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Souvenirs - Page 21

  • Retour à l'école de Jules Ferry? Est ce raisonnable?

    J’ai été heureuse de trouver un texte de Mona Ozouf, historienne, à propos de l’école de Jules Ferry, cette école  dont il est de bon ton de réclamer le retour  à grands cris. Tout ce qu’elle a écrit est le reflet de ce que je pense.

    « Quand les parents et la société ne soutiennent plus l'autorité des maîtres et que les savoirs sont sur internet, invoquer un retour à l'école de Jules Ferry est une chimère anachronique ….. une méconnaissance de l’histoire et une illusion ».

    Ce qui est drôle; c’est que J Ferry fut en son temps haI  par la droite. On  l’accusait d’avoir chassé Dieu des écoles , de dresser des individus et de réaliser un génocide culturel puisque les programmes étaient les mêmes pour tous. Maintenant c’est la droite qui réclame un «  retour aux valeurs oubliées de l’école républicaine ».

     

    Ferry avait légiféré pour une France rurale ou famille, école, église imposaient toutes de normes autoritaires. Mes camarades de classe, mes premiers élèves étaient presque tous des enfants de petits cultivateurs. Lorsqu’ils arrivaient à l’école, ils n’avaient entendu que le bonjour de leurs parents ( pas de télé, pas de radio, souvent pas d’électricité). Levés tôt, ils avaient soigné les poules et les lapins, parfois les cochons car c’étaient leur rôle. Ils avaient marché, 4 ou 5 km souvent, dans la forêt et dans des chemins qui longent les champs et les prés. Rien ne les avait énervé, rien ne les avait distraits et quand l’instituteur prenait la parole chacun était attentif et … intéressé. Car l’école seule dispensait la culture, le savoir. Que de fois ai-je entendu des parents me dire «  il faut qu’il travaille bien à l’école, si vous saviez comment je regrette de ne pas savoir grand chose. Il ne faut pas hésiter à le punir » Et eux mêmes le corrigeait à chaque manquement!

     

    On se rend bien compte qu’en 30 ans tout a basculé. Une mère d’élève m’a dit en 1980 : « c’est votre faute si elle ne  travaille pas comme elle devrait, vous êtes toujours en train de la contraindre » . Il faut dire que, lorsque je disais « dictée » par exemple,  cette petite me répondait « j’ai pas envie », n’ouvrait pas son cahier et se couchait sur sa table. Milieu aisé, bourgeois, catholique, cette réflexion d’une mère que j’estimais m’avait complètement déboussolée. Et depuis, çà a largement empiré! 

    Aujourd’hui  les normes scolaires ne sont soutenues ni par les familles, ni par la société, mais sont au contraire l’objet permanent du soupçon et de la contestation. L’ école avait été conçue en songeant au bien commun, avec un souci du collectif qui est très éloigné des "consommateurs d’école" d’aujourd’hui, qui en attendent tous un bénéfice « personnel et particulier ».

     Internet est passé par là, tous les savoirs sont à notre disposition immédiatement et sans contrainte , même pas l’obligation de les retenir puisqu’on peut le retrouver quand on veut. L’école de Jules Ferry véhiculait des valeurs d’attention, d’efforts et de patience, des mots qui n’ont plus tellement de sens aujourd’hui. Et je pense qu’il y une incompatibilité radicale entre l’école Jules ferry et les jeunes d’aujourd’hui.

    « Intentions malfaisantes de pédagogues, méthodes inadaptées? ». Et reconnaître simplement que le monde a changé, que nos enfants sont des mutants, qu’ils évoluent très vite et que ce que leur propose l’école les intéresse peu! Je me souviens des fins de journées où ma mère nous montrait des images du monde dans le stéréoscope de l’école. Moment magique ou nous découvrions en relief les montagnes, les fleuves, Paris et ses monuments et nos colonies. Chacun croisait les bras dans un silence absolu en attendant que son voisin lui passe le merveilleux appareil …. et il y avait de 45 à 50 élèves dans la classe de 4 à 14 ans! Une de mes petites filles qui fait du soutien scolaire dit que son enfance n’a rien eu de commun avec celle des enfants d’aujourd’hui, qu'elle ne se reconnaît pas du tout en eux …. et elle n’a que 25 ans!

    Le torrent d’images, de rumeurs,  d’informations qui se déverse sur les jeunes et occupe beaucoup plus d’heures que celles passées en classe, devrait  être canalisé, orienté,  expliqué et ramené à sa juste importance. Bref il faudrait inventer une culture des nouvelles technologies et sur l'information, une réflexion sur leur utilité et leur mode d’emploi, faire un effort d’éducation.

    Proposer les recettes du passé et invoquer l’âge d’or de l’école républicaine, quand on a déboulonné la figure du maître et du professeur,  est une stupidité qui ne mènerait nulle part!

     

  • Toutes les fois où vous penserez être trop vieux pour faire une chose, faites la!

    Mes recherches sur l’avenir de la robotique pour les personnes âgées m’ont rappelé la réflexion d’un médecin, faite devant moi, il y a une quinzaine d’années. C’était  lors d’un de mes derniers passages chez un de mes oncle et tante avant leur disparition. 

