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Souvenirs - Page 18

  • A propos de la vieillesse ( suite et ... peut-être fin!)

    Je parle souvent de la vieillesse sur ce blog car j'accepte mal la morosité de tant de mes amis. Aujourd'hui, un mois après la disparition d'un fils de 55 ans, je me me demande si on ne devrait pas considérer que c'est une chance d'arriver à  plus de 80 ans et s'efforcer alors de vivre ces années de grande vieillesse le mieux possible. 

    Un sondage réalisé par les Petits Frères de Pauvres dévoile qu'une personne de 75 ans sur 4 n'aurait pas plus de 3 conversations par an! La société actuelle ne donne pas facilement  la possibilité de participer à la vie sociale mais il faut savoir se battre pour s'y intégrer.

     

    Rester jeune à tout âge, n'est pas toujours synonyme de santé. Certains de mes amis gravement handicapés sont des modèles de curiosité d'esprit et de sérénité! Ils ont conservé le plaisir d'exister. Et surtout, ils ont su rester actifs et continuent  a apprendre toujours et encore pour conserver des neurones juvéniles. Et oui, s'intéresser aux nouvelles technologies, pas si rebutantes que çà,  ferait un bien fou à tant de personnes plus ou moins âgées, en leur ouvrant de nouveaux centres d'intérêts et en  et créant  des liens avec enfants et petits enfants!

     

    Mais la vieillesse fait peur, elle provoque angoisse et crainte. Comment vieillir  dans une société qui fait l'éloge de l'éternelle jeunesse ? Comment dépasser ce sentiment d'ennui et d'inutilité qu'expriment souvent les personnes âgées.

    Vieillir pour beaucoup c'est, comme disait ma grand mère, " tomber du côté où on penchait"; les tendances naturelles s’affirment, deviennent plus nettes, et c’est pourquoi les défauts, plus évidents, deviennent pour l’entourage plus difficiles à ignorer, et donc à supporter. Mais pourquoi est ce les défauts qui s'affirment et pas les qualités?

    On critique souvent  le nombrilisme des "petits vieux". serait-il si difficile de travailler sur soi pour ne pas juger mal tout ce qui vient des générations qui nous suivent? Garder le souci de l'Autre, l'empathie est un rempart contre la solitude? Et puis, au temps de mon enfance, tout le monde avait "apprivoisé" la mort, terme de toute vie. Pourquoi la craindre, la cacher et vouloir la nier?

     

    Sur un blog, j'ai trouvé une note très tonique intitulée, " Impatient d'avoir 80 ans"  avec cette jolie phrase: " La jeunesse n'est pas un droit, la vieillesse n'est pas une faute"

    Et l'auteur ajoute: "A 80 ans, vous avez une longue expérience de la vie : pas seulement de votre vie, mais aussi de la vie des autres. Vous avez vu des triomphes et des tragédies, des victoires et des défaites, des révolutions et des guerres, de grandes réussites et de grandes catastrophes. Vous avez vu des théories s’imposer, puis être renversées par la réalité des faits. Vous êtes plus conscient de la fragilité des choses, et plus ému devant la beauté, la fragilité, l’innocence. A 80 ans, vous pouvez regarder les événements de loin et mettre l’Histoire en perspective d’une façon qui n’est pas possible plus tôt".

    C'est ce qu'exprimait  Victor-Hugo, resté un vieillard jeune et heureux, dans ces paroles:  "L'avantage de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges". 

    Sur un autre blog,  j'ai trouvé cette autre belle phrase: "Aujourd'hui c'est le premier jour de la vie qui me reste".

    Belle vérité à condition de faire en sorte  que cette vie puisse encore être heureuse.!

  • Sauve-toi, la vie t'appelle ( suite)

    Dans «  Sauve toi, la vie t’appelle », certaines  phrases m’ont particulièrement  frappée: « Un lycéen est à l’âge d’exaltation si grande qu’il peut accepter de mourir pour une cause qu’il n’a pas eu le temps d’étudier. » Et aussi : « Les grands garçons des classes terminales étaient presque tous engagés dans des luttes sociales » .  

    En 40, les premiers résistants, ceux qui ont répondu a l’Appel dès le 18 juin, étaient souvent des jeunes de 15 ou 16 ans, plus déterminés que leurs parents qui acceptaient l’idée de la défaite et l’occupation. Et beaucoup d'entre eux , des chrétiens qui militaient dans les JEC, des communistes, dans les Jeunesses Communistes ont été déportés dans les camps ou tués sous les balles des peloton d’exécution.

    Par contre, de l' autre côté,  il y avait ceux qui,  au même âge, s'engageaient dans les Waffen SS ou  suivaient Doriot et le Parti Populaire Français et acceptaient la collaboration..

     

    Quelles étaient les centres d’intérêt, les sujets de conversation des jeunes de cette époque? On sait que la philosophie, la poésie,  les arts, le cinéma, et la politique ont joué un rôle important dans le développement des enfants pauvres qui avaient la chance d’entrer au lycée . Edgar Morin dit avoir découvert  la politique en 5 ème, à 13 ans!. 

    Boris Cyrulnik  affirme: « Nous nous engagions dans des discussions très au-dessus de nos moyens. Ce que je viens d’écrire est faux:  nous avions les moyens. » 

    Et il raconte qu’ils trainaient les rues en évoquant Picasso,  Eluard, il parle d’un ami, qui, en sixième, démontrait  que le progrès scientifique n’avait pas que des bénéfices et il cite la lettre  écrite par un autre: «  Soyons fort et courageux dans le monde qui s’ ouvre à nous. Il faut que nous réussissions à créer ce dont le monde rêve, l’égalité entre les hommes, la liberté de conscience, la suppression des classes. » Il s’appelait Charles Law et avait… 13 ans!

