Lorsque l’actualité déverse, à mon goût, un peu trop de mauvaises nouvelles dues toujours au refus de la différence, à la haine de l’Autre, à la certitude pour chacun de détenir la Vérité, avec contestations et manifestations chez nous, conflits et massacres à tous les bouts de la planète, j’ouvre un de mes livres refuges parmi ceux que que j’ai rangés à part sur une étagère, à portée de mains. C’est ainsi que l’autre soir, je me suis replongée dans « Plaidoyer pour l’altruisme » de Matthieu Ricard, moine bouddhiste bien connu, proche du Dalaï-lama, mais aussi chercheur en génétique cellulaire et neurosciences . En voici quelques extraits:
Pour la sagesse bouddhiste, Matthieu Ricard écrit:
- la priorité est de devenir de meilleurs êtres humains en transformant sa manière d’être et de penser. Les préoccupations ordinaires du bien et de la perte, du plaisir et du déplaisir, de la louange et de la critique, de la renommée et de l’anonymat, sont considérés comme puériles et sources de déboires.
- par-dessus tout l’amour altruiste et la compassion constituent les vertus de toute vie humaine.
- si la compassion sans sagesse est aveugle, la compassion sans action est hypocrite.
A propos de la société occidentale, il dit:
- force m’est de convenir que les sages ne sont plus des modèles mais qu’on leur a substitué des gens célèbres riches ou puissants. L’importance démesurée accordée à la consommation et au gout du superflu ainsi que le règne de l’argent me font penser que beaucoup de nos contemporains ont oublié le but de l’existence, atteindre un sentiment de plénitude, car ils sont séduits par le miroir aux alouettes de la richesse, du pouvoir et de la célébrité.
- pour nombre d’entre nous, la notion de « simplicité » évoque une privation, un rétrécissement de nos possibilités et un appauvrissement de l’existence. Pourtant, l’expérience montre qu ‘une simplicité volontaire n’implique nullement une diminution du bien-être mais apporte au moins une meilleure qualité de vie.
- des études américaines, faites sur une vingtaine d’années ont démontré que les individus qui concentraient leur existence sur la richesse, l’image, le statut social, et autres valeurs matérialistes promues par la société de consommation, sont moins satisfaits de leur existence. Ce consumérisme immodéré est étroitement liés à un égocentrisme excessif.
Pour le bouddhiste, amour, altruisme, compassion, empathie sont essentiels. Chez nous, ce sont de bien beaux mots, mais qui sont trop souvent ignorés.
Et Mathieu Ricard constate un phénomène étrange. Les sondages de popularité mettent toujours aux premières places des gens comme Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, mère Teresa ou l’Abbé Pierre . Bizarre!
Un autre sondage complète le premier, en proposant 2 noms : le Dalaï-lama et Tom Cruise. Les questions étaient « qui admirez vous le plus? » et « qui souhaiteriez vous être? ». 80% des sondés admiraient le Dalaï-lama mais 70% souhaitaient être Tom Cruise. … Admirer oui, mais pratiquer l’altruisme non!
Célèbre et riche, voilà ce qu’on souhaiterait être. Complexité de l’âme humaine!