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Souvenirs - Page 17

  • Qui est Robert Chambeiron auquel je rends hommage?

    C’est tout à fait par hasard que j’ai appris le décès du dernier des participants à la réunion de création du Conseil National de la Résistance. On ne peut pas dire que les politiques de tous bords lui ont rendu hommage. Quant aux médias ils l' ont totalement ignoré.

    Qui était donc Robert Chambeiron, mort le 30 décembre 2014 à 99 ans.? Proche de Jean Moulin, il a d’abord pris part à de nombreuses missions dans le Nord au péril de sa vie. En mai 43, il est aux cotés des 16 représentants de divers courants politiques , religieux, unis dans les organisations de résistance pour créer ce « parlement résistant » sous la Présidence de Jean Moulin.

     

    On a bien oublié l’importance d’un des rares moments d’union où des Français ( oh! pas tous, il s’en faut) ont su faire taire leurs différences pour créer ce qu’on a appelé  « le modèle social français ». On a bien oublié  et voulu faire oublier aussi que communistes, gaullistes, catholiques, résistants de toutes idées et de toutes confessions se sont unis pour créer un modèle de démocratie.

     

    Au nom de l’ultralibéralisme mondialement ambiant, on  est en train de supprimer, de détricoter tout ce que ce Conseil de la Résistance à créé et … hélas! tout le monde l’ignore ou s’en moque!

     

    Cà désolait d’ailleurs Robert Chambeiron qui a publié, en 2014,  un très beau livre d’entretiens, «  Résistant » où il évoque ses souvenirs et son rôle. J’ai retrouvé  aussi un interview paru en 1993, où il écrivait «  Le CNR fut le point de rassemblement de tous les Français patriotes, qui se retrouvaient dans les valeurs permanentes de la République – la liberté, la justice sociale, la solidarité, le rejet de l’intolérance – et dans le même attachement à la souveraineté du pays.

    Aujourd’hui, les valeurs de la Résistance sont menacées…. le racisme est quotidien.  Nous devons nous unir, lutter avec fermeté et sans concession contre les résurgences du nazisme et du racisme.
    Une société est en péril lorsque le tissu social se déchire, quand la fracture s’élargit entre «
    le peu» qui ont trop et le «reste» qui a peu, quand la désespérance frappe une large fraction de la population. Sans justice, sans égalité, sans solidarité, la démocratie devient un mot vide de sens ».

     

    Qu’ajouter à cela? rappeler peut être le programme du CNR. Après avoir codifié les conséquences de la guerre et de la collaboration, on pouvait lire: 

    Grands principes:

    - rétablissement du suffrage universel ;

    -  la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

    -  la liberté de la presse,

    - le respect de la personne humaine ;

    - l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi.

    Economie

    - l’éviction des grandes féodalités économiques et financières

    - les nationalisations

    - le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales 

    Vie sociale

    - le droit au travail et le droit au repos

    - un rajustement important des salaires

    - la garantie du pouvoir d’achat

    - un plan complet de sécurité sociale

    - la sécurité de l’emploi, 

    - la retraite pour tous les vieux travailleurs

    - toute une politique pour monde agricole (assurance contre les calamités agricoles, établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, facilités d’accession à la propriété pour les jeunes)

     

    Et je terminerai par ce qui me tient toujours à coeur, les enfants et l’école: je cite: 

    « La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui en auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires. » .... Le contraire de ce qui se fait maintenant avec les portes  qui se ferment chaque jour davantage devant les "humbles!

     

    Pas une seule de ces propositions n’est acceptable sans restrictions pour ce XXIème siècle ou seul le fric régit le monde! Et voilà pourquoi la mort de Robert Chambeiron a été passée sous silence!

     

     

     

     

  • Apercu de la vie d'avant guerre!

    Ma dernière note pouvait faire croire que je n’accordais aucune valeur à une amitié virtuelle. Il n’en est rien… car je  m’inquiétais du silence de « Nathalie » qui n’avait posté aucun commentaire sur mon blog depuis quelques semaines. Le jour de l’An, ses voeux, en complément de  ma dernière note,  m’ont fait chaud au coeur et un réel plaisir! 

