Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Souvenirs - Page 25

  • Les réflexions d'une "ex-petite fille" au spectacle de Dieudonné

    Je m'étais jurée que je ne parlerai pas de Dieudonné sur ce blog. Depuis toujours ma devise est une phrase de Voltaire « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer ».

    Pourtant ce matin j'écoutais les réactions des gens à l'interdiction du spectacle à Nantes et j'ai senti la colère monter en moi. "On a chanté chaud, chaud l'ananas, fait mille quenelles , et autres .... et on a bien rigolé"

    J'ai senti la colère oui, mais aussi  le chagrin monter en moi et j'ai commencé à écrire ce papier (sans savoir si je le publierai)  car, de certaines choses , je crois qu’on n'a pas le droit "de bien rigoler." Par instant, notre monde, notre époque me répugne car  ne plus accepter la Différence, mépriser l’Autre, l'humilier, le haïr, souhaiter le voir disparaître .... et, finalement,  rigoler est en train de devenir banal !

     

    La guerre ! J'ai 7 ans en 1939. Je suis fille unique de parents humanistes qui ne me laissent rien ignorer de la montée du nazisme, on m'explique "Mein Kampf" et j'en lis des passages. On me dit qu'il n'y a pas de race inférieure, que tout homme est respectable. et que le nazisme est une négation de ces deux valeurs. Ces mêmes parents m'interdisent pourtant de dire "les Boches" et, lorsque notre village est occupé,  me demandent d'être polie avec la dizaine d'Allemands qui vivent  dans notre maison d'école et travaillent  dans une pièce contiguë à notre cuisine car "Ce sont des papas comme le tien qu'on a envoyé faire la guerre loin de leurs enfants. Ils ne sont pas tous nazis!" 

    Les Juifs, j'ai appris leur particularité en demandant pourquoi ces ignobles caricatures dans les journaux d'avant-guerre!

    1944, je suis pensionnaire au lycée et sans le savoir,  pendant l'année scolaire , une petite juive de 13 ans est mon amie. À la rentrée elle  nous dit qu'elle est élevée par ses grands-parents , après la libération nous apprenons son vrai nom, juif car  ses « grands parents » sont des Justes qui l'ont recueillie  lorsque sa famille a été déportée,...  à la fin de l'année scolaire nous savons que pas un membre de sa famille ne reviendra et je n'oublierai jamais  son courage, sa dignité dans ce malheur infini pour elle!

     La déportation, pour moi, c'est un ami passé de camps en camps,  miraculé après avoir été jeté sur un tas de morts et qui pèse 40 kg a son  retour

    Les interrogatoires musclés, je n'oublierai jamais celui auquel j'ai "assisté" ( il avait lieu dans la pièce contiguë à notre cuisine ) pour un couple et leur fille, ni juifs, ni résistants, mais "dénoncés".... les cris des SS, les coups... Ils ne sont pas revenus!

     

    Je n'ai pourtant pas souffert dans ma chair de cette haine nazie, mais la petite fille que j’étais n’a jamais oublié. Il m'est impossible d'accepter qu'on raille le Shoah, la déportation des juifs des Roms, de tant d’innocents, qu'on fasse de cette période noire un sujet d'humour, de dérision et surtout qu'on nous montre ce déni d'humanité comme un idéal pour l'avenir.

    Comme l'avant guerre ressemblait à 2013/14!

  • Réflexions sur les jeunes scotchés aux écrans

    Il semble de plus en plus admis que le nombre d’heures passées par des enfants devant un écran est un danger pour leur avenir. En janvier 2013,  l'Académie américaine de pédiatrie a proposé une règle simple: pas d'écran avant 3 ans, une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures entre 6 et 9 ans et 3 heures au-delà. Il s'agit du temps global d'écran : télévision, ordinateur, console, tablette, mobile...Il est bien évident que les parents doivent cadrer le temps d'écran de leur enfant à tout âge, de la naissance jusqu'à la fin de l'adolescence. Car les écrans ne  menacent pas nos enfants. C'est leur mauvais usage qui les menace. C’est l’attitude des parents qui abandonnent trop souvent leurs enfants devant eux

     On annonce chez nous 900 heures par an à l'école et... 1 500 heures devant les écrans (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone mobile) . Pour l’Académie de médecine, « à 6 ans, deux heures d'écran par jour augmentent les risques à venir de maladies cardiaques, d'hypertension artérielle et de diabète, sans compter qu'à l'adolescence le surpoids est directement lié au temps d'écran. Plus inquiétant, la lumière bleue émise par les tablettes affecterait la mélatonine, "l'hormone du sommeil", et donc notre horloge biologique ».

    Que faire? Responsabiliser les parents! 

    Qu’ils soient des éducateurs capables de faire comprendre à l’enfant qu’on ne le punit pas mais que le temps passé sur les écrans réduit son énergie disponible pour résoudre les difficultés de la vie réelle et peut même en lui faire perdre le désir. Et  surtout lui proposer des activités qui lui permettent de se valoriser à ses propres yeux et à ceux de ses camarades.

    La limitation du temps de télévision doit être une opportunité pour faire des tas d'autres choses et notamment, celles qui favorisent le développement émotionnel et cognitif de l’enfant  et ce, en famille et à l’école.

