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Souvenirs - Page 14

  • Plongée dans la France rurale

    Et oui, nous sommes repartis! Cette note à été écrite le 30 juillet, quand sera-t-elle publiée? je la confie à Internet mais, à nouveau, nous alternons zones et grises ( 1barreau Edge) et zones blanches ( "vous n'êtes pas connectés à Internet. Réessayez".... Merci du conseil!)

    Pas envie de mer, de foule, de tourisme de masse, donc nous avons pris le chemin des Charentes et du Limousin dans cette campagne si belle où nous nous retrouvons, avec étonnement presque seuls.

    Et selon notre habitude,  nous passons de nombreuses heures sur nos vélos pour découvrir de villages en villages, églises,  châteaux, sites  gallo-romains, et une infinité de petites curiosités qui pimentent les kilomètres souvent si durs dans cette région très accidentée.

    Nous sommes partis depuis trois jours et je traîne déjà une nostalgie latente  du passé. Pas si lointain ce passé  car lorsque j'ai commencé, seule le CCar, il y a 30 ans, j'ai souvent parcouru cette région et posé les  roues de mon fourgon sur ces places de marché ou d'églises.

    Le temps a passé, la campagne se  dépeuple, les villages se meurent. Nous étions hier à Chirac, joli petit village qui met à la disposition des camping-caristes une aire de service avec un parking où tout est gratuit y compris l'électricité et ceci à deux pas de la mairie et d'un joli petit parcours de promenade. Accueil sympathique des 2 employees de la mairie/office de tourisme  qui m'expliquent  que l'école est fermée malgré un ramassage scolaire gratuit, que la tentative d'ouvrir un bar tabac épicerie restaurant à échoué deux fois malgré la mise à la disposition des locataires de locaux bien accueillants, en face de la salle polyvalente et qu'il n'y a ni artisan, ni commerçant, ni producteur!

    Sur la porte de nombreuses maisons fermées, on lit  le panneau "à vendre". Quant aux fermes abandonnées,  il n'y a même pas "à vendre" la maison , les dépendances se dégradent,  s'effondrent peu à peu  alors que parfois, des instruments agricoles rouillent dans les cours. Pas de repreneurs! Pourtant de nouveaux lotissements se construisent, ce sont des "rurbains", qui travaillent  ailleurs, emmènent leurs enfants à l'école ailleurs et ne font  pas vivre les villages.

    J'aimerais acheter dans ce village ou tout le monde nous parle et nous sourit, mais il n'y a rien! À notre départ un homme  qui travaille dans son jardin nous fait un grand signe de la main avec un sourire, nous n'avons pas l'habitude  de ce comportement quand nous quittons nos Parkings. 

    Et nos balades à vélo nous font découvrir aux alentours de nombreux villages de ce type, où la municipalité met pourtant tout en œuvre pour garder le village vivant, sans succès.

    Que va devenir cette civilisation rurale qui a été si dénigrée et qui recelait une telle richesse.... bon sens, convivialité, entraide, connaissance et respect de la Nature,   une vie ou les individus avaient leur place.

     Et combien je comprends la colère des agriculteurs qui n'ont plus leur place dans une société pour qui les animaux sont devenus du minerai et oû le bétaiĺ entassé par centaines, parfois milliers de bêtes, pucé et connecté n'a d'existence qu'en terme de rendement! 

    Il me souviens de la découverte, il y a quelques années, d'une grande et superbe ferme abandonnée en haut d'un mamelon avec une vue superbe sur ses terres environnantes! Sur le mur longeant la route des plaquettes fixées les unes à côté des autres " grand prix du Comice agricole" et ce des années d'après la guerre de 14 jusqu'aux années 2000! Abandonné et ruiné ce travail de toutes ces générations, qui ont façonné et entretenu la Nature en la respectant. 

    Et je trouve cela bien triste.

     

  • Faut-il encore écrire à la main? question beaucoup plus essentielle qu'on peut le croire!

    De plus en plus souvent on parle de la fin de l’écriture à la main. On a affirmé que la Finlande avait  imposé l’apprentissage de l’écriture directement au clavier mais c’était en fait c’était l’écriture scripte ( lettres séparées) qui avait été remplacé l’écriture cursive ( lettres attachées). Dans mon lointain passé d’institutrice de CP, il m’est arrivé d’accueillir des enfants venant d’une école maternelle où l’on écrivait en  scripte ils n’ont eu aucun problème pour attacher leurs lettres. On peut effectivement privilégier l’une ou l’autre écriture.

