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  • Retour à l'école de Jules Ferry? Est ce raisonnable? (2)

    Je ne pensais pas écrire un nouveau texte au sujet de l’école aujourd’hui. Mais ce matin j’ai entendu qu’un directeur d’école sur deux avait été agressé en 2013 par des parents qui n’étaient pas satisfaits de la manière dont ils faisaient travailler leurs enfants, d’une réprimande qu’ils leur  avait faite ou d’une punition qui leur avait donnée. Et cette agression verbale peut aller jusqu’à la violence physique !

    Dans les années 1950/1970, les parents doublaient souvent les punitions que je me donnais , imposaient souvent eux mêmes des lignes à copier  quand ils  jugeaient que je n’avais pas été assez sévère et combien de fois, quand ils venaient me demander ce que je pensais de leur enfant, la conversation se terminait par une paire de gifles bien appliquées. Beaucoup étaient d'excellents parents et de remarquables éducateurs malgré leur pauvreté et leur ruralité!

    Je vais donner les références de 3 textes écrits sur ce blog, après une rencontre en février 2008

    Choc du Passé: choc-du-passe.html

    Histoires poue enseignants: histoires-pour-enseignants-des-annees-2000.html

    Fin de l'histoire: fin-de-l-histoire.html

     

    Penser que le retour à l’école de Jules Ferry avec sa discipline, ses exigences, sa culture de l’effort et de l’obéissance et il faut bien dire, souvent du rabâchage ne serait pas plus accepté par les élèves que par leur parents car droit de tout faire, de tout critiquer et de tout contester au nom de la liberté individuelle est la caractéristique de notre société actuelle.

  • Retour à l'école de Jules Ferry? Est ce raisonnable?

    J’ai été heureuse de trouver un texte de Mona Ozouf, historienne, à propos de l’école de Jules Ferry, cette école  dont il est de bon ton de réclamer le retour  à grands cris. Tout ce qu’elle a écrit est le reflet de ce que je pense.

    « Quand les parents et la société ne soutiennent plus l'autorité des maîtres et que les savoirs sont sur internet, invoquer un retour à l'école de Jules Ferry est une chimère anachronique ….. une méconnaissance de l’histoire et une illusion ».

    Ce qui est drôle; c’est que J Ferry fut en son temps haI  par la droite. On  l’accusait d’avoir chassé Dieu des écoles , de dresser des individus et de réaliser un génocide culturel puisque les programmes étaient les mêmes pour tous. Maintenant c’est la droite qui réclame un «  retour aux valeurs oubliées de l’école républicaine ».

     

    Ferry avait légiféré pour une France rurale ou famille, école, église imposaient toutes de normes autoritaires. Mes camarades de classe, mes premiers élèves étaient presque tous des enfants de petits cultivateurs. Lorsqu’ils arrivaient à l’école, ils n’avaient entendu que le bonjour de leurs parents ( pas de télé, pas de radio, souvent pas d’électricité). Levés tôt, ils avaient soigné les poules et les lapins, parfois les cochons car c’étaient leur rôle. Ils avaient marché, 4 ou 5 km souvent, dans la forêt et dans des chemins qui longent les champs et les prés. Rien ne les avait énervé, rien ne les avait distraits et quand l’instituteur prenait la parole chacun était attentif et … intéressé. Car l’école seule dispensait la culture, le savoir. Que de fois ai-je entendu des parents me dire «  il faut qu’il travaille bien à l’école, si vous saviez comment je regrette de ne pas savoir grand chose. Il ne faut pas hésiter à le punir » Et eux mêmes le corrigeait à chaque manquement!

     

    On se rend bien compte qu’en 30 ans tout a basculé. Une mère d’élève m’a dit en 1980 : « c’est votre faute si elle ne  travaille pas comme elle devrait, vous êtes toujours en train de la contraindre » . Il faut dire que, lorsque je disais « dictée » par exemple,  cette petite me répondait « j’ai pas envie », n’ouvrait pas son cahier et se couchait sur sa table. Milieu aisé, bourgeois, catholique, cette réflexion d’une mère que j’estimais m’avait complètement déboussolée. Et depuis, çà a largement empiré! 

    Aujourd’hui  les normes scolaires ne sont soutenues ni par les familles, ni par la société, mais sont au contraire l’objet permanent du soupçon et de la contestation. L’ école avait été conçue en songeant au bien commun, avec un souci du collectif qui est très éloigné des "consommateurs d’école" d’aujourd’hui, qui en attendent tous un bénéfice « personnel et particulier ».

     Internet est passé par là, tous les savoirs sont à notre disposition immédiatement et sans contrainte , même pas l’obligation de les retenir puisqu’on peut le retrouver quand on veut. L’école de Jules Ferry véhiculait des valeurs d’attention, d’efforts et de patience, des mots qui n’ont plus tellement de sens aujourd’hui. Et je pense qu’il y une incompatibilité radicale entre l’école Jules ferry et les jeunes d’aujourd’hui.

    « Intentions malfaisantes de pédagogues, méthodes inadaptées? ». Et reconnaître simplement que le monde a changé, que nos enfants sont des mutants, qu’ils évoluent très vite et que ce que leur propose l’école les intéresse peu! Je me souviens des fins de journées où ma mère nous montrait des images du monde dans le stéréoscope de l’école. Moment magique ou nous découvrions en relief les montagnes, les fleuves, Paris et ses monuments et nos colonies. Chacun croisait les bras dans un silence absolu en attendant que son voisin lui passe le merveilleux appareil …. et il y avait de 45 à 50 élèves dans la classe de 4 à 14 ans! Une de mes petites filles qui fait du soutien scolaire dit que son enfance n’a rien eu de commun avec celle des enfants d’aujourd’hui, qu'elle ne se reconnaît pas du tout en eux …. et elle n’a que 25 ans!

    Le torrent d’images, de rumeurs,  d’informations qui se déverse sur les jeunes et occupe beaucoup plus d’heures que celles passées en classe, devrait  être canalisé, orienté,  expliqué et ramené à sa juste importance. Bref il faudrait inventer une culture des nouvelles technologies et sur l'information, une réflexion sur leur utilité et leur mode d’emploi, faire un effort d’éducation.

    Proposer les recettes du passé et invoquer l’âge d’or de l’école républicaine, quand on a déboulonné la figure du maître et du professeur,  est une stupidité qui ne mènerait nulle part!

     

  • Pourquoi j'apprécie le Pape François!

    J’ai eu envie d’écrire cette note après avoir lu un article du Nouvel Obs où 2 professeurs d’économie critiquent vertement les paroles  du pape François au sujet du libéralisme. Le titre de l’article: « Le pape François se veut clairement anti-libéral, au nom du respect de la personne humaine et il a tort ». 

     

    Il est vrai qu’il ne mâche pas ses mots le pape François quand il dit: « Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres ! » quand il donne les titres suivant aux paragraphes d’un texte important   « Non a une économie de l’exclusion… non à l’idolâtrie de l’argent… non à l’argent qui gouverne  au lieu de servir…non a la disparité sociale qui engendre la violence » Les pages de cette exhortation apostolique «  Evangelii Gauduim » sont très belles et devraient être connues!

    C’est un réquisitoire contre le monde actuel : «  Il n’est pas possible que, quand une personne âgée réduite à vivre dans la rue meurt de froid, ce ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en  bourse en soit une. … On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand des personnes souffrent de la faim…. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Conséquence : de grandes masses se voient exclues et marginalisées, sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie…. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route, et même promu, la culture du “déchet”. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau …Les exclus ne sont pas des 'exploités', mais des déchets, des 'restes »

    On comprend que les économistes américains l’ait appelé le pape marxiste.

     

    Son jugement sur l’Eglise est féroce: 

     Il critique les « mondanités » au sein de l'église. dit les prêtres « onctueux, imposants et présomptueux » et affirme que « l’Église mondaine vit repliée sur elle-même et pour elle-même »

     

    Dans les problèmes de société, Il prône ainsi l'ouverture, la miséricorde et l'accompagnement de l’Église catholique vis-à-vis des personnes divorcées, homosexuelles ou encore des femmes qui ont un subi avortement expliquant que « l'ingérence spirituelle dans la vie des personnes n'est pas possible » Et il affirme avoir rencontré « de nombreux  marxistes qui étaient des gens biens », Il ne manque pas de courage pour affirmer ce qu’il croit, par exemple,  se permettre de consacrer ce dernier vendredi saint à la prière pour les familles touchées par la mafia , et entre autres, « promettre l’enfer aux mafieux »

      

    De plus, il fustige  la dictature de la pensée unique qui  « prend des pierres pour lapider la liberté des peuples, la liberté des consciences » et ajoute « Actuellement il faut penser d’une certaine manière, et si tu ne penses pas comme cela, tu n’es pas moderne, tu n’es pas ouvert ou pire.»

     

    « Notre culture est une culture  de l'égoïsme, de l'individualisme…  du bien-être et de l'indifférence". Et sa volonté c’est « le retour à la parole de l’Evangile qui prône simplicité et pauvreté »

     

    Premier pape jésuite, premier pape non européen depuis le  VIII ème siècle, fils d’immigrés italiens qui travaillait  pour se payer des études de technicien en chimie,  il a un passé très différent des principaux membres de la Curie. Quand il choisit son nom, François ,en hommage à Saint-François-d’Assise qui combattait pour les pauvres , la justice, la paix, le respect de toute vie, c’est déjà tout un programme. Et il est normal qu’il refuse la pompe et les ors qui accompagnent son titre. 

    Le Times l’a nommé « homme de l’année », ce qui semble étonnant. Les non-croyants l’apprécient pour sa lucidité et son courage. Car ces préceptes sont universels, les mêmes dans toutes les religions, toutes les philosophies: ce sont l’Amour et le respect de l’Autre, le droit à la Différence, l’aide à tous les faibles, les humiliés, les rejetés. Est ce bien ce qu’on constate actuellement?

     

    Le jour de son élection j’étais chez un couple ami, catholiques très engagés dans l’aide à tous les exclus, autour d’eux et dans des associations lointaines. Ils savaient le rôle de Jorge Mario Bergoglio en Argentine et après avoir apprécié ses idées, ont conclu notre conversation par ces mots « Vous verrez, un jour, on le fera disparaître, il dérangera trop! »