    Il explique l’influence du communisme après la guerre auprès des jeunes. «  Le communisme me paraissait la seule noblesse : l’URSS avait écrasé le nazisme, le communisme parlait d’égalité de lendemains qui chantent , et de paix sur le monde. Pendant ce temps, les Américains faisaient la guerre en Corée, puis au Vietnam où ils lançaient du napalm sur les villages de paysans. Devant un tel choix auriez-vous hésité? »

     

    Je me reconnais dans tout ce qu’a écrit B Cyrulnik. Je n’étais pas juive, j’avais peu souffert de la guerre, j’étais une petite provinciale mais la vie dans mon lycée, l’influence de nos professeurs et de nos amis, étaient en tous points semblable à ce qui est décrit dans ce livre. 

    Mon adolescence a été faite de culture, de poésie et de musique, de philosophie et de politique, (la vraie, pas cet espèce de conflit permanent entre des hommes qui se haissent et qui ne rêvent que de mise à mort comme à la corrida) !. Le Conseil de la Résistance alliait  la droite et la gauche, De Gaulle invitait les communistes à marcher avec lui. Et nous les jeunes nous admirions toutes ces conquêtes qui allaient changer notre vie. 

    Nous n’avions pas cours le samedi après-midi et au coin de deux rues saumuroises, les pensionnaires nous ayant rejoint, nous refaisions le monde des après-midi entiers. Notre groupe comportait autant de filles que de garçons, Nos conversations étaient d’une haute tenue, le respect envers les filles allait de soi et je n’ai jamais entendu une phrase vulgaire ou sexiste!  Nous faisions partie d’un ciné-club, sous l’égide d’un professeur, nous venions de créer une association des « amis de l’Unesco », nous étions ouverts a d’autres pays, d’autres cultures, d’autres civilisations et nous étions persuadés que notre monde, né de la guerre, serait merveilleux! C’est vrai que le communisme nous attirait tous car, issus  de familles modestes, nous pensions qu’il élèverait le niveau culturel, intellectuel des «  masses populaires » comme on disait, et de plus, amènerait une société plus juste financièrement.

     

    Nous n’avions pas imaginé que le capitalisme et son frère l'ultra libéralisme allaient nous rattraper et nous imposer le monde que nous connaissons où la culture et la réflexion,  justement, ne doit surtout pas être l'affaire de tous! 

     

     

     

  • "Sauve-toi, la vie t'appelle", le livre qu'il faudrait lire!

    Depuis plusieurs années, j’ai l’habitude de choisir mes lectures après avoir téléchargé un extrait du livre sur ma tablette par l’intermédiaire d’iBooks  ou de Kindle. C’est un excellent moyen de ne jamais être déçu.

     

    Dans les années 2000, avec «  Un merveilleux malheur » j’ai  découvert Boris Cyrulnik et compris vraiment le sens du mot résilience. A la sortie, en 2012  de  « Sauve toi, la vie t’ appelle », récit autobiographique, j’ai téléchargé un extrait, j’ai emprunté le livre à ma bibliothèque puis je l’ai acheté. 

    Ma vie de petite fille de la guerre n’a rien eu a voir avec les drames qu’il a vécu et pourtant que de similitude dans notre manière de ressentir les évènements, que de comportements similaires après guerre. 

    Ma mère qui avait 8 ans en 1914 comme j’avais 8 ans en 1940 a affirmé jusqu’à sa mort que les « enfants de la guerre » n’avaient jamais la même perception que les autres de la vie. Je le crois aussi et la maturité des sujets d’intérêt, des conversation que nous avions au lycée étaient  à cent lieues de celle des jeunes ados de 2014.

     

    J’ai préparé 2 notes sur ce livre. Celle -ci traite de la compréhension du nazisme et elle éclaire aussi  la situation actuelle dans le monde.

    « Je n’avais pas de haine pour les Allemands car j’avais déjà compris que ce qui les avait rendu cruels ce n’était pas la méchanceté, c’était leur soumission à une théorie absurde. Cioran a écrit «  Tant qu’une institution s’appuie sur des instincts forts, elle n’admet ni ennemis, ni hérétiques: elle les massacre, les brule  ou les enferme.  Bûchers,  échafauds, prisons ! Ce n’est pas la méchanceté qui les inventa,  c’est la conviction n’importe quelle conviction totale »

     

    Boris Cyrulnik se demande comment un être humain peut souhaiter la mort de milliers, de millions de personnes. Et il écrit: » Lorsque l’on croit détenir le vrai, la société parfaite, …. les autres, différents , nous souillent  et détruisent notre utopie en ne récitant pas nos prières et nos slogans. Il n’est pas des nôtres, donc il nous détruit. A mort l’étranger, le Nègre, le Juif, le fou,le sidaÏque, l’autre, le différent, qui ne pense pas comme nous! » … «  Au nom de la Morale, il faut éliminer, torturer ou rééduquer tous ceux qui, par leur différence, sont des blasphémateurs »

    A la Morale, j’aurai ajouté  la Religion et tout serait dit. 

    Quand on est sur de détenir la VERITE, on peut "détruire l’autre, le différent avec désinvolture, sans culpabilité ni honte ». 

     

    J’ai rarement lu des mots aussi forts et aussi vrais. Hélas, aujourd’hui,  religions, pays, ethnies ne semblent connaître que ce langage et ne savent adopter que cette attitude de destruction!