Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Il était un blog - Page 192

  • "Indignez vous!" Stéphane Hessel

    Indignez vous! tel est le titre du manifeste de Stéphane Hessel, moins de 30 pages dont il faudrait citer chaque phrase. Publié dans une collection dont le nom est tout un programme " Ceux qui marchent contre le vent". ( Proverbe Sioux)
    Je me suis reconnue dans ces lignes: s'indigner c'est résister  et résister, c'est vivre. C'est surtout mériter le nom d 'Homme. " Etre homme est facile, être un Homme est difficile " ( Proverbe chinois) 
    Mon grand père, humble petit paysan vendéen croyait à un avenir meilleur si le peuple ne se pas laissait mener "d'même q' dau bu jouqués". … "comme des boeufs sous le jougs".
     Pauvre grand père, quelle déception il aurait devant notre monde qui propose à un peuple anesthésié " consommation de masses, mépris des plus faibles et de la culture, amnésie généralisée et compétition à outrance de tous contre tous!"
    Et Stéphane Hessel rappelle le programme élaboré par le Conseil de la Résistance sous la Présidence de Jean Moulin.
    - plan complet de Sécurité Sociale
    - retraite digne aux vieux travailleurs
    - véritable démocratie économique et sociale
    - éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie
    - intérêt général primant sur l'intérêt particulier
    - juste partage des richesses créees par le monde du travail
    - liberté de la presse , indépendante à l'égard de l'état, des puissances d'argent et des influences étrangères
    Et pour l'école, notre pauvre école si malmenée actuellement !
    - possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction la plus développée .
    On est en train de tout trahir, de tout détruire!
    Car nous voyons, le pouvoir de l'argent insolent égoïste qui s'affiche partout, un écart qui se creuse entre entre les plus riches et les plus pauvres, les droits de l'Homme, les droits à la différence bafoués, un abandon total de l'esprit créatif et critique, un enseignement qui bientôt sera réservé aux riches et l'état de la planète qui se dégrade inexorablement !

    Trop petite pour y participer, j'ai vécu à travers les conversations familiales, cette période d'enthousiasme où on a cru à un monde meilleur et oeuvré pour cela. Un monde où on se sentait " responsable en tant qu'individu".

    Quelle noblesse dans ce texte de Stéphane Hessel!  Bien sûr, dans notre pays où il ne fait pas bon être vieux, on dira qu'à 93 ans, il n'a pas une vue très nette de l'actualité.
    J'écrivais il y a quelques jours que cette période m'évoquait de plus en plus l'avant guerre. Apparemment, je ne suis pas la seule à penser ainsi: tout peut repartir de cette haine de l'Autre qui monte chaque jour un peu plus dans notre pays et de cette perte du pouvoir d'indignation et de résistance!

  • Citations

    Drôle d'époque, qui, de plus en plus, m'évoque les années d'avant guerre.

    Le toute petite fille qui entendait ses parents se désoler de  l'intolérance, du racisme, de la propagande officielle et de la violence n'a rien oublié!....  .

    Comme en ce années là, une seule façon de penser et malheur à ceux qui veulent de faire entendre " un autre son de cloche", ils sont rabroués, humiliés et condamnés.

    Comme à cette époque, on trouve normal de règler les problèmes par la violence, verbale ( et l'exemple vient d'en haut!) et physique souvent.

    Et comme dans toutes les périodes difficiles, "l'autre", le "différent" est désigné comme bouc émissaire, responsable de tous les maux  et condamné sans appel 

    Quelques pensées pour réfléchir:

    Voltaire tout d'abord: Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dîtes, mais je me battrai pour que vous le disiez librement!

     Saint Ex: Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis!

    Spinoza : Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre!

    Et Léonard de Vinci, en une phrase qui résume tout: Celui qui ne respecte pas la vie ne la mérite pas!

