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Réflexions - Page 45

  • Voir le film "Demain", c'est espérer un monde meilleur!

    Une vision positive du futur, voilà ce que veut nous montrer le film "Demain." En exergue la phrase de Rob Hopkins, enseignant britannique en permaculture et l'initiateur du mouvement des villes en transition: « Nous passons notre temps à faire des films ou nous sommes éradiqués par des zombies, des bombes nucléaires, des épidémies, des robots, de petits gremlins… Nous adorons çà! Mais où sont les films qui parlent du contraire? ceux où nous nous rassemblons et où nous résolvons les problèmes. Nous n’en avons pas vraiment. »


    Le film-reportage réalisé par Cyril Dion ( créateur avec Pierre Rhabi du Mouvement Colibris) et Mélanie Laurent nous fait réfléchir et nous invite à agir concrètement en nous montrant qu’aux quatre coins de la planète, face aux urgences, des initiatives positives commencent à transformer le monde… Il a pu être tourné grâce au crowfunding et plus particulièrement au site participatif kisskissbankbank et à la générosité de 10266 donateurs.

    Le film devait être en salle pour la COP21, il a été présenté le 2 décembre.
    Je l’ai vu le 3 et je pense que tous les spectateurs sont sortis comme moi avec un grand sourire et une bouffée d’espoir au coeur!


    5 thèmes, agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation,nous sont présentés dans 9 pays qui nous montrent une société plus équitable et plus respectueuses de la diversité. Tout le monde peut aider à réaliser ce changement radical, sans distinction de pays, de ressources, de culture, d’ethnie, de religions, de différence quelconques. Comme il sera sympathique le monde de demain si rien ne vient entraver ces projets.


      Pendant quatre mois, caméras et sacs en bandoulière, « ils se rendent  à San Francisco où 80 % des déchêts sont recyclés, en Finlande, dans une école où le système éducatif est basé sur l'écoute, où les élèves circulent librement en classe, à Copenhague, ville principalement alimentée en énergies renouvelables (et qui vise l'autonomie complète), où les pistes cyclables et les trottoirs prennent plus de place que les routes... à Todmorden en Angleterre, où les habitants ont mis en place le système des Incroyables comestibles : ces fruits, légumes et aromates plantés, soignés et récoltés un peu partout dans la ville par les habitants transformés en jardiniers citoyens. ( J'ai eu l'occasion de voir dans certaines petites villes françaises ces bacs cultivés, entretenus par tous avec infiniment de respect!). Ils se rendent aussi aux Etats-Unis, à Détroit, où ils partent filmer des agriculteurs urbains qui se sont approprié des terrains abandonnés, délaissés par l'industrie automobile, pour y cultiver la terre »


    Cyril Dion est persuadé que le changement de culture et la prise de conscience globale du danger qui nous guette est véritablement en cours. «Pendant deux heures, le film nous plonge dans l’univers des héros des temps modernes, ceux qui expérimentent déjà un nouveau mode de vie, de nouvelles façons de cultiver, d’enseigner, de produire de l’énergie, d’échanger ou de vivre en démocratie. »


    Je ne verrai pas ce monde nouveau mais pour mes petits enfants et leurs descendants, j’espère que la génération des adultes des années 2015 va prendre -enfin- conscience qu’il faut tout changer.


    J'ai évoqué l'importance du  film autour de moi, personne n'en avait entendu parler! Il est vrai que le monde entier n’est préoccupé que de Stars Wars et des millions de spectateurs, gavés d’une publicité indécente et formatés pour ne plus réfléchir, ne vont pas avoir d'autre priorité que de s’y précipiter. ( en fait la première journée, ce film a rapporté 120 millions de dollars)!

    Pour "Demain", on annonce aux environs de 100 000 entrée la première semaine en France. Je trouve que ce n’est pas si mal car il a été présenté dans de très petites salles, plus ou moins « d’art et d’essai ». Espérons donc qu'il aidera beaucoup de Français à réfléchir sur leur devenir!

  • Je termine mon SMS par un point: je suis agressif et cassant!

    Je ne peux m’empêcher de partager immédiatement , en une note brève, ma découverte de ce matin! ll ne faut pas terminer un texto par un point comme on nous l’a toujours appris grammaticalement.

    Bizarre, me direz vous ! Oh non! Une très sérieuse étude de l’université de Binghamton aux USA intitulée «  les textos pas sincères: le rôle du point dans les SMS », conclut qu’un point a la fin d’un texto fait passer son auteur pour « quelqu’un d’hypocrite, de cruel et d’antipathique »,. Ecrire  « oui. » est hypocrite, mais écrire « oui »  ou encore mieux « ouais » ou « OK »,  est sincère.

    J’apprends avec stupéfaction que le point est « sec, agressif et cassant ». Il est vrai qu’on a maintenant les émoticons pour remplacer la ponctuation, mais tout de même, pourquoi attribuer un rôle aussi négatif a notre bon vieux « . »
    Il a fallu mobiliser des psychologues surement fort savants pour découvrir que toute la génération des « vieux » qui ont appris la grammaire sont des êtres agressifs et cruels. C’est, paraît- il la « fracture générationnelle ». Pour les jeunes, la ponctuation, car ce ne sont pas seulement les points , indique un être « sec et cassant ».


    Les jeunes ont attribué un nouveau sens aux signes de ponctuation: plusieurs points d’exclamation montrent une forte insistance, plusieurs points d’interrogation demandent une réponse très rapide, les trois petits points indiquent des sous entendu, quant au point, il indique sèchement … fin de conversation.


    Bref, j’ai avancé ce matin sur le chemin de la compréhension de la jeunesse actuelle et une fois de plus, j’ai réalisé que je ne suis qu’une « vieille conne » ( pardonnez moi l’expression!).


    Et je repense à Apollinaire qui lui aussi innova, en supprimant toute trace de ponctuation, dans son recueil de poèmes « Alcools ». Blaise Cendrars l’avait supprimée aussi en certaines circonstances. Selon eux, en poésie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Mais il n’empêche que cela ne simplifie pas toujours la compréhension! Il faut se dire que c’était aussi la fracture générationnelle!
    .
    (Surtout ne pas mettre de point a la fin de ma note, par habitude). C’était mon sujet du jour, un point c’est tout

  • "Pharmacologie du Front National", interview de Bernard Stiegler

    J’avais lu des extraits du livre de Bernard Stiegler, « Pharmacologie du Front National », et j’avais alors cherché à en savoir davantage sur ce philosophe français qui axe sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles - sociales, politiques, économiques, psychologiques,- portées par le développement des technologies et surtout des technologies numériques. Son analyse de la société avait rejoint la mienne et j’avais eu envie d’acheter un de ses livres.
    Ces jours derniers, j’ai trouvé sur «  Rue 89 » un interview qui éclaire d’une façon magistrale la situation actuelle de la société et la montée du Front National. En voici des extraits:


    «  Je parle avec des gens du Front national, il y en a même que j’aime bien. Je vous le dis très franchement : certains sont plutôt sympathiques. La plupart ne sont pas des racistes ou des antisémites, mais des gens très malheureux. Je n’essaye jamais de les dissuader de voter pour le Front national. Plus j’essaierais de le faire, et plus ils voteraient pour le Front National. C’est complètement inutile.
    C’est d’autant plus inefficace que, pour une part, ils n’ont pas tort d’exprimer une souffrance. Il y a toujours un fond de vérité. dans leurs arguments. Le problème, c’est que ce fond de vérité qui devient pathologique exprime une maladie qui n’est pas seulement celle de ces électeurs : c’est celle de notre société.
    Ce qui est spécifique dans la pathologie des électeurs du Front national, c’est que par leur vote, qu’ils le veuillent ou non, ils s’en prennent à des boucs émissaires.
    On est des millions a perdre le sentiment d’exister donc de plus en plus de gens voteront Front national …alors que d’autres tueront des gens ou braqueront des banques.

    Comment expliquez vous cette réaction?
    Elle vient de l’organisation illimitée de la consommation via le marketing et la télévision. Quand j’étais enfant, le repas du dimanche avait beaucoup d’importance. Il était courant dans les classes populaires de faire des festins, car il est très important de recevoir, de se rassembler.
    C’est ce que le consumérisme a concrètement détruit : il n’y a que du prêt-à-porter, du prêt-à-manger – de la malbouffe et plus de fête.

    Comment faire réaliser aux électeurs du FN que leur souffrance est déconnectée du chiffre de l’immigration  ?
    Cela ne sert à rien de leur dire : ils ne l’entendront jamais. Précisément, ils entendent autre chose si vous leur dites cela. Ils entendent que vous n’avez pas écouté leur problème. Et ils ont raison. S’en prendre à un bouc émissaire est un symptôme. C’est un symptôme horrifique, extrêmement dangereux, et le nazisme est l’exploitation de ce symptôme à l’échelle cauchemardesque du XXe siècle.
    Une telle horreur peut tout à fait revenir – c’est même plus que probable : si rien de décisif ne se passe, c’est ce qui finira par arriver. Et cela dépend de nous que cela n’arrive pas – mais ce n’est pas en insultant les électeurs du FN que cela s’arrangera.
    Je pense qu’il est urgent que la presse reprenne son rôle, qui est de défendre des idées, de les faire se confronter, et par là, de construire des opinions. Cela veut dire faire des choix politiques, esthétiques, intellectuels, sociaux, etc. – et les assumer

    Aujourd’hui, la désespérance est le fond de commerce du Front national. Pour redonner de l’espoir, il faut donner la parole à ceux qui ont quelque chose à dire et qui sont prêts au débat public – et par là reconstruire une pensée, des concepts et des perspectives, et les socialiser.
    L’économie, un hyperconsumérisme extrêmement toxique sur le plan environnemental, une grande misère symbolique sur le plan mental, et une précarisation généralisée provoquent un sentiment d’insécurité bien réelle et une désintégration sociale.
    Cette désintégration rend impossible l’intégration non pas des immigrés, mais de la population elle-même dans son ensemble, les immigrés y étant exposés plus que tous évidemment.

    Un système économique ne peut pas fonctionner sans confiance – et il n’y a plus de confiance. L’automatisation est en train réduire l’emploi dans tous les secteurs et dans tous les pays ? Qui a parlé de tout cela au cours de la campagne sur l’Europe ? Ce qui est en train d’advenir, c’est la disparition de l’emploi. L’automatisation va se développer désormais massivement, notamment parce que le numérique permet d’intégrer toutes sortes d’automatismes jusqu’alors isolés, et qu’il en résulte une baisse rapide du coût des robots….
    Le FN vit sur l’idée que la souffrance est attribuable aux immigrés parce que personne n’a le courage de fournir les vrais schémas de causalité nouveaux qui s’imposent.

    Ces jeunes qui partent en Syrie ne souffrent-ils pas du même trouble narcissique que les électeurs du FN ?
    Les terroristes intégristes, beurs ou blancs, nés et élevés en France, qui d’un seul coup, se mettent à devenir musulmans souffrent du même mal. S’ils ne trouvent plus de possibilité d’identification dans la société, et s’ils vivent dans une société qui est en train de s’effondrer, ils sont prêts pour s’engager dans ce que j’ai appelé une sublimation négative – qui peut conduire au pire. Ce sont là encore des symptômes.

    Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, cela se développera encore longtemps et inévitablement si la société ne produit pas vite des capacités nouvelles d’identification positive sur des idées républicaines, constructives et vraiment porteuses d’avenir"

    Chaque phrase est à méditer!