    Ce couple de 90 ans et plus, vivait seul, sans famille proche, sans aide-ménagère  au premier étage d’une maison dont le rez de chaussée était le sous sol avec … un escalier extérieur aux marches  étroites et hautes et un escalier intérieur dont les marches étaient trapèzoïdales,  (à attraper du bon pied) . 

    Ma tante empruntait cet escalier de nombreuses fois par jour, il y avait tant de choses indispensables dans ce sous sol, y compris le congélateur.

    Donc ce matin là, le médecin était là pour mon oncle , et remontant du sous-sol, ma tante  s’est exclamée: « Ah!  docteur, si vous saviez comme je maudis cet escalier, il me fera mourir ». 

    Le médecin s’est redressé, et sans hésiter, a répondu  «  Mme M….,  vous devriez  le remercier de vous conserver valide et le bénir chaque matin. Sans lui, il y a longtemps que vous seriez dans un fauteuil roulant ! »

    Lorsque j’entends la pub pour Stana avec un « jeune homme » dans le monte-escalier, je repense à ce médecin là. Déjà agé, il était de la génération où on savait que vieillir c’était faire des efforts et ne pas se faire assister à la moindre déficience. Cette génération disait  « avoir sa dignité »  et affirmait que bien vieillir était « faire toujours un peu plus que possible ». 

    Un gériatre a d’ailleurs écrit une phrase qui me plait beaucoup « Toutes les fois où vous penserez que vous êtes trop vieux pour faire une chose… faites la! »

    Les robots pour les grands vieillards vraiment dépendants c’est une merveilleuse avancée mais pour l’immense majorité, se faire assister par un robot ou à la moindre déficience,  peut être une véritable catastrophe. Avoir un robot pour travailler, agir et penser à notre place, quel idéal de vie!

    On parle pour les « vieux » de marche indispensable, d’exercices de mobilité et d’équilibre, d’atelier mémoire ou écriture… il est si facile de faire tout cela dans la vie de tous les jours. 

     

    Non, je ne conteste pas l’utilité des robots, et je suis même très heureuse d’avoir trouvé un vélo a assistance électrique pour m’aider à avancer et continuer à vivre ma passion, le cyclotourisme. Pourtant j’ai beaucoup de réticence envers les « robots/doudous », auxiliaires de vie qu’on nous présente comme indispensables à notre bonheur mais qui nous feront perdre peu à peu nos facultés physiques et mentales car « le corps et l’esprit, contrairement à la pile Wonder, s’usent …. quand on ne s’en sert pas » ( un site médical)

     

  • Réflexions sur la Vendée après les tempêtes

    Je viens de passer une quinzaine de jours en Vendée, dans la région  des Sables d’Olonne et de la Tranche pour constater les dégâts des dernières tempêtes. Aux Sables, le remblai a souffert, les énormes blocs qui se servent de siège à tous les vacanciers depuis des années ont été  descellés, bousculées et sont restés en équilibre au-dessus de la plage, plage transformée! … tonnes de sable en moins, rochers découverts et galets  en plus.

    Le plus grave s’est produit sur la commune du Château d’Olonne, où la route de Cayola   a été emportée à son point le plus bas,  non pas par la mer mais par l’inondation du  ruisseau et des terres a l’arrière de la barrière de galets . Je n’en parlerai pas,  le billet d’une association locale, ici en lien,  relate  la situation exacte et montre des photos très parlantes.

     

    Comme les membres de cette association, comme je l’avais déjà fait au moment du drame de Cynthia à la Tranche, j’ai envie de crier «  Bien fait! » …. si ce n’était si triste pour les populations concernées. Mais au nom de quel orgueil démesuré, l’homme du XXIème siècle se croit il capable de dompter la Nature et d’empêcher la Terre d’être vivante et d’obéir a des règles Naturelles. Les peuples qu'on veulent appeler primitifs, mes grands-parents encore, était si humbles et respectueux en face de leur terre!

     

    XIIème siècle: cette anse de Cayola est, dit on, l’endroit où Richard Coeur de Lion a fait son port. Il fréquente régulièrement le secteur notamment le château de Talmont et l’abbaye St Jean d’Orbestier  Il exploite la mine de plomb argentifère entre Cayola et Bourgenay (lieu-dit de La Mine) et bat monnaie à la Salle-Roy. 

    Pendant un demi-siècle, ma mère a emmené ses invités voir les restes de l’ embarcadère de ce fameux Port-Juré … quelques madriers de bois datés d’après les analyses du XIème ou XIIème siècle . 

    Il y avait forcément ici de l’eau de l’arrière pays qui devait pouvoir s’écouler. Or elle rencontrait une barrière de galets. Donc il existait un risque....  que les édiles veulent toujours minimiser et qu’ils pensent toujours être capables de contrôler. A leur décharge,  je dois avouer combien  j’avais apprécié cette superbe passerelle piétonne et cycliste empruntée tant de fois et avec un si grand plaisir.

     

    Entre les Sables et la Tranche, j'ai longé la côte, j'ai vu la Guittière et son ostréiculture, le Veillon et ses dunes  ravagés, remodelés et  devenus autres en quelques vagues géantes. 

     

    Peut-être  faudrait-il  arrêter de dire : « Je ne veux aucune entrave à mon plaisir, je veux tout parce que je suis capable de tout  maîtriser»

    Demain, je parlerai de la Tranche en remontant  …. 8000 ans avant JC! Géologiquement, c’était hier … mais ce sera peut être demain?