    J'aimais la pensées écrite en haut du tableau le lundi matin, dans la classe unique de mon enfance, commentée et laissée pendant une semaine pour qu'on s'en imprègne bien. C'est surement de là que m'est venue l'habitude de noter toutes les phrases fortes que je trouve.

    Respect de l'homme, respect de l'autre, principe premier de toute civilisation. N'est-on pas en train, une fois encore, de s'en éloigner à grand pas?

  • Des notes ou non?

     

    Une nouvelle fois, les notes sont mises en cause à l'école. 

    Premier round, après 68, où on était passé de la notation 0/10  en primaire à A/D, hélas,  devenu pour beaucoup d'enseignants  A+, A, A- …. jusqu'à D- ( 12 degrés au lieu de 10!)

    Aujourd'hui, vingt personnalités,  (dont Boris Cyrulnik, Daniel Pennac ou Marcel Rufo), se sont jointes à l'appel lancé par l'Afev (Association de fondation étudiante pour la ville) pour réclamer la suppression des notes à l'école élémentaire, afin d'éviter "une stigmatisation des élèves et la sélection par l'échec".

     Il est vrai que les études de psychologie scolaire montrent  comment les évaluations négatives font naître un sentiment fort d'incompétence. L'élève finit par penser qu'il  est nul.

    Or la motivation scolaire dépend de l' estime de soi, du sentiment de sa compétence à apprendre.

    Mais dans  le système français, tous réclament des notes: parents d'abord et instituteurs. Quant aux enfants … on sait bien que, les meilleurs surtout,  demandent  aux autres " T'as eu combien?".

    Et souvent humilient ensuite les moins bons par leur attitude quand ce n'est pas par leurs paroles.

    Déjà, dans Poil de Carotte, Jules Renard raconte l'histoire de la cruche cassée par grand frère Félix après la prédiction de son père " s'il va chercher de l'eau, il cassera la cruche"!

    C'est tellement vrai et vérifiable par les parents chaque jour, 

    "Sans confiance des adultes, l'enfant n'aura jamais confiance en lui!" 

    Dans les années 60, j'avais une classe à 4 cours ( 4 ans à 8 ans). Dans notre école de village à 2 classes , nous organisions, mon mari et moi,  une énorme fête de prix qui drainait toute la population des environs. Dans un souci d'équité, bien avant 68,  nous avions supprimé les piles de livres au prix d'excellence, chaque élève du même cours avait le même livre et chaque élève allait présenter son prix à un conseiller municipal. 

    Pourtant cette année là, un de mes petits d'une dizaine d'années qui avait eu du mal à apprendre à lire en 2 ans  et naviguait du CP au CE2 suivant les matières ( bien pratique ces classes multiples pour les rattrapages sans redoublement) était venu me faire une drôle de requête.

    " Dites, Madame, je ne voudrais pas montrer mon prix à un conseiller"

    J'interroge et il m'explique 

    " j'ai honte quand on lit les prix que j'ai eu"

    . Etonnement pour moi car tous ont sur la feuille incluse à le première page du livre "Prix de ….. et de ….". Même le dernier a 2 prix!

    Nouvelle explication et j'entends que

    " Quand il lit travaux manuels ou gymnastique, bonne camaraderie ou bonne volonté, j'ai honte"


    Voilà, ce qui était une humiliation pour lui, la " qualité" de la matière! car la société était déjà ainsi faite qu'il avait compris la différence entre  matières nobles et autres!

    Bonne leçon pour moi qui croyait bien faire.

    Quant à Michel, petit bonhomme sensible, issu d'une famille très pauvre d'ouvrier agricole, doué d'un réel talent d'organisateur pendant les récréations, travailleur et attentif, muni d'une solide intelligence manuelle, (capable de tout faire avec rien) mais, hélas,  pas doué pour pour que ce que le monde lui imposait comme essentiel, il  souffrait et se sentait humilié de ne pas entendre math ou français dans l'énoncé de ses prix.

    Je n'ai jamais oublié et j'ai toujours valorisé ceux qui étaient en difficulté en essayant de ne jamais les humilier.