     

    Il n'en va pas de même pour le clavier comme vecteur d'apprentissage de l'écriture. Car le rôle du corps n’est plus essentiel. Abandonner l’écriture manuscrite,  pour beaucoup, ce sont des  des avantages, un progrès et la modernité surtout!

    Les neuroscientifiques ne sont pas exactement du même avis.

    jean- Luc Velay, chercheur en neurosciences au CNRS,  écrit d’ailleurs: «  Le geste d’écrire permet de se créer une mémoire sensorimotrice spécifique à chaque lettre. Cette mémoires du geste se réactive en situation de lecture en même temps que la représentation visuelle des lettres. Apprendre à écrire à la main facilite l’apprentissage de la lecture ».

    Et Edouard Gantaz, chercheur lui aussi en neurosciences au CNRS  affirme qu’ apprendre à lire relève d’un processus complexe qui associe trois formats visuels audio  et sensorimoteur et ajoute « en écrivant à la main on maximise les chances de mémoriser les lettres d’autant que la main est le seul organe comportant un aussi grand nombre de récepteurs sensoriels ».

    Et tous ces chercheurs disent qu’on perdrait la mémoire sensorielle si utile pour comprendre et retenir.

    De plus, des expériences montrent que l’écriture à la main apprend à coordonner ses mouvements et que ceux qui écrivent ainsi sont  beaucoup plus habiles rapides et créatifs dans les travaux manuels.

     

    C’est bien que j’ai constaté avec les petits qui m’ont entouré pendant tant d’années. Un petit bonhomme avait écrit une suite de mots sans pouvoir la lire et m’avait dit « Je ne sais plus comment ça s’appelle mais ma main  sait l’écrire ». Il y’a donc bien une mémoire de la main.

    Et les étudiants la connaissent bien cette fameuse mémoire, ils savent  que prendre des notes permet synthèse, compréhension et mémorisation. Je pense que la plupart font encore comme les étudiants de ma génération:  révisions en vue des examens avec papier et crayon à la main car  tout ce qui a écrit est mieux retenu.

     

    Je terminerai, par une histoire personnelle, à l’autre bout de la vie. Ma mère, érudite en beaucoup de domaines, avait rempli maints cahiers et classeurs de la  belle écriiture cursive des gens du début du 20ème siècle. Elle a continué jusqu’à sa mort à 98 ans! Les dernières années, dans les conversations, elle ne trouvait pas toujours les mots pour exprimer ses idées mais, disait-elle «  ma main ne m’a jamais fait défaut. Je peux écrire des heures sans chercher mes mots, j’ai l’impression que la partie restée jeune de mon cerveau est au bout de mes doigts! ». 

     

    Faut-il se priver de cette intelligence sensorimotrice? la question est posée pour les générations futures…. mais puisque on affirme que des algorithmes régiront leur vie, auront-elles encore besoin de penser???

     

    Pourtant je crois que l’écriture est la base de toutes civilisation. Ecrire, c'est transmettre le savoir.

    c’est est un  « acte fondateur de l'homme . Supprimer le support physique de l'écriture est le plus grand danger qui nous guette. Sans mémoire, nous ne sommes plus rien. Nous devons accepter le progrès, mais le progrès ne doit pas nous aliéner. »

     

    "Cela fait froid dans le dos", juge Danièle Dumont, docteur en sciences du langage " L'écriture manuscrite est absolument indispensable à la liberté. Écrire à la main permet de garder une liberté de production. On peut garder un document".

    Et elle exprime une crainte:

    "Il suffirait demain de couper le courant pendant 3 jours, et si personne ne sait écrire à la main personne ne peut consigner quoi que ce soit, personne ne peut plus communiquer. De plus,  puisque tout est connecté, rien ne peut être caché et rester personnel ».

     

    Encore un sujet sur lequel l’humanité devrait s'interroger

     

     

     

  • Une école Montessori dans les années 1920? mais oui, çà existait!

    C'était le sujet de l'édito, sur  L'Age de Faire,  le mois dernier : l'histoire invraisemblable de l'institutrice qui a dû quitter l'enseignement public parce qu'elle obtenait de trop bons résultats dans sa classe de maternelle. 