    C’est donc à tous mes lecteurs, fidèles ou occasionnels, que j’adresse les miens aujourd’hui, bien sincères, en les remerciant de lire les réflexions sur la vie et le monde d’une femme ordinaire de plus de 80 ans!

    Le monde a changé trop vite,  la télé, les ordinateurs, les consoles et maintenant les smartphones ont cloué  la majorité des hommes et des femmes des pays dits développés, devant leurs écrans, ignorant « la vraie vie » (comme a écrit la soeur de Mark Zuckenberg) et ne s’apercevant pas qu’autour d’eux vivent des êtres humains qu’ils serait bon de ne  pas ignorer.

    Mon enfance s’est passé dans un village de moins de 200 habitants, beaucoup de très petits cultivateurs, 2 commerces (une épicerie et un café), quelques artisans, quelques ouvriers qui travaillaient à une petite laiterie coopérative et des personnes âgées qui vivotaient avec un jardin et quelques volailles.  Dans cette communauté rurale, ma mère était l’institutrice de la cinquantaine d’enfants du bourg et des environs, une classe unique mixte sans concurrence d’une école privée.

    Peu de rivalités, tout le monde se connaissait, devinait  les difficultés des uns et des autres  et savait pratiquer l’entraide et la solidarité naturellement, sans l’appeler charité.

    Devant presque chaque maison un banc de bois incitait à s’asseoir pour bavarder. Les rencontres, les conversations étaient journalières On organisait autour de ce banc d’interminables veillées l’été pendant lesquelles les langues ne chômaient pas et le rire était de rigueur. Les enfants couraient et jouaient sur la route ( car il ne passait pas de voiture) jusqu’à ce que le train de 10h siffle au loin et mette fin a ce moment privilégié.  L’hiver, c’est autour de la cheminée qu’on s’invitait et là encore les conversations allaient bon train.

    L’autre lieu de rencontres était le puits communal où chaque femme du bourg venait au moins une fois par jour puiser un ou 2 seaux d’eau. Que de conversations, que de rires,  que de jeux  pour les petits qui les accompagnaient.

    Maintenant, des 19h,  chacun est enfermé dans sa petite boite scotché à son écran! Comment connaître l’Autre et l’aimer, même s’il vit sur le même palier? On a bien créé une fête des voisins mais sans grand succès et si j’en juge par mon quartier,  sans conséquence sur la convivialité dès le lendemain.

    J’ai cité le sondage des Petits Frères de pauvres à propos des «  vieux » qui n’ont pas plus de 4  vraies conversations par an. Devant l’école de mon village habitait un vieux monsieur handicapé qui chaque soir s’installait sur son banc lorsque 17 h arrivait. Et oui, pour les élèves, c’était un passage obligé… aller bavarder, rire et jouer autour de lui. Il est arrivé a ma mère,certains soirs d’hiver, de sortir  pour dire à ses élèves qu’ils allaient arriver à la nuit chez eux s’ils continuaient à tenir compagnie au «  père Colas ». Et il y avait d’autres personnes seules qui attendaient la sortie des écoliers pour vivre des instants au contact des enfants. De plus, on pensait à eux, par exemple, combien de fois, après avoir cueilli des fruits dans notre jardin me suis je vue chargée d’en porter à une personne seule à l’autre bourg du bourg avec mission de rester bavarder avec elle!   

    Impensable maintenant où la personne âgées est  ignorée par les actifs!

    Je veux enfin aborder un autre sujet, la mort! Elle faisait partie de la vie, on mourait chez soi, entouré de la famille, des voisins et des amis et les enfants n’étaient pas exclus des derniers instants d’un être cher. Oui, tout le monde savait d’instinct « apprivoiser la mort » et la vivre comme un passage obligé de la vie à … autre chose! Elle ne faisait peur à personne et on savait parler a ceux qui étaient dans le chagrin alors que maintenant , on les évite et ne sait quoi leur dire.

    Ma vie de petite campagnarde angevine n’était pas une exception, mon mari, bourbonnais avait eu la même enfance  faite de bancs et de puits et mon amie proche depuis notre entrée en 6 ème, il y a 71 ans,  a les mêmes souvenirs de sa jeunesse bretonne. 

