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Réflexions - Page 51

  • Pourquoi tant de murs dans le monde?

    Aux infos de 20 heures, hier soir, j’ai vu Angela Merkel huée par la foule, alors qu’elle arrivait dans un centre d’accueil pour migrants, après les incendies et les agressions des semaines passées. Une partie des hommes des pays favorisés souhaiterait vivre derrière des murs où les intrus ne pourraient pas pénétrer. Il y a quelques temps j’avais réuni une documentation sur les murs dans le monde, il m’a semble que c’était l’occasion de la mettre ne forme.

    21 000 km de murs frontières s’élèvent pour tenir à l’écart l’Autre, le Différend qui ose s’approcher de « notre pays », murs qui s’édifient de plus en plus nombreux chaque jour

    En 1961 s’élevait le « mur de la honte » qui séparait les deux Allemagne. Qui se souvient qu’en novembre 1989 quand il s’effondra, on célébra l’avènement d’un monde  nouveau, ouvert et fraternel,  où tous les hommes pourraient circuler librement. Chaque pays y alla de son discours vibrant de tolérance, de respect de l’autre et d’accueil.

     

    Il restait à ce moment  là une dizaine de murs de par le monde. On dépasse maintenant la cinquantaine, plus de 21 000 km  construits en 25 ans.

    Volonté de contrôler l’immigration, conflits géopolitiques, replis ethniques, montée du djihadisme, voilà de bonnes raisons de tout faire pour s’isoler. Alors qu’on ne parle que de mondialisation de frontières ouvertes, de libre-circulation, d’Internet universel , de nombreux pays ne rêvent que de murs, parfois longs de plusieurs milliers de kilomètres, barbelés ou électrifiés, atteignant parfois huit ou dix mètres de hauteur, à double paroi, gardés par des soldats, des caméras ou des drones de reconnaissance, souvent renforcés par des mines antipersonnel.  Il faut enfermer dehors les indésirables. On  définit une communauté sociale et territoriale digne de protection et on définit également les catégories dangereuses dont il faut se protéger. Il faut pouvoir contrôler le déplacement des « réprouvés »!

     

    En voici quelques uns: mur entre les deux Corées, entre l’Inde et le Bangladesh, entre Israël et la Palestine ( qui ampute largement le territoire palestinien), entre la Hongrie et la Serbie et tant d’autres a tous les bouts du monde!. Il y a la petite ile de Chypre partagée en 2 depuis si longtemps. et surtout le fameux mur qui sépare les Etats Unis du Mexique, long de 1300 km ce qui n’est pas encore assez pour  Donald Trump, candidat américain à la primaire républicaine, qui en promet un,  allant du golfe du Mexique à l'océan Pacifique.

    Il y en a un en construction entre la Tunisie et la Libye qui est en fait une tranchée, l’Ukraine souhaite en édifier un pour se protéger de la Russie.

    Et l’Arabie Séoudite termine une muraille de plus de 900 km de long, équipée du matériel le plus sophistiqué qui l’isolera de l’Irak pour la protéger au nord de Daech, d’ infiltrations d'hommes, d'armes et de marchandises.

     

    J’ai trouvé une belle phrase de Régis Debray et tellement vraie: «  Les riches vont où ils veulent, à tire-d'aile ; les pauvres vont où ils peuvent, en ramant. » et si j’en crois ce qu’on lit si souvent, en se noyant!

     

    Qu’il y ait un mur ou la mer entre les migrants et le pays où ils se rendent, cela génère une véritable industrie, c’est un solide business pour les passeurs peu scrupuleux et ils sont légion. Au Mexique, il y’a même l’industrie des tunnels, tant et si bien que la la frontière est devenue une passoire et le sous sol un gruyère.

    Ces murs rassurent mais en en fait, ils ne résolvent rien et entretiennent les conflits.

     

    Mais que se passera-t-il si en 2050, il faut accueillir, comme on le prévoit,  250 millions de réfugiés climatiques venant surtout de pays pauvres donc dont personne ne voudra?

     

    Décidément ma génération, née avant guerre aura fait tous les rêves, 

    - plus de guerres … il y’a des conflit partout mais on ne les appelle plus guerres

    - un monde meilleur fraternel ouvert, … ll n’a jamais été si individualiste et égoïste        

    Et nous aurons eu toutes les désillusions.

    Pourtant contre vents et marées, des individus savent  rester accueillantes et aider ceux qui doivent fuir leur pays pour quelque raison que ce soit! Et ce sont eux qui permettent de ne pas désespérer de l’âme humaine.

  • Le Professeur Milliez et la médecine

    Voici la suite des citations extraites du livre " Medecin de la Liberté"

    - A propos de la selection: En France la sélection est mal faite. Elle ne  tient pas compte  des qualités humaines et des motivations du candidat. Mais comment les connaître autrement que par une difficile enquête comme dans les universités américaines. Ce sont les sciences des plus exactes qui assurent l'entrée en médecine non les qualités humaines indétectables tout comme la vocation. On peut être très intelligent très habile et très psychologue et n'être pas admis à une formation médicale.

     

    - le rôle de médecins: Les médecins d'aujourd'hui, débordés de travail, submergés par l'ampleur des connaissances acquises, sont amenés à établir, parfois des diagnostics d'attente; ils ne peuvent accorder à chaque malade qu'un temps limité. Il lui est très difficile d'arriver un diagnostic précis dans les quelques minutes qu'il accorde à chacun de ses clients.

     

    - la liberté des médecin: Notre liberté universitaire va décroissant. Nous sommes de plus en plus tributaire de l'administration. Nos carrières dépendent des autorités de tutelle, Si  nous ne sommes pas bien coté par ses instances, nous pouvons en subir les conséquences. Pour occuper les postes clés il faut être bien noté. Dans l'ensemble les médecins sont favorables au pouvoir politique qui leur assure une situation privilégiée.  Comment voulez vous qu’ils aient une attitude différentes, sauf quelques esprits dits forts.

     

    - la presse médicale: La situation de la presse médicale française indépendante s’aggrave au fur et à mesure de notre décadence générale.Les publications françaises n'ont plus un rayonnement suffisant. La plupart des livres sont subventionnés par des maisons pharmaceutiques quand ils ne le sont pas par de grands organismes nationaux ou internationaux

     

    - l’allongement de la vie: Certains  anthropologues pensent que l'homme peut vivre 120 ans. Croyez-vous qu’un homme de 120 ans conservera toute sa conscience et ses activités intellectuelles? Il est heureux que nous ne mourions pas trop vieux, mourir vieux diminué après avoir vu disparaître ceux que l'on aime est terrible. Pourquoi vouloir survivre diminué?

    Notre société confond santé et bonheur et affirme que le bonheur, pour un individu, ne saurait aller de pair avec la maladie. Cette conception moderne de la vie sans souffrance est inacceptable, même si la maladie, la souffrance et la mort, nous sont incompréhensibles.

     

    - l’euthanasie: Supprimer la vie, oui, Il ne faut le faire que lorsqu'il n'y a pas d'autre solution. Oui je suis médecin chrétien et je regrette la survie d'un certain nombre d’enfants. Faire survivre un débile, est ce un bien? Toute interruption de grossesse est une suppression d'une vie pleine de promesses. Mais il me paraît parfois plus grave de laisser une vie se développer si elle doit tuer la mère ou donner naissance à un être anormal ou gâcher 2 vies. 

     

    - l’homosexualité: Vous considérez que faire l'amour avec un homme est une anomalie pour un homme, alors que des peuples entiers ont pratiqué l'homosexualité sans en être choqué. Quand un homme est homosexuel ce n'est pas une raison pour le rejeter,  il faut lui laisser le droit de s'exprimer et de mener la vie de son choix! 

     

    - l’église: J’ai rejeté toute une série de pratiques déformant à mes yeux la pensée de Jésus et expliquant ce que l'église est devenu. Il n'y y'a pas de christianisme sans charité. Or l'église a été rarement charité elle est à peine foi, elle n'est plus du tout espérance. Je me sens davantge frère de certains juifs, de certains musulmans, de certains agnostiques et athées que de beaucoup de catholiques.

     

    Il faudrait citer  beaucoup d'autres phrases de  ce livre qui aborde tous les phénomènes de société. Ce livre a été écrit en 1980, le professeur Milliez s’est montré un visionnaire. Il se définit comme « defenseur d'une certaine idée de la médecine et de l'homme, au risque de déplaire à tous les pouvoirs ». Il résume ce que fut sa vie en une phrase lapidaire: « Enfant timide, adolescent crédule, jeune adulte révolté et ambitieux, professeur insolent, vieil homme insoumis.

     

     C’était un Grand Homme que j’ai envie de relire lorsque je désespère de l’âme humaine.

  • En relisant " Médecin de la Liberté " de paul Milliez

    Avant de partir pour le Périgord, j'ai choisi, sur l'étagère où je range les livres qui m'ont marquée,  deux ouvrages de médecins fort connus: «  Médecins de la liberté"  de Paul Milliez,  et « Les combats de la vie" de Luc Montagnier. L’un, écrit en 1980 n'a pas pris une ride, l'autre date de 2008, le premier est écrit par un catholique fervent et engagé, l’autre par un agnostique mais tous deux  retrouvent les mêmes accents pour parler de la médecine.
    Je pensais bien que le Périgord profond serait propice à la lecture  car souvent  sans réseau pour travailler sur  tablette et ordinateur. 
    Pendant 3 semaines, j'ai savouré à nouveau ces livres, crayon en main. Dans ce monde où toutes les valeurs morales sont bafouées journellement, Il est bon de retrouver les phrases  d' hommes libres, lucides et anticonformistes.
     
    Mort en 1994, on a un peu oublié le Professeur Milliez qui a pourtant joué un rôle dans tous les combats d’avant garde. Grand résistant mais souvent opposé à de Gaulle, contre l’Algérie francaise pendant la guerre d’Algérie, contre le dictature des colonels en Grèce, fondateur de l’Aide Médicale franco-palestinienne, pour l’assistance et le soutien a toutes les victimes, il fut l‘ami de tout Homme, a condition qu’il soit digne de ce nom, quelle que soit sa couleur, sa nationalité, ses croyances, ses engagements.
    Comme le Pape François, il dit et répète «  Qui suis-je moi, pour les juger»! 
      Et il ne faut surtout pas oublier le fameux procès de Bobigny où il a témoigné pour l’avortement, lui, fervent catholique en affirmant: "Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l'ensemble des Français », ce qui lui valut un blâme du conseil national de l'ordre des médecins.
     
    Bref un homme à la personnalité exceptionnelle qui donne la plus haute valeur au  mot « civilisation" et relire son livre m'a donné des moments de vrai bonheur.
     
    Plusieurs notes seront consacrées à  des citations et je commencerai par celles concernant la Résistance!
    "Les premiers résistants, autour de De Gaulle était le plus souvent des bourgeois patriotes juifs ou chrétiens quelques socialistes et des communistes, Tous, en rupture de ban comme nous-mêmes."
     

    "Travailler avec les communistes ne fut jamais difficile. Je me suis toujours souvenu de la phrase de Richelieu à propos des protestants : « les protestants sont fils de France comme les autres il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez ». Cette pensée peut s'appliquer aux communistes. »

     

    "Une fois qu'on a vécu cette vie de résistants, on ne peut pas ne pas y  penser toujours et ne pas essayer de retrouver  cette atmosphère, Cette amitié qui régnait entre gens si différents. Nous avons travaillé avec des instituteurs anticléricaux en diable qui savait que nous étions catholiques et qui ont collaboré avec nous dans la plus parfaite amitié. Nous étions heureux les uns avec les autres, Plus heureux que avec certains catholiques que nous ne pouvions pas supporter.

    Beaucoup de pretres, beaucoup de religieux ont été admirables. Quant au haut clergé, a part trois exceptions que tout le monde connaît, Il n'a pas été brillant!

    Par contre, le nombre de personnes humbles qui recueillaient un pilote allié, de personnes désintéressées qui donnaient tout sans penser au lendemain, était réconfortant!"

     

    ( Il vient d’entrer dans le gouvernement)

    "Dans le bureau du directeur de cabinet, qui allait être le mien, placé bien en évidence sur la table, se trouvait classée toute une série de lettres de dénonciation, toutes signées de médecins connus, Certains de leurs auteurs, entre-temps, avait rejoint la résistance. 

    Je les connaissais tous , les dénoncés, ils étaient ou juifs ou mariés à des juifs ou  liés d’amitié juives ou anglaises; certains des dénoncés étaient  de mes proches;

    J'ai jeté au panier ce ramassis d'ordures que j’ai  brû!é. Avec quel effroi je trouvais parmi les dénonciateurs des hommes je que je révérais jusqu’alors! ».

     

    Belle analyse de ce temps où les Français ne se définissaient pas de droite ou de gauche , catholiques ou athées, riches ou pauvres, mais où chacun, quelque soit son âge, sa condition choisissait son camp,  collaborateurs  ( et ils ont été beaucoup plus nombreux qu’on le dit maintenant)  ou Résistants ( loin d’être encensés comme on aimerait nous le faire croire). heureux temps où le Conseil de la Résistance, puis le gouvernement ont réuni des hommes de bonne volonté de tous les partis, communistes, athées y compris. 

    Bien loin de ce qu’on constate aujourd’hui,  évidemment.

     

    J’ai eu envie de relire le beau  poème d’Aragon «  La Rose et le Réséda », écrite en 1943. Tout le monde connait la phrase « Celui qui croyait au ciel, ...Celui qui n’y croyait pas », poème dédié à 4 résistants fusillés, 2 chrétiens et 2 communistes!

    "Médecine et résistance", "la libération de Paris", dans ces 2 chapitres, il aurait fallu citer beaucoup plus de phrases.