    J’ai vécu le début de la télévision dans ma classe, je n’imaginais pas quel impact aurait cette « étrange lucarne » sur le comportement de mes élèves .  J’avais institué, le lundi matin, expression libre sur les activités du dimanche, moment privilégié où chacun s’exprimait librement et où une discussion s’établissait. Le dimanche mes petits élèves étaient allé se promener en famille au bord de la Loire, dans les bois. Ils étaient allés à la pêche, avaient ramassé des champignons. S’ils étaient restés à la maison, ils avaient jardiné, bricolé, cuisiné, cousu, tricoté, fait du rangement   avec maman, avec  papa suivant les occupations et ils avaient parlé,... parlé surtout  car toutes ces activités étaient un temps de partage et de paroles familiales. Et puis, Ils avaient joué avec leurs copains, ils s’étaient promenés dans les chemins autour du village, ils avaient cueilli des fleurs, fait des découvertes intéressantes  et rapporté tout un tas de témoignages de la vie de la Nature . 

    Et je me retrouvais devant  ma trentaine de petits qui , en choeur, racontaient .... la même chose « Hier, on a vu le matins des dessins animés et après on a vu un film à 1 heure, un  à 5 heures et l’autre à 8h et demie! ». Qui   pouvait croire que c’était un progrès, des enfants passifs, sans esprit critique, ni réflexion alors qu’avant ils étaient actifs, acteurs et créatifs

    Les enfants des parents réfractaires  ( le médecin qui avait dit «  jamais de télé », quelques ménages qui surveillaient le temps d’écran) se trouvaient démunis et se mettaient un peu en retrait. 

    Je crois que les parents ravis, avaient trouvé le moyen de se décharger de l’éducation de leurs enfants. Une mère , au foyer  pourtant, avec 2 petites filles adorables, m’avait dit: « Ma vie a bien changé depuis qu’on a acheté la télé,  avant quand  les filles rentraient de l’école je m’occupais d’elles jusqu’au dîner. Maintenant je leur donne les tartines, les mets devant la télé et je suis bien tranquille ». Et chaque matin, dans la maison de l'autre côté de la rue, je voyais avant 8h, des petits élèves déjà installés devant le rectangle lumineux de la télé!

     A cette époque, les années 60/70,  il n’y avait que la télé,  maintenant une multitude d’écrans et 7 à 9h passés devant eux! Les études, dormir manger, jouer, penser ? Il n’y a plus assez de temps car  les journées n'ont que 24h et déjà, les jeunes manquent terriblement de sommeil. Mais ce temps qui manque aux jeunes, c’est simplement le temps de «  VIVRE! »

  • A propos de la surmédication: Réflexions personnelles

    Nous consommons donc 48 boîtes de médicaments par personne et par an. Mais combien en avalent tellement plus?  Car, beaucoup n’ont, comme moi, ni pilulier, ni jolie boite à poser devant son assiette. Ils ont une armoire à pharmacie quasiment vide, ! quelques boites de paracétamol, quelques tubes de pommade  et autres produits de première nécessité.

    Une de mes grands mères, de santé fragile, et morte à 89 ans, avait l’habitude de dire

    “ Si çà continue, je mourrais guérie!

    Je crois bien que les maladies s’usent sur moi. “

    Malgré ses maux, elle avait réussi à vivre sereinement  sa vieillesse avec l’aide d’un médecin, vieux lui aussi, “qui soignait plus par empathie et psychologie que pharmacopée ».   Car, il n s’agit pas d’un refus de la médecine mais d’une prise en main personnelle de sa santé ( prévention, surveillance) en acceptant les désagréments liés à la génétique et à l’âge, en apprenant à les gérer et à vivre avec eux le plus harmonieusement possible, … tout en reconnaissant  que des traitements sont parfois indispensables

    “Tu as de la chance me dit-on “, ce qui me met hors de moi car j’ai tous mes problèmes d'octogénaire  comme eux! Plusieurs spécialistes me suivent, certains depuis plus de 30 ans, ils peuvent attester que je subis les « dégats » de l'âge.  Mais ils ont compris depuis longtemps que je n’attends pas une ordonnance comme un dû  et la plupart du temps, il ne m’en délivrent pas.

    il est vrai que pour beaucoup des soignants, la surmédication des personnes âgées est un phénomène normal;

    A ma mère qui est entrée en maison de retraite à 95 ans, on a demandé :” Que prenez vous?... Réponse... “rien  sauf pour mon diabète”, ce qui a entrainé, ...” Rien! Vous allez devoir rencontrer le médecin”. C’est vrai qu’il faut remplir le pilulier journalier ( matin, midi et soir!)

    A un ami octogénaire qui, lui aussi, a répondu... “rien”, le spécialiste, interloqué, a dit “ Rien , allons monsieur, ne mentez pas, que prenez vous?”

    J’ai pris conscience de ce phénomène dans les années 60. Jeune institutrice,  je voyais mes élèves entrer dans le cycle des médicaments avalés pour rien. La chimie prenait possession de notre vie et, la croyance en sa valeur devenait un culte, aussi bien en médecine qu’en agriculture.

     J’appelais mes petits “ la génération pénicilline/théralène”! et j’essayais de freiner les mères qui ne savaient que me dire “ son nez coule, il tousse ...je vais demander de la pénicilline au médecin “ et “ il s’agite le soir, il se réveille la nuit, je vais lui donner du théralène”

    On n’avait pas encore inventé “ les antibiotiques, ce n’est pas automatique” et l’institutrice que j’étais avait beau expliquer qu’il valait mieux garder les antibiotiques pour des choses graves et que le théralène, allait rendre leurs enfants accros aux somnifères, ... j’étais jeune  et pas auréolé d’un savoir médical!

    J’exerçais dans un tout petit village, la population  était paysanne et pauvre. Une de mes amies, institutrice en centre ville bourgeois, constatait le même engouement pharmaceutique que moi en ces années 60/70 et , aussi navrée que moi, elle expliquait sans succès.

     Le temps a passé... les parents de cette époque sont les octogénaires de maintenant, ce sont les boulimiques des petites pilules et leurs enfants cinquantenaires  …  sont devenus les plus gros consommateurs de tranquillisants du monde.