    La solidarité d’une communauté,  l’intégration des personnes âgées à cette société et la reconnaissance de la mort comme un phénomène normal , voilà des choses qui n’ont guère leur place dans le monde occidental du XXIème siècle.

    Pourtant je vois autour de moi  de plus en plus d’initiatives individuelles isolées pour retrouver la « vraie vie ». Peut-être est-on en train de comprendre que vivre entouré  d’écrans et bientôt de robots n’est pas satisfaisant pour un être humain?

  • Amoureux Virtuels en Chine!

    La lecture d’un article de Courrier International m’a laissée songeuse.  Phénomène chinois, en pleine expansion: la location d’un « amoureux virtuel » ! 

    Un site, créé sur Internet, offre un service inédit:  on choisit son amoureux ou amoureuse sur «  catalogue »…. jeune fille au coeur tendre….lolita…copain type dominant … et même, Courrier International cite: “…. Une jeune fille sauvage, fraîche et savoureuse, vient de rejoindre notre menu de luxe. La dégustation est ouverte !” 

    On loue cet  amoureux pour la journée ou plusieurs jours mais il n’est pas conseillé de prolonger  une relation d’amour virtuel au-delà d’une semaine, dans l’intérêt des deux parties. Et impérativement, pas de rencontres!

    Les contacts ont lieu par SMS ou par téléphone, dans une conversation sans tabou où on peut tout se dire,  raconter ce qu’on a fait,  se plaindre de sa journée de travail, parler centre d’intérêt et gouts respectifs, musique ou cinéma, discuter, tout simplement. Il  s’agit de trouver une oreille attentive quand on a envie de se confier et quand on éprouve le besoin d’avoir de la compagnie. 

    En fait pour 3 à 5 € par jour, on achète une petite dose d’empathie! Les clients apprécient beaucoup qu’on leur souhaite une bonne journée ou une bonne nuit, qu’on leur dise de se couvrir car il fait froid ou qu’on leur rappelle de ne pas manger trop.

     

    En arriver à de pareilles extrémités montre combien ce monde souffre  de la solitude. Dans tous les pays, on a détruit la civilisation rurale qui soudait les familles, les voisins et engendrait surtout l’amité et la solidarité.   En Chine, il y’a des millions de célibataires, surtout citadins, et qui ne supportent plus la solitude et l’ennui. Le célibat est un vrai problème de société  et tous ces esseulés ont besoin de tendresse et d’attention. 

     

    Mais il y a une autre raison: c’est si simple de n’avoir plus besoin de rencontre, plus besoin de se connaître, de s’apprivoiser,  devenir des amoureux imaginaires sans complexes et changer facilement pour une ( ou un ) autre , sans reproches et sans conflits. Il suffit de se dire au revoir un soir et de mettre une note à son amoureux virtuel sur le site.

    Passer votre commande, comme d’un objet, d’un copain ou d’une copine ne  pose maintenant  aucun problème. Il est vrai que depuis que l’avatar  ( venu du bouddhisme) est l’incarnation numérique sur les sites internet et les réseaux sociaux, l’individu existe-t-il encore?

    Le site fait sa pub en ces termes :« Jeunes filles au cœur rose, vos doux sentiments ne sont-ils pas toujours brisés par la dure réalité ? Venez sur notre site, qui satisfera tous vos rêves d’amour !” 

     

    La génération Internet a  inventé ses followers sur Twitter, ses amis sur Facebook et maintenant ses amoureux loués à l’heure. Créer un être humain virtuel pour remédier au manque réel de  contacts humains leur apportera-t-il le bonheur?

     

    A l’autre bout de la vie, les Petits Frères des Pauvres viennent de  lancer un Manifeste International que j’ai signé, «  En France, 1 personne sur 4 de plus de 75 ans, n’a pas plus de 3 discussions par an!!! » Combien n’ont pas la possibilité de dire un mot pendant une semaine et plus, n’ayant pas vu «  âme qui vive ».

     

    Dans ma prochaine note , j’évoquerai la vie de mon petit village avant guerre, vie idyllique? sans doute pas pas,  mais où on parlait et échangeait chaque jour lors de rencontres  réelles.