Noel approche et la pub bat son plein pour l'achat de smartphones et surtout de tablettes. Sous le sapins, combien d'enfants trouveront la mirifique tablette qui va leur apprendre à penser, à comprendre, à réussir et à vivre mieux. C'est du moins ce qu'espèrent les parents ...aussi elles remplacent peu à peu les doudous, investissent les chambres, les sacs de classe et prennent possession de l'esprit de l'enfant.
Comme toujours, j'ai essayé d'en savoir davantage ( articles de presse et livres) et en ai appris de bien belles!
Je ne n'imaginais pas la soeur de Marck Zuckenberg créateur de Facebook, publiant un livre destiné aux enfants, assez critique à l'encontre des nouvelles technologies où elle lance un message : "la vie est bien plus riche quand vous levez votre regard de votre écran »
J'ai découvert un autre livre: "Internet rend-il bête?" du journaliste américain Nicolas Carr qui affirme qu'on attend une baisse du QI après un siècle de progression de l'intelligence . Ce serait, selon lui, déjà observé en Grande-Bretagne et en Norvège, deux pays convertis avant les autres à internet et aux smartphones.
Plus étonnant encore, le best-seller de Carr est la bible de nombreux geeks de la Silicon Valley qui, tout en abreuvant nos enfants de leurs inventions numériques, choisissent de confier les leurs aux Waldorf Schools, des écoles privées d'écrans. "Back to basics", jouets en bois, pâte à modeler, tricot et tableau noir... pour près de 20 000 dollars l'année scolaire. Leurs bambins, au moins, ne seront pas intoxiqués.
Encore un cri d'alarme: Michel Desmurget, dont j'ai déjà évoqué le livre "Télé Lobotomie", a écrit, en accord avec une soixantaine de chercheurs et neuropsychiatres, une tribune publiée dans le Monde du 8 février intitulée «Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable»….Il dit: "Alors que les écoles françaises s’équipent en technologies numériques et tablettes interactives dès le plus jeune âge, certaines écoles américaines, à New York notamment, enlèvent les ordinateurs des classes car ils ont des effets délétères. Là-bas, on préfère désormais investir dans la formation des professeurs, plutôt que dans le matériel. Parce qu’ils ont compris, comme le confirment nombre d’études, que former les profs est bien plus utile qu’équiper tous les enfants en tablettes numériques.»
Il pronostique que le nombre de mots connu par les enfants diminuera de plus en plus et leur vocabulaire sera bien plus appauvri que celui des générations précédentes.
Une éminente professeure de neurologie d'Oxford, connue pour ses recherches sur Alzheimer, Susan Greenfeld : explique "que ce qu'on vit aujourd'hui est comparable au changement climatique. Et les enfants sont en première ligne. Lorsqu'ils surfent sur le Net, jouent en réseau, leur cerveau en construction est exposé à une activité trop intense qui perturbe leur développement " d'où difficulté à se concentrer, à communiquer avec les autres, à se projeter,et baisse de l'empathie Et elle ajoute « Un usage excessif de ces technologies entraîne de l’obésité, des mauvais résultats scolaires, de l’agressivité et un manque de sommeil"
Qu'en est-il aujourd'hui de l'usage de ces jouets technologiques chez les enfants?
Aux EU , 38% des bébés de moins de 2 ans ont déjà joué avec une tablette ou un smartphone. ( 11% en 2011) 72% des moins de 8 ans les utilisent régulièrement (38% en 2011). Le temps d'utilisation a triplé ces dernières années, constate la pédiatre Marjorie Hogan dans le Wall Street Journal, les 8-10 ans passent en moyenne sept heures par jours devant un écran (ordinateur, télévision, Smartphone et tablette), 71% des enfants de moins de 12 ans l’utilisent (dont 30% pour une utilisation fréquente), pour des jeux (84%), loin devant les applications éducatives (46%) et les histoires (36%).Et ils envoient, en moyenne 83 SMS par jour dans une novlangue de leur cru "Takacroir !"...
76% des parents interrogés considèrent comme positif que les enfants puissent se familiariser aux outils numériques. 50% pensent qu’avoir une tablette à la maison est un atout car cela leur donne "accès à des connaissances que n’avaient pas les précédentes générations".
Je ferai une autre note sur ce sujet qui me touche! Comme je suis d'accord avec le livre de Natacha Polony …. " Nos enfants gâchés"