C'était le sujet de l'édito, sur L'Age de Faire, le mois dernier : l'histoire invraisemblable de l'institutrice qui a dû quitter l'enseignement public parce qu'elle obtenait de trop bons résultats dans sa classe de maternelle.
Gennevilliers, zone d' Éducation Prioritaire, et des gamins de moins de six ans, lisant en mettant le ton et calculant collectivement, grâce à des manipulations de cubes, des divisions a 4 chiffres. Origine et cultures différentes, tous les enfants avaient de leur propre chef appris à lire, étaient épanouis, sereins, et avaient le goût de l'entraide.
Leur institutrice Céline Alvarez avait recréé dans sa classe l'environnement pédagogique élaboré par Maria Montessori, dans les années 1900, méthode enrichie des connaissances des dernières "neurosciences affectives cognitives et sociales"!
Au bout de trois ans, l'Education Nationale a mis fin à ce beau projet car elle a estimé que cette expérience "mettait des enfants en très grande réussite scolaire ce qui risquait de leur poser des difficultés par la suite"!
Hélas l'institutrice à renoncé à enseigner en école publique.
J'ai cru rêver en lisant ces lignes , et j'ai voulu en savoir davantage. Recherche sur Internet, sur des sites de l'éducation et autres et j'ai du me rendre à l'évidence, tout cela était réel.
Pourquoi est-ce que je tiens raconter cela sur mon blog?...c'est une histoire personnelle!
En 1923 ma mère est reçue à l'Ecole Normale de la Roche sur Yon, ou elle passera ses trois années de formation. A cette époque, et pour une cinquantaine d'années encore, attenant à l'Ecole Normale, il y a une école primaire et une maternelle, appelées "Ecole Annexe". Il fallait être reconnu comme un excellent enseignant pour y postuler puisque c'était dans ces classes que les élèves-instituteurs apprenaient leur métier et était en observation ou en stage plusieurs fois par semaine.
Or, en ces années 20, la directrice de l'école maternelle employait la méthode de Maria Montessori. Une classe avec des ateliers libres, du matériel sensoriel approprié pour un développement naturel de l'enfant et un apprentissage de l'ordre, du langage, du mouvement et aussi du raffinement sensoriel, ce qui avait beaucoup étonné ma mère. . Attitude de retrait de la maîtresse, autocorrection, entraide, là encore il y avait de quoi étonner les futures institutrices.
Me mère en parlerait mieux que moi, mais j'ai souvenir de certains récits qui me semblait ahurissants, lorsque je me formais, moi aussi, à la carrière d'institutrice.
Elle affirmait que les résultats étaient à la hauteur des intentions et elle était restée marquée par cette classe au point que, sans suivre cette méthode, elle s'est inspirée de certains principes pendant sa carrière.
Et oui, le temps a passé, on parle beaucoup de l'égalité des chances mais on fait tout pour que ça ne marche pas. Maintenant on oblige une institutrice qui sort des normes a démissionner, au début de XXème siècle, certains osaient offrir aux futurs enseignants un modèle " révolutionnaire" et aux dires de ma mère , le Directrice de l'Ecole Normale pensait que cette voie était l'avenir.
Les Normaliennes entendaient aussi beaucoup parler de Decroly, un belge médecin, pédagogue et psychologue de la même époque. Lui aussi essayait de faire évoluer l'école "réservée à une élite vers une école adaptée à tous les enfants y compris les enfants en difficulté... L'éducation, disait-il, est un moyen privilégié de faire évoluer la société d'ensemble et pour ce faire il faut revoir l'ensemble de l'école".
Quel beau rêve! qui fut le rêve d'une génération d'entre les 2 guerres. Aujourd'hui, en France, l'école est une des plus inégalitaires des pays de l'OCDE et l'écart entre les meilleurs et les plus mauvais se creuse d'années en années.
" Inégalitaire, trop académique, pas pertinent", voilà ce que le Directeur de l'Education de l'OCDE, dit du système français. Et il ajoute " Il n'est pas attractif pour les enseignants!"
Punir un enseignant qui obtient d'excellents résultats en s'éloignant du chemin bien balisé qu'il doit suivre semble incompréhensible. Et il est normal que ce ne soit guère attractif beaucoup d’enseignants!
Le plus curieux, c’est que l’image de l’école du passé, c’est les bras croisés, le piquet, les cheveux tirés, les coups de règle sur les doigts! Cà me révolte! j’ai connu si peu de ces instituteurs là. Par contre , aux dires de 4 enseignants d'aujourd'hui, qui me sont proches, ma mère et moi nous sommes permis des quantités d’initiatives qui seraient interdites aujourd’hui!
Peut-être les raconterais-je dans une autre note!