    Gennevilliers, zone d' Éducation Prioritaire, et des gamins de moins de six ans, lisant  en mettant le ton et calculant collectivement, grâce à des manipulations de cubes,  des divisions a 4 chiffres. Origine et cultures différentes, tous les enfants avaient de leur propre chef appris à lire, étaient  épanouis, sereins,  et avaient le goût de l'entraide.

    Leur institutrice Céline Alvarez avait recréé dans sa classe l'environnement pédagogique élaboré par Maria Montessori, dans les années 1900, méthode enrichie des connaissances des dernières "neurosciences affectives cognitives et sociales"! 

    Au bout de trois ans,  l'Education Nationale a mis fin à ce beau projet car elle a estimé que cette expérience "mettait des enfants en très grande réussite scolaire ce qui risquait  de leur poser des difficultés par la suite"! 

    Hélas l'institutrice à renoncé à enseigner en école publique.

     

    J'ai cru rêver  en lisant ces lignes , et j'ai voulu en savoir davantage. Recherche sur Internet,  sur des sites de l'éducation  et autres et j'ai du me rendre à l'évidence, tout cela était réel. 

    Pourquoi est-ce que je tiens raconter cela sur mon blog?...c'est une histoire personnelle!

     

    En 1923 ma mère est reçue à l'Ecole Normale de la Roche sur Yon, ou elle passera ses trois années de formation. A cette époque, et pour une cinquantaine d'années  encore, attenant à l'Ecole Normale, il y a une école primaire et une maternelle,  appelées "Ecole Annexe". Il fallait être reconnu comme un excellent enseignant pour y  postuler puisque c'était dans ces classes que les élèves-instituteurs apprenaient leur métier et était  en observation ou en stage plusieurs fois par semaine. 

    Or, en ces années 20,  la directrice de l'école maternelle  employait la méthode de Maria Montessori. Une classe avec des ateliers libres, du matériel sensoriel approprié  pour un développement naturel de l'enfant et un apprentissage de l'ordre, du langage, du mouvement et aussi  du raffinement sensoriel, ce qui avait beaucoup étonné ma mère. . Attitude de retrait de la maîtresse, autocorrection, entraide, là   encore il y avait de quoi étonner les futures institutrices. 

    Me mère en parlerait mieux que moi, mais j'ai souvenir de certains récits qui me semblait ahurissants,  lorsque je me formais, moi aussi,  à la carrière d'institutrice. 

    Elle affirmait que les résultats étaient à la hauteur des intentions et elle était restée marquée par cette classe au point que, sans  suivre cette méthode, elle s'est inspirée de certains principes pendant sa carrière

     

    Et oui,  le temps a passé, on parle beaucoup de l'égalité des chances mais on fait tout pour que ça ne marche pas. Maintenant on oblige une institutrice qui sort des normes a démissionner, au début de XXème siècle, certains osaient offrir  aux futurs enseignants un modèle " révolutionnaire" et aux dires de ma mère , le Directrice de l'Ecole Normale pensait que cette voie était l'avenir.

    Les Normaliennes entendaient aussi beaucoup parler de Decroly, un belge médecin, pédagogue et psychologue de la même époque. Lui aussi essayait de faire évoluer l'école "réservée à une élite vers une école adaptée à tous les enfants y compris les enfants en difficulté... L'éducation, disait-il, est un moyen privilégié de faire évoluer la société d'ensemble et pour ce faire il faut revoir l'ensemble de l'école". 

    Quel  beau rêve!  qui fut le rêve d'une génération d'entre les 2 guerres. Aujourd'hui, en  France,  l'école est une des plus inégalitaires des pays de l'OCDE et l'écart entre les meilleurs et les plus mauvais se creuse d'années en années.

    " Inégalitaire, trop académique, pas pertinent", voilà ce  que le Directeur de l'Education de l'OCDE, dit du système français. Et il ajoute " Il n'est pas attractif pour les enseignants!"

     

    Punir un enseignant qui obtient d'excellents résultats en s'éloignant du chemin bien balisé qu'il doit suivre semble incompréhensible. Et il est normal que ce ne soit guère attractif beaucoup d’enseignants! 

     

    Le plus curieux, c’est que l’image de l’école du passé, c’est les bras croisés, le piquet,  les cheveux tirés, les coups de règle sur les doigts! Cà me révolte! j’ai connu si peu de ces instituteurs là. Par contre , aux dires de 4 enseignants d'aujourd'hui, qui me sont proches, ma mère et moi nous sommes permis des quantités d’initiatives qui seraient interdites aujourd’hui!

    Peut-être les raconterais-je dans une autre note!