Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Des jugements différents sur l'islamisme. (3)

    On oublie de parler de notre rôle dans cette région et à ceux qui évoquent notre attitude pas très reluisante, on objecte que " cela n'a rien a voir"! .... Voire,  si j'ose dire!

    C'est dans la bouche du Général Pinatel, que j'ai trouvé cette analyse, assez dure pour les politique français, européens, américains de tous bords Ce général, lui aussi docteur science politique actuellement consultant en géostratégie, estime que la situation actuelle résulte de la déstabilisation de toute une région. Et il écrit;

    « Erreur stratégique des dirigeants européens et américains avec l’attaque de l’Irak, de la Syrie, de la Lybie. Déstabilisation du régime laïc d'Assad en Syrie, qui n'est certes pas le meilleur des chefs d'Etats, mais qui luttait comme le faisaient Saddam Hussein et Kadhafi en leur temps contre ce fondamentalisme islamique et le terrorisme qu'il inspirait. Croire qu'au Moyen-Orient, où se joue depuis trois siècles une lutte religieuse sans merci entre les différents courants de l'Islam, on pourrait remplacer les dictatures par des démocraties est une méconnaissance totale ou une arrogance immense.
    La fin du califat par la prise de Mossoul se fera au mieux en 2017, mais la prédication wahhabite ne s'arrêtera pas pour autant et trouvera toujours dans nos sociétés occidentales, où la perte de valeurs et de repères est immense, des jeunes pour se convertir et vouloir mourir en martyr.


    Le problème de nos sociétés occidentales est d'avoir oublié d'où elles venaient et croire que la laïcité et la démocratie étaient de nature à éradiquer l'extrémisme religieux. Mais cela ne serait possible que si nos sociétés et nos dirigeants étaient vertueux »

    J'ai été heureuse de lire ce texte car çà me semblait clair depuis longtemps. J'étais en Libye en aout 2005, sous le régime de Khadafi, je faisais partie du premier charter touristique dans ce pays, sous l'égide de Point Afrique. J'avais écrit ma pensée en 2 notes publiée sous le titre Libye le 16/08/2011 et A propos de la Libye le 1/11/2011. Et lorsque je regarde mon film, les larmes me viennent aux yeux: un pays où nous avions été si bien accueillis et nous nous sentions si bien!

    On peut les relire en cliquant sur le titre.

  • Des jugements différents sur l'islamisme. (2)

    C’est à Raphaël Liogier que que je donnerai maintenant la parole. Philosophe et sociologue, lui aussi docteur en sociologie et science politique, il est spécialiste des religions.

    Il distingue 2 sortes d’islamisme, donc d’islamistes:
    ""- D’un côté, un nouveau fondamentalisme, avec des gens qui refusent notre civilisation, se mettent en retrait, et qui sont communautaristes. Ils s'habillent avec de longues tuniques ou un voile intégral pour les femmes. Ils croient que leur foi leur impose de supprimer les mécréants.
    - Et puis, il y’a ceux qu’il appelle les nouveaux "ninjas de l'islam". Des individus avec de moins en moins de rapport à l'islam, mais auxquels le marketing génial de Daech fournit l'opportunité d'exister en grand. Ce sont ces individus qui sont la cible du recrutement de Daech et de sa nouvelle manière d'envisager le terrorisme.
    Qui sont-ils? surtout des criminels de droit commun, des caïds ratés, fragiles psychologiquement. A Nice, on a encore un individu frustré, obsédé par la musculation, amateur d'alcool, de femmes. Tous adhèrent à cette grande utopie, mise en image par Daech, du type qui est un raté et qui peut devenir d'un seul coup un super-héros. Daech n’a même plus besoin de mettre en place des projets d'attentat, cela se fait sans eux. Et on le comprend dans la revendication tardive des attentats.


    Alors qu’il perd pied dans les combat, l’EI devient une sorte de cyber-califat. Il gagne dans les consciences grâce à l'angoisse qu'il réussit à nourrir dans l'espace public en France. Le capital exploitable de Daech, c'est la dissension civile, le racisme, la suspicion de tous contre tous. J'en tiens pour preuve certains débats, comme sur l'interdiction de l'arabe dans les mosquées, alors qu'il n'y a pas un jihadiste qui parle l'arabe classique, ou la polémique sur la «  mode islamique » alors que cette mode est justement critiquée par les fondamentalistes.


    On s'est complètement gourés. Notre véritable ennemi, ce n'est pas l'islamisme. Il faut se demander pourquoi il y a ces jeunes qui adhérent à cette idéologie sans être en lien avec l'Islam. On arrive à une situation où vous pouvez mettre 10 000, 20 000 policiers en plus... vous n'empêcherez pas quelqu'un de pousser quatre personnes sous le métro dans un moment de délire motivé par l'idéologie jihadiste.


    Il faut arrêter les fumisteries, cette histoire de radicalisation, ce processus qui regarde spécifiquement l'islam. Il faut mettre en place un grand observatoire national voir européen des identités, avec psychiatres, sociologues, islamologues, spécialiste d'internet... pour essayer de comprendre ce qui se passe.""

    J'adhère totalement a cette dernière phrase, chaque jour, en lisant les réactions officielles, j'ai envie de proposer à nos dirigeants une année d'études en psychologie ou, et c'est aussi formateur, une année dans un Cours Préparatoire comme je l'ai fait toute ma vie d'institutrice pour enfin comprendre quelque chose à l'être humain. 

  • Des jugements différents sur l'islamisme (1)

    Il y a longtemps que j'ai fait mienne cette pensée de Spinoza " Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas haïr, mais comprendre". Il semble que dans le monde actuel, c'est au contraire " condamner et hair sans comprendre" puisque, dans les médias les plus écoutés, on n'a droit qu’a une seule présentation  des évènements et de leurs implications. Et surtout lorsqu'il s'agit d'islamisme. Pourtant, on a la chance en ce XXIème siècle,  quand on "fouine" sur Internet de découvrir une autre analyse. C'est ce que j'ai fait et j'ai choisi 5  extraits d'articles ou d'interview de personnalités qui ont gardé la faculté de réflexion.Il y en aura un par jour sur ce blog.

    C’est par les extraits d’un interview de Gilles Kepel, paru dans Challenges que je commencerai la présentation des avis qui divergent de ce que nous donne à entendre la «  grand-messe » des médias.
    Qui est Gilles kepel? Diplômé d’arabe et de philosophie, docteur en sociologie et en sciences politique, c’est un spécialiste de l’Islam politique. Il est correspondant régulier au Monde, au New York Times, a des journaux espagnols italiens et à plusieurs médias arabes.

      Le titre de l’article: «  Notre classe politicienne est nulle". Le jugement est terrible. Surtout quand il est prononcé, par une autorité reconnue comme le spécialiste du djihadisme Gilles Kepel. Et il continue: « Débat minable, pas du tout à la hauteur du défi. Notre classe politicienne est nulle face à cela, elle donne le sentiment de courir derrière l'événement, d'être intéressée surtout par ses chamaillerie ». Elle ne comprend pas l’ennemi dont le fonctionnement est pourtant transparent: "le logiciel de ce terrorisme-là n'a toujours pas été compris par le pouvoir politique, quel qu'il soit (...) On est dans une autre dimension »

    D’autre part, elle ne discerne pas l’objectif, présent pourtant en toutes lettres dans les textes mis en ligne depuis 2005 par ce djihadisme de troisième génération: « il faut épuiser les forces de l'ordre et il faut faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile entre enclaves de confessions différentes …. Le problème français? Déni de l’histoire. Refus de la réalité. Fuite. Dérobade à droite ou à gauche, à l’extrême droite et à l’extrême gauche. Combien d’autruches béates, la tête enfouie dans les caves de la Ligne Maginot avec des idéalités infantiles? »

    Pour les dirigeants le premier devoir, c’est la franchise. « Informer le pays, le renseigner, ne pas ruser, ne pas dissimuler ni la vérité ni les difficultés ; ne pas éluder ou ajourner les problèmes, car dans ce cas, ils s’aggravent ; les prendre de face et les exposer loyalement au pays, pour que le pays comprenne l’action du gouvernement ». (Paru dans Challenges).