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Souvenirs - Page 11

  • Les 11 novembre d'avant 1939, souvenirs de mon enfance

    J'ai déjà publié cette note, il y a quelques années, mais il n'est pas inutile de rappeler ce que cette date représentait pour les enfants devant guerre.

    Poilus, grande guerre! Voilà des mots qui n'évoquent plus grand chose, il ne reste plus de Poilus et les personnes nées en 1914 sont plus que centenaires! Il ne reste qu'un recueillement rituel sans résonance au fond des coeurs.

    Pour les enfants du tout petit village de mon enfance, le 11 novembre, était un jour férié. Mais nous étions dans la classe à… l’heure habituelle, endimanchés, et... les bras chargés de fleurs.
    La municipalité organisait une cérémonie au Monument aux Morts avec la participation des enfants de l'école, une classe unique d'une cinquantaine d'élèves de 4 à 14 ans dont ma mère avait la charge.
    Nous arrivions donc, après avoir dépouillé les jardins de leur dernière parure... et ramassé dans les bois et les fossés branches et graminées, tout ce qui nous paraissait digne de figurer dans nos bouquets.
    Chacun déversait sa moisson sur une grande table, dans un brouhaha inhabituel en ce lieu puis, par souci d’égalité, chacun choisissait sa part. Après, le "travail" se faisait individuellement mais les grands aidaient les petits. Les garçons n’étaient pas moins habiles que les filles et certains étaient de véritables artistes. Enfin, les élèves de « Fin d’Etudes » découpaient avec art des papiers crépons pour embellir les présentations. Ma mère avait un mot, un geste pour chacun: elle nous apprenait l'art floral en y mêlant ses souvenirs de guerre, une guerre qu’elle avait vécu de 8 à 12 ans en aidant de son mieux sa mère. Mon grand père avait été mobilisé le 4 aout 1914, il est rentré à la maison … en juin 1919

    Nous partions en rang par deux, chacun tenant son bouquet droit dans une main, silencieux et graves.
    Devant le petit cimetière cerné par les bois, le monument aux Morts nous attendait, le Conseil Municipal formant une haie d’un côté, de l’autre, une grande partie du village. Le maire, qui n'était pas un orateur, disait ... quelques mots en « hommage à nos valeureux soldats »
    Puis le « clairon », debout devant le monument jouait de son mieux, hélas, il n’arrivait jamais à tenir les notes longues de la sonnerie aux Morts. Dans l'air frais du matin, les sons s'étiraient, de plus en plus faux, mais çà ne faisait sourire personne.
    Venait ensuite la longue minute de silence pendant laquelle nous n’osions ni bouger un pied, ni tourner la tête!
    Restait un moment important pour nous: la récitation d'un beau texte. D'une seule voix, nous entonnions

    " Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie
    Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie!" ....etc...
    ( V Hugo)

    A la fin, un vieux conseiller après avoir reniflé en nous écoutant, sortait son mouchoir, s'essuyait les yeux et... se mouchait bruyamment. Et nous retenions nos rires car il pleurait aussi le jour de la fête des prix lorsque nous chantions!
    Un par un, nous nous inclinions devant le monument pour déposer nos fleurs et repartions dans un rang un peu désarticulé.
    Retour en classe, rangement des tables, balayage... un " au revoir, à demain" et chacun repartait, beaucoup d’entre nous pour un trajet de plusieurs km à pied, par des chemins de terre ou au milieu des bois
    J'aime évoquer le souvenir de ces 11 novembre si lointains. Nos grands pères avaient été des combattants et nous avait raconté leurs souffrances, nos parents avaient grandi dans un monde en guerre et nous accomplissions une célébration, un devoir de mémoire et de reconnaissance. Ceux qui nous entouraient répétaient souvent « plus jamais çà, plus jamais de guerre! »...
    Et, nous , les enfants, étions persuadés que "nos morts" (comme on disait) avaient bâti un monde de paix!
    Hélas, 1939 arrivait à grands pas et tout allait recommencer.

    Aujourd'hui, on se "gargarise" en disant qu'il n'y a plus de guerre alors que les conflits sont partout et que les gens "s'étripent" au nom d'une religion, d'une "race", d'une "différence". L'humanité ne doit pas avoir la faculté de s'améliorer

     

     

  • Les conséquences du GPS sur la pensée humaine!

    Cinq semaines de pérégrinations à travers la France, peu de notes sur ce blog, et me revoici devant mon ordinateur.

    Commençons par un sujet léger : les "joies" procurées par un GPS. Après avoir cru que c’était une solution à toutes les recherches, je ne m’en sers quasiment plus sauf pour pointer ce qu’il fait d'aberrant. .. ou pour trouver une adresse dans une ville.

    L’autre jour nous allions de Six Fours les Plages à Arles et j’avais mis le GPS, non comme pilote mais pour contrôler au cas où, dans cette région très urbanisée, nous aurions des doutes sur la direction a prendre. 

    Entrée de Sanary, à droite le panneau Michelin ( vert)  « Avignon Arles ». Mon GPS n'est pas d'accord et nous dit d’ aller tout droit et d’entrer en ville. Comme nous n’obeissons pas, nous avons droit a plusieurs «  Faites demi-tour dès que possible» avant qu’il ne reprogramme notre parcours . 

    Nous décidons alors de suivre les panneaux et de surveiller ce que fait le GPS. Eh bien, nous avons droit  à une direction autre celle du panneau 9 fois! Et c’est une vingtaine de fois que nous entendons la fameuse phrase: «faites demi-tour dès que possible ».

     

    Imperturbablement nous suivons les panneaux, et arrivons à Arles sans problème.

    Je sais qu’il y a 1000 chemins pour aller d’un point à un autre mais je n’avais pas programmé le plus court, ni parcours touristique et  je n’avais pas indiqué de passer par un point précis. Pourquoi une telle différence avec les panneaux Michelin qui doivent tout de même indiquer un itinéraire logique?

     

    J’ai repensé alors à la réflexion d’une amie qui a des enfants de 25 à 30 ans et qui me confiait qu’ils  ne savaient pas lire une carte. Ce ne sont pas des illettrés, ils ont même une situation fort correcte. La perception de l’espace est donc complètement abolie?

     

    De retour chez moi, j’ai voulu creuser la question. Car mes enfants  se déplaçaient seuls ou a vélo des 6 ou 7 ans, savaient  aller  d’un point A a un point B grâce a des repaires  et ne se perdaient pas à 500m de chez eux comme les enfants d’à présent, ai-je lu sur une étude médicale … parce qu’ils ne se déplacent jamais seuls et … toujours en voiture! 

    Mes petits élèves  ruraux, erraient dans la campagne en parfaite sécurité  et savaient s’orienter sans problème. 

    Quant à un de mes petits fils, il m’a servi maintes fois de navigateur en Camping car et ,dès 8 ans, carte en main, savait indiquer quand et où il fallait tourner, sans jamais une erreur!

     

    Tout ce travail de notre cerveau est confié maintenant à une machine qui prend les décisions à notre place. Je trouve cela inquiétant, et je ne suis pas la seule à m’inquiéter:

    - «  Plus il est facile de savoir où je vais, moins je me souviens comment j’y suis arrivé ». indique un article de «  Internet Actu- Blog le Monde ». Et on ajoute:

    La perte de notre capacité de repérage spatiale, son déport dans nos mémoires numériques, commence à inquiéter les experts. Plusieurs études soulignent que la navigation par GPS a généralement un effet néfaste sur la capacité des utilisateurs à se souvenir des environnements qu'ils ont traversés ou à reconstruire le parcours d'une route.

    Toru Ishikawa, géographe et cogniticien comportemental à l'université de Tokyo estime que les utilisateurs de GPS subissent une perte de mémorisation de leur parcours de l'ordre de 20% par rapport à ceux qui n'utilisent pas le GPS.

     

    - Internet-Actu-Net écrit: La pensée spatiale nous aide aussi à structurer, intégrer et nous rappeler des idées. C'est une compétence fondamentale. Or, Les systèmes de navigation mobile fonctionnent comme des oeillères, réduisant le paysage à la largeur de la rue . Et le GPS demeure un outil maladroit. Trop souvent, il concentre le trafic sur les voies les plus simples et les plus accessibles, préférant mathématiquement un itinéraire plus court (en distance comme en temps) mais plus chargé à un autre à peine plus long, mais déserté. Les algorithmes ont également encore bien du mal à calculer l'errance urbaine,

     

    Se fier à son GPS, c’est s’exposer à bien des déboires et détruire un sens de l’orientation acquis au fil du temps depuis l’apparition de l’homme sur terre

     

    Mais  la plus belle histoire, je l’ai trouvée sur la Dépêche du 11 mars 2015. « Le chauffeur d'un autocar belge devait emmener un groupe de skieurs à La Plagne, en Savoie, Il a donc programmé  cette station sur son GPS…. Il a effectué un détour de 1 200 km en s'orientant vers le cirque de la Plagne en Ariège situé sur les contreforts des Pyrénées, à plus de 600 km de la station de la Tarentaise où il devait se rendre »

    Et le journaliste de conclure « N’empêche, rien ne vaut une bonne vieille carte pour trouver sa destination, le GPS n'étant pas performant au point de faire la distinction entre les trois Plagne en question ».

     

    C’est bien aussi ma conclusion, aussi, j'ai vite abandonné mon GPS, j’ai ressorti ma bonne vielle carte … je me perds moins souvent et je m’énerve beaucoup moins. Mais je crois, et crains  que les jeunes nés, dans cette civilisation,  deviennent esclaves de leur GPS,  smartphone, objets connectés, de parfaits robots en somme!

  • Comme ils ressemblent aux refugiés de mon enfance, les migrants d'aujourd'hui!

    Mes réfugiés

    Je suis tres sensible au problème des refugiés car je n'ai jamais oubliés les " miens", ceux de mon enfance! Comme Pierre Weil, l'exode de la guerre 39/44 m'a marquée pour la vie! 
    Ils n'étaient pas migrants étrangers, ceux que j'ai connus en 1940 et 44 mais étaient jetés sur les routes par une guerre qu'ils n'avaient pas plus souhaitée que nos refugiés d'aujourd'hui et ils la  subissaient de plein fouet'
    C'est en mai 40 que dans mon minuscule village angevin j'entends parler des Ardennes.
    - Dès 1930 des plans d'évacuations pour les populations proches de la frontière allemande avaient été préparés en prévision d'une éventuelle attaque. Deux départements avaient été choisis pour les Ardennes : la Vendée et les Deux Sèvres.
    - Le 10 mai 1940 Hitler lance son armée sur la Belgique en direction de Sedan. Les populations ardennaises fuient vers le sud. Des millions de personnes sont brutalement jetées  sur les routes de l’évacuation. La Vendée va accueillir 82 000 réfugiés ardennais et les Deux-Sèvres 71 000.
    Mais il faut arriver jusque là, c'est à pied que la plupart des familles vont parcourir des centaines de km, mitraillées, mangeant a peine et harassées.
    C'est ainsi que mon village voit arriver un contingent de refugiés pour lesquels les habitants  vont organiser un hébergement fournir des vivres afin de leur permettre d'aller plus loin. 
    Je viens d'avoir 8 ans et je n'oublierai jamais que mes parents vont garder quelques jours une pauvre jeune fille d'un vingtaine d'années qui avait son neveu de 3 ans en garde lors de l'exode. La jeune fille ne savait pas faire de vélo mais, au départ, des voisins lui en avaient prêté un pour que  son neveu voyage sur le porte bagages. Des centaines de km plus loin elle était capable de rouler mais ne sachant rien de sa famille et de la mère du garcon, elle fuyait vers la Vendée, fatiguée et malade! quant au petit, de quoi s'était-il nourri? il était en piètre état et pleurait sans cesse.  Mes parents les ont soigné quelques jours, puis mon père qui avait une voiture pour son métier a conduit cette "gamine" son neveu et son vélo en Vendée ou elle a été accueillie par mes grands parents vendéens en attendant qu'on statue sur son sort. 
    Je n'ai jamais oublié ces pauvres gens et je pense que les migrants d'aujourd'hui sont aussi malheureux que ceux d'antan

    J'ai suivi le parcours des Ardennais en Vendée, il y a toujours une association qui écrit: "Des contacts entre les "deux civilisations" sont nés  bien évidemment des frictions, mais aussi, et c’est l’essentiel, un enrichissement mutuel.Des rencontres de football et des représentations théâtrales ont été organisées conjointement par les réfugiés et leurs hôtes, bien souvent au profit des prisonniers de guerre. Quand, avec bien des difficultés, les  Ardennais reprendront le chemin du retour, pour la plupart à
     la fin de l’année 1941, de nombreux liens affectifs auront été tissés avec leurs hôtes, liens qui, malgré le temps n'ont jamais faibli"
    Et voici la fin de la guerre!

    Moins connu que le gigantesque exode de mai-juin 1940 qui jeta sur les routes plusieurs millions de Français lors de l’invasion allemande, celui de l’été 1944, ne frappa que la  Basse Normandie mais constitue un phénomène massif à l’échelle régionale.

    Par dizaines de milliers, hommes, femmes, enfants, vieillards, malades furent jetés sur les routes, à pied, en charrette, emmenant parfois avec eux leurs vaches. Les uns ont pris spontanément cette décision pour fuir les combats. D’autres ont été contraints au départ par les ordres d’évacuation donnés par l’armée allemande au fur et à mesure de son recul.

    Seules ou en convois des familles entières partent au hasard ou, plus fréquemment, empruntent les itinéraires fixés à l’avance par l’administration de Vichy. Beaucoup s'arrêtent dans la Mayenne et le Maine et Loire, certains iront beaucoup plus loin encore, vers la Vendée ou le Massif central.

    Le périple n’est pas sans danger car les routes sont constamment sous le feu de l’aviation alliée qui ne distingue pas toujours les civils des soldats.

    Et c'est ainsi que mon petit village accueillit à nouveau des refugiés .. de Caen et sa région cette fois et mes parents se retrouvèrent au cœur de leur désespoir. 

    J'ai 12 ans et je pense souvent encore a cette famille arrivée avec 2 enfants sur 3! Et oui, lors d'un mitraillage, le plus grand qui avait à peu près mon âge s'était enfui... et personne ne l'avait retrouvé. On peut imaginer le chagrin des parents! Mort leur fils? errant dans un campagne inconnue? recueilli et protégé? 

    La famille est restée dans ce village qui l'accueillait avec tant d'empathie et finalement, s'y est installée. De leur maison, de leur quartier près de Caen, il ne restait rien! 

    Et un miracle a eu lieu, 2 ans plus tard, ils ont retrouvé leur fils qui avait été retrouvé par les Américains, placé dans un centre d'hébergement puis dans une famille!

    Alors quand je vois les réticences de tant de Français je dis : " Noirs, jaunes, rouges ou blancs, chrétiens, musulmans, bouddhistes ou athées, tous les enfants sont les mêmes, toutes les mères éprouvent  les mêmes, sentiments et sont capables des mêmes actions pour protéger leurs enfants et pour survivre à la barbarie du monde!"

    Alors dire" on est entre  nous, laissez les dehors" me semble le pire des égoïsmes!