J'ai beaucoup apprécié ce livre et ne peux m'empêcher de citer des passages du " poème",  hymne aux sans papiers", placé dans les dernières pages.

"Je les vois tous les jours.

Harassés, tremblants et apeurés…

Arrêtés dans les gares, sur des chantiers, dans des cuisines de restaurant…. ou simplement pour ne pas avoir attaché leur ceinture de sécurité à l'arrière d'une voiture. 

Sans identité certaine bien souvent.

Sans repères dans ce pays dont ils avaient rêvé.

Ils sont là, parfois depuis des années, sans avoir volé ni escroqué qui que ce soit.

Chacun avec une histoire que jamais, pourtant, comme  juge des libertés, je ne connaitrais.

Pas l'objet de la procédure.

Pas le lieu.

Pas le temps.

Mais toujours la guerre, l'extrême pauvreté, l'oppression ou la répression répétées comme des temps obligés de leur parcours.

D'avides et cruels passeurs comme maîtres incontournables.

Une terre qu'ils ont du quitter, le coeur en peine, pour tenter seulement de survivre ailleurs.

Des parents, frères soeurs ou enfants, qu'ils ont du pleurer, tués par la misère ou la mitraille, noyés peut-être dans la traversée des les de tous les dangers .

Et le rejet.

Rejet de toutes les demandes - de séjour, de régularisation, d'asile- , de tous les recours.

Rejet de tous les possibles.

Rejet de tout espoir d'une vie meilleure.

`Quelques minutes d'audience avant que je décide ou non de les maintenir dans un centre de rétention.

Ils sont là, devant moi, hommes et femmes au regard hagard.

Prisonnier d'un sale destin.

Empêtrés aujourd'hui dans une procédure complexe qui les dépasse…

Des sans papiers.

Une cohorte d'individus amputés de leur identité, de leur histoire.

Ils ne sont que des "sans"…

Ils sont vingt et cent.


Ils ne seront jamais plus pour moi des "sans".

Je ne pourrais oublier leur visage.

Leur dignité dans la souffrance."

 

Un bien beau livre,  Madame le Juge,votre analyse de la société me console des jugements sans appel des tant et tant de nos concitoyens qui ne savent que haïr et condamner l'Autre, le Différent!

 

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