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Il était un blog - Page 173

  • La gueule de l'emploi

    C'est  le jeudi 6 octobre  que j'ai vu sur France 2 le documentaire la "Gueule de l'Emploi" qui dévoile les méthodes employées par l'assureur GAN pour recruter sa "force de vente". Didier Cros a filmé, sans commentaires, une session collective de recrutement de deux journées, pendant laquelle dix candidats ont passé différentes épreuves : jeux de rôles, tests et enfin, pour les trois candidats sélectionnés, entretiens individuels, aboutissant à deux embauches.

     

    Une séance de recrutement collectif comme, dit-on, il en existe tant. De longues tables disposées en carré dans une salle anonyme. 5 recruteurs alignés en tribunal devant dix chômeurs, plus ou moins fébriles. Les CV importent peu, seul compte "le comportement observable qui permettra de remonter à vos compétences", annonce l'un des recruteurs. 

    Je suis vite indignée!  On éructe les consignes aux candidats, on décoche des sarcasmes, on mate les indisciplinés d'une cruelle raillerie. Les candidats sont raides sur leur chaise même si l'un se force à sourire. Un autre part …question de dignité! Les autres poursuivent, dociles, s'entre-déchirent, s'humilient dans des jeux de rôles pervers et ce , deux jours durant. 

     "On se soumet soi-même, ils n'ont même plus besoin de nous forcer", avoue amèrement l'un d'eux .

     

    Documentaire inouï qui met en évidence un processus de déshumanisation, consistant à susciter les comportements agressifs, individualistes, la guerre de tous contre tous, aux dépens de toute solidarité ou de toute empathie.

    Les dix candidats sont ressortis brisés et le moral défait, au fil des jeux de rôle, scandés par les humiliations et les déstabilisations. Les tests sont infantilisants, voire humiliants, et les questions n'ont souvent rien à voir avec le travail proposé. Ce n'est pas une évaluation des compétences mais une entreprise de déstabilisation, (à l'image de l' expérience du psychologue américain Milgram qui cherchait à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité.)***

    Le tout pour un poste rémunéré au SMIC assorti d’une variable liée aux ventes. On ne peut pas s’empêcher de se dire : "tout ça pour ça" ! 

    Encore une fois je suis indignée  devant ce face à face impitoyable, devant  ces entretiens qui ressemblent à s’y méprendre aux interrogatoires de police, devant cette expérience de psychologie sociale sadique.

    Notre monde n'est donc plus qu' une jungle sans pitié dont aucun ne sortira indemne!

    Et puis, une lueur d'espoir dans ce monde de brutes, j'ai découvert sur Internet l'analyse lucide de cette émission par Alain Gavant qui dirige un cabinet de recrutement et de management de ressources humaines. Il se dit scandalisé par les méthodes employées et nous laisse espérer que certains hommes sont encore capable d'humanité! 

    Voilà le lien:   La gueule de l’emploi. Ou le recrutement obscène. - Nouvelle Donne RH 

     

    ***En 1963, l'expérience de Milgram a réuni 636 personnes. Le but:  la capacité d’un sujet à infliger une décharge électrique dangereuse à un second participant. Tous les participants atteignirent les 135 volts et 62,5% menèrent l’expérience jusqu’au bout infligeant des décharges électriques de 450 volts à trois reprises. Les décharges étaient fausses et ceux qui les recevaient des acteurs, ce qui ne change  rien aux conclusions, puisque les participants ne savaient rien.

    On a repris l'expérience en France  dans un jeu télévisé  ”La Zone Xtrême” qui a été diffusé le 17 mars 2010 sur France 2, animée par Tania Young et 80 candidats ont été recrutés. La règle de l’émission était simple. Deux candidats en présence: l’un doit retenir 27 associations de mots, le second énonce un des mots et le premier candidat doit le retrouver, faute de quoi il est soumis à une décharge électrique de la part du questionneur. Les décharges iront croissante de 20 volts en 20 volts jusqu’à 460 volts. Le questionneur ne voit pas les souffrances du premier candidat,  mais il  peut les entendre. Si le questionneur hésite, l’animatrice est là pour le pousser à continuer. Bien évidemment, le public est également là pour encourager le questionneur à poursuivre l’expérience.

    Qui est allé jusqu’à 460 Volts sans se révolter? Et combien l'ont fait avec le sourire? Et bien la société française  de 2010 est pire que celle de 1963. 80% des candidats soit presque 20% de plus que lors de l’expérience de Milgram obéirent aux ordres sans sourciller!

    Sans aucun commentaire!


  • Bangkok s'enfonce...

    On a parlé ces jours-ci  d'inondations catastrophiques à Bangkok mais encore une fois, sans en donner les causes. autres que la mousson. Pourquoi l'information est-elle toujours  au mieux tronquée, quand ce n'est pas manipulée?

    C'est par Arte Documentaire que j'ai appris , il y a quelques mois, le problème de cette ville que j'avais visitée en 2002 et où j'avais flâné quelques jours avec beaucoup de plaisir. La situation de ces quartiers qu'on abandonne peu à peu à la mer et le désespoir de ses habitants m'avaient donné envie d'en savoir davantage. Aujourd'hui je relis le dossier constitué ce jour là.


    Thanawat Jarupongsakul, géologue«Bangkok est une ville obèse sur un squelette d’enfant» 

     

     Smith Dharmasaroja, météorologue: "Bangkok est condamnée et le mal progresse vite, très vite. La capitale thaïlandaise aura les pieds dans la mer d’ici à vingt ans. Et en 2100, elle sera l’Atlantide asiatique … Connaissez-vous une autre ville où une voiture et un bateau sont entrés en collision ?» 

     

    Bangkok est un véritable cauchemar pour les urbanistes. Fondée il y a près de 230 ans sur les berges du fleuve Chao Praya, la Venise de l'Est est située sur un sol argileux, dans une zone extrêmement marécageuse. Dans les années 1950, de nombreux canaux ont été fermés pour construire des routes et cela a fracturé le système naturel de drainage qui permettait à Bangkok de contrôler les inondations lors de la mousson. Le problème s'est amplifié avec la multiplication des gratte-ciels et des industries qui pompent l'eau sous la couche d'argile, amenant à une compression du sol, en particulier dans l'est de la capitale. La ville s'enfonce inexorablement de près de 10 centimètres par an, un chiffre qui a doublé en l'espace de quelques années. Ajoutons à cela l'élévation générale des eaux, de 2 à 20 cm chaque année, et Bangkok pourrait se retrouver totalement en dessous du niveau de la mer d'ici 15 à 20 ans.

    Dans les années 1990, une loi avait réglementé le prélèvement d'eaux souterraines. Mais les industriels continuent allègrement de pomper illégalement 2,8 millions de mètres cubes chaque année de la nappe phréatique. 


    «Bangkok est le cœur de la Thaïlande. Si nous perdons Bangkok, tout s'arrêtera. Nous devons absolument protéger notre cœur. Il est déjà presque trop tard», s'inquiète Smith Dharmasaroja.

    La mégapole compte 10 millions d'habitants et les plus pessimistes annoncent sa submersion pour 2030! 

     

    Changements climatiques, élévation du niveau de la mer, érosion du rivage, affaissement des sols argileux… Bangkok figure aux cotés de Canton, New York, Calcutta, Shanghai, Bombay,  Tokyo, Hong Kong parmi les villes les plus exposées aux conséquences des changements climatiques, celles qui peuvent disparaître avant la fin du siècle. D’après un rapport de l’OCDE, co-rédigé par des experts issus des milieux universitaires et du secteur privé, le changement climatique et l’urbanisation pourraient entraîner un triplement du nombre de personnes exposées à des inondations côtières dans le monde d’ici 2070.

  • Vélosophie!

    Un été à vélo, plus de 3000 km depuis le mois de juin, une infinité de découvertes en  sillonnant départementales,  petites routes, chemins tout en   traversant villages, bourgs, villes, et une constatation, pour l'automobiliste d'aujourd'hui, le cycliste est un gêneur dont il tolère de moins en moins la présence sur "sa" route. Des amis disent ne plus oser ce genre de balade par peur de la circulation automobile, …. je continue à rouler partout par principe car, dit-on, " la route est à tout le monde," et je suis libre de l'emprunter.

    Cyclotouristes depuis de longues années, et respectueuse à l'extrême des règles de circulation, je découvre avec inquiétude que chaque saison amène un lot plus important d'incivilités. Il est vrai qu'il y a de plus en plus de cyclistes et, en France, encore peu de pistes cyclables. Alors on appose de nombreux panneaux " Apprenons à partager la route". Voeu pieux qui n'est pas près d'être réalisé!


    Je crois qu'il  devient un jeu et un plaisir pour une minorité d'automobilistes intolérants:

    - de dépasser  un vélo dans un rond point et … de sortir sur la voie qu'il s'apprête à traverser.

    - de le frôler en le doublant car une voiture arrive sur l'autre voie, ou même de le frôler sans raison 

    - de se rabattre en une splendide queue de poisson si le cycliste roule un peu vite

    - de le doubler en ville juste avant les rétrécissements qui sont devenus si nombreux!

    C'est vrai que le vélo oblige à freiner ou au moins lâcher l'accélérateur et pour beaucoup, c'est impensable et inacceptable!

    Souvent l'impolitesse est agrémentée de coups de klaxons  rageurs.

     

     Alors de retour chez moi, j'ai repris un livre de Didier Tronchet, cycliste parisien qui se définit comme un "cycliste urbain, libre et républicain", Intitulé" Petit traité de vélosophie" ( Le monde vu de ma selle) - Plon 2000- ,  festival d'humour grinçant et de vérités profondes.

    En voici quelques passages:

    ..." La colonisation de l'espace vital par les 4 roues oblige l'amoureux de la petite reine a une réaction d''auto-défense ( sans jeu de mot). Exister à vélo implique de vociférer contre la voiture, c'est une question de survie!"

    ..."Une créature du Malin aide le cycliste à maintenir constamment sa vigilance. Cette créature s'appelle l'ouvreur de portière inopiné. La file de voitures garées est désactivée de son pouvoir de nuisance, croit-on. Et immanquablement, une main anonyme déclenche l'ouverture inopinée de la voiture" ( constaté des dizaines de fois ces derniers mois!)

    ..." L'automobiliste  a investi du temps et de l'argent dans cette voiture. Son espace est devenu un petit chez soi transporté en tous lieux. C'est aussi une image de marque et un prolongement de lui-même. Ses relations se sont resserrées au fil des km parcourus. Il y a un amalgame malsain entre un être de chair et un tas de ferraille et …. çà engendre toutes les violences" 

    ..."Dès qu'il y a moteur, il y a compétition.Cet esprit de compétition, spécifiquement mâle depuis la nuit des temps, est automatique dès qu'on chevauche un objet conçu pour la performance. Il est étranger à l'esprit cycliste tel que je me plais à l'imaginer"

    ..." Traçons le portrait de l' Homo Voiturus : individualiste forcené ( plutôt moi que nous), esprit de compétition ( le syndrome du vroum-vroum), machiste ( grosse voiture= forte membrure), agressif ( je suis entouré de paranoïaques qui m'en veulent), perte du sens des réalités ( y-a-t-il encore un monde autour de la voiture?), pollution diurne ( j'ai encore fait dans ma couche d'ozone), culte du paraître ( je montre donc je suis), et du superflu ( c'est indispensable car je n'en ai pas besoin). Surprise, n'est ce pas là le portrait-robot de l'homo economicus libéralis qui apparaît en surimpression?"


     Et  voici une jolie conclusion:

    ..." Lorsque j'occupe le siège du conducteur, je réalise à quel point je me laisse enfermer dans des crispations irrationnelles entrainant des conflits larvés avec la femme qui occupe le siège du passager. