Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Réflexions - Page 81

  • Histoire de crépidule!

     

    Crepidula_fornicata_01.JPG

    Originaire d'Amérique du Nord, la crépidule appelée  « Crepidula fornicata », par Linnée en  1758 , a colonisé depuis une cinquantaine d'années la plupart des côtes de Bretagne. Aujourd’hui bien implantée et formant souvent des populations denses, la crépidule occasionne des gênes importantes aux pêcheries et induit de profonds changement d’habitat et des écosystèmes dans le milieu marin

     « Crepidula fornicata » traversa d’abord l’Atlantique, de la côte est des Etats-Unis jusqu’en Angleterre, à la faveur d’un transfert d’huîtres, croît-on. Et, lors du débarquement de 1944, elle arriva en Normandie. Depuis, à  force de transférer des huîtres d’un pays ou d’un bassin à l’autre, de draguer et de chaluter à tout va, Crepidula s’est implanté partout.

    Le golfe normand-breton doit en abriter, aujourd’hui, entre un et deux millions de tonnes au bas mot. En baie de Saint-Brieuc , les colonies forment désormais des croûtes calcaires et vaseuses là où les pêcheurs draguaient jusqu’à présent la coquille Saint-Jacques. En baie du Mont-Saint-Michel 15 ans après  leur arrivée, on en comptait 150 000 tonnes. 

    «Crépidula fornicata! Pourquoi "fornicata?" Ce coquillage en forme de bonnet phrygien est hermaphrodite. Mâle au début de sa vie, il devient femelle au bout de deux ans. Sa stratégie de reproduction est imparable. Il vit en colonie d’une dizaine d’individus, superposés les uns aux autres. Lorsqu’une crépidule vient se coller à une autre, le sexe de la première se transforme. Si bien que sur une colonie d’une dizaine d’individus, d’une durée de vie de dix ans, les femelles se situent à la base, les mâles au sommet. Les uns fécondent les autres. Une femelle pond environ 10 000 œufs trois fois par an. Et la famille est rapidement démesurée. C'est maintenant le premier coquillage français.( Terra Eco 11/20913). 


    Elle se nourrit de phytoplancton comme nos coquillages, mais nourrir un tel tonnage de crépidules se fait au détriment de nos huitres, modules, coques etc

    Il ne faut pas penser se débarrasser de cet intrus. On l’a d’abord dragué et laissé en tas malodorant sur le rivage puis on a pensé le valoriser. On a essayée le  transformer en amendement calcaire. Un navire aspire les crepidules qui sont séchées et broyées pour faire ce qu’on appelle du bicarbonate marin, mais Ifremer a constaté que la vitesse de recolonisation est relativement élevée en dépit des efforts de récolte. 

    Pendant longtemps on a dit que « ça ne se mangeait pas » et puis on a gouté et constaté que, pas trop cuite elle a un fumet de champignon. et de noisette. Et cela fait une chair congelée à moins de 4€ le kg.

     

    On l’a donc baptisé  « berlingot de mer ».  On commence a trouver des recettes sur Internet, les élèves du lycée hôtelier de Dinard en ont d'ailleurs mis au point et meme les chefs étoilés commencent à la proposer à leurs clients. Amener les gens à l’aimer, toucher le marché étranger serait utile car dit un pêcheur de la baie du Mont St Michel," on en remonte 15  tonnes à chaque sortie. On pourrait y aller tous les jours, on en aurait toujours autant»,. A l’heure où l’agro-industrie bretonne est en souffrance, la perspective d’un gigantesque, et durable, gisement de produits de la mer semble alléchante.

     

    Jusqu’à présent, je ramassais une crépidule, faisait rire mes amis en racontant leur moeurs sexuelles résumées à «  toutes les fois ou l’une monte sur l’autre, elle change de sexe», maintenant j'essaierai d'en faire un plat acceptable.

  • L'aventure du Tara Tari

    Il y a longtemps que je voulais parler du voilier Tara Tari et je trouve que cette période de début de vacances est tout à fait propice à ce genre de récit. Une amie m’avait  parlé de ce bateau singulier et j’ai voulu connaître son histoire.

    Tara Tari est un voilier construit en toile de jute ( 40%),  polyester et matériaux de récupération, inspiré par les barques traditionnelles des pêcheurs du Bangladesh. C’est une alternative économie et écologique à la fibre de verre.

    Corentin de Chatelperron, qui l’a conçu, est d’ailleurs allé plus loin puisqu’en février 2013 il a mis à l’eau son nouveau bateau, 100 % jute.  le « Gold of Bengal »

    Cet ingénieur français vit au Bengladesh, pays qui fournit 80 % de la production de jute, matière qui, malheureusement , n’est plus très utilisée aujourd’hui. Il a voulu démontrér que le jute est résistant et peut devenir un matériau technique dans la construction navale ou dans le mobilier. De plus, c’est une solution écologique, économique et sociale qui pourrait relancer cette industrie.

    La navigation à bord de Tara Tari est basée sur la simplicité volontaire ou sobriété heureuse, une philosophie que résume bien la phrase Antoine de Saint Exupéry: "La perfection ce n'est pas quand on ne peut plus rien ajouter, mais quand on ne peut plus rien retirer"

    Dans ce petit bateau de 6,5m de long sur 2 mètres de large et très bas sur l'eau, il y a  quelques entrées d’eau,   on ne peut pas s'asseoir dans la cabine, ni même se mettre debout. Ses feux de navigation, une plaque de photovoltaïque…. son mat, une tuyauterie de cargot.  … sa voile, du coton.

    Corentin de Chatelperron. en 2010 a ramené son bateau en France: un jeune homme de vingt-six ans sans notion de navigation en solitaire à la voile, un bateau construit en six mois avec de la fibre de jute et des matériaux de récupération, quatorze mille kilomètres du Bangladesh à la France, six mois de navigation des rives du Gange vers La Ciotat , voilà qui nous change des courses en mer du XXIème siècle.

     

    Depuis 2011, c’est Capucine Trochet qui navigue sur ce petit bateau en forme de banane. Pas  d'électronique. Capucine s'est juste équipée d'une VHF portable, d'un sextant, du matériel de sécurité, des cartes en papier et … de conseils des pêcheurs, Il n’y a a bord que l’essentiel.

    Elle abandonne sa famille, son métier de journaliste, s'éloigne de tout confort pour répondre à l'appel de l'océan. Atteinte d’une maladie orpheline qui l’a obligée a de nombreuses opérations et l’a condamnée a vivre quelques temps dans un fauteuil roulant, elle a trouvé dans le bateau et l’aventure une thérapie efficace,

    « Je ne suis pas là pour défier la mer, je la respecte énormément. Je n'ai rien non plus à me prouver, juste l'envie de naviguer avec une philosophie différente et d'utiliser mes sens pour sentir le vent, comprendre le mécanisme des étoiles... Faire corps avec l'environnement qui m'entoure … C'est vraiment revenir à une vie simple, altruiste, de respect et pleine d'humilité …Une vie inspirée par la Nature."

    Voilà de bien belles paroles!

    À notre époque du « toujours plus » et du matérialisme débridé  il est réconfortant de trouver des jeunes qui savent revenir à l’essentiel. Comme avait dit un de mes fils adolescent

    «  Il vaut mieux vivre ses rêves que rêver sa vie »

     Voici le blog de Capucine

     

  • Réflexions sur le comportement humain face au dérèglement climatique

    Il y a quelque temps, nous parlions avec des amis «  réchauffement et dérèglement climatique » et je disais qu’il était du devoir des états d’informer les gens, et de les responsabiliser. Pour moi, ce rôle d’éducation était indispensable et devait porter ses fruits en amenant les gens à réfléchir 

     Certains affirmaient:

    - il est bien difficile de changer les habitudes 

    - de toutes façons,  les gens n’y croient pas  

    - il ne faut pas leur dire la vérité ( maintenant plus personne ne met en doute le dérèglement climatique) car cela risquerait de les paniquer 

     

    Restée avant tout institutrice, je crois encore aux vertus de l’éducation appuyée sur une information juste et sincère. 

    J’ai voulu savoir ce que sociologues et psychologues  pensaient à ce sujet et j’ai découvert des extraits d’un livre passionnant de Stanley Cohen, « Les états de déni: Connaître les atrocités et la souffrance » ( sociologue et criminologue né a Johannesburg, membre de la British Académy, mort en 2013.)

    Il impute cette capacité à nier une réalité  à une réaction normale de l’individu dans une société saturée d’informations. D’après lui, « loin d’amener les gens à admettre la réalité, elle les en extrait ». La dénégation de la réalité fait intervenir un paradoxe fondamental, à savoir que pour dénier quelque chose il est nécessaire, à un certain niveau, d’en reconnaître l’existence et les implications morales. 

     Lorsque l’énormité et la nature du problème sont si exceptionnelles que l’individu ne possède pas les mécanismes naturels lui permettant de les admettre, il pense, comme le dit  un vieil adage allemand : «  les choses qui sont pour nous impossibles moralement ne peuvent exister. »

    La psychanalyse, dans ses recherches sur les mécanismes de défense, met en évidence les stratégies dont peuvent user les individus pour tenter de résoudre ces conflits intérieurs : refuser avec colère et catégoriquement de reconnaître le problème (déni psychologique), rechercher des boucs émissaires (passage à l’acte), adopter un comportement de gaspillage délibéré (action réactionnelle), projeter leur angoisse sur un problème totalement étranger mais maîtrisable (déplacement), ou bloquer l’information (suppression). 

    Au regard de l’histoire ,lorsque les générations suivantes veulent comprendre pourquoi leur ascendants sont restés passifs devant telle ou telle évolution, guerre, atrocité, alors qu’ils étaient informés,  leurs dénégations ont toujours été  : « Je ne savais pas », «Je n’y étais pour rien », « Je n’ai rien pu faire », ou « Personne d’autre n’a fait quoi que ce soit », L’histoire prouve assez qu’un surplus d’information risque même d’intensifier le déni.

     

    Si on applique ces constatations au changement climatique, rien ne changerar car on entendra: «C’étaient les gens qui roulaient avec de grosses voitures, les Américains, les entreprises, les pays lointains  etc etc…  Et, est ce que c'est vrai?». À ce stade je constate que l’homme est toujours resté l’enfant de la cour de récréation de CP pour qui c’est  toujours la faute de l’autre. «  C’est pas ma faute, maitresse, c’est lui qui…. »

    La simple information ne peut combattre la dénégation de la réalité.  Les dossiers même s'ils apportent des preuves irréfutables, n’y changeront sans doute rien. 

    A propos des atrocités, des guerres, des génocides, le siècle dernier a été marqué  par un aveuglement massif. Rien n’oblige le XXIème siècle à en faire autant pour le sort réservé à notre planète. Quel évènement faudrait-il pour une prise de conscience de tous?

     

     

    (Sources Le livre STOP, paru en 2003, pour  faire le point sur les grandes problématiques environnementales de la planète et où 25 personnalités apportaient leur vision d’un monde meilleur et leurs solutions pour y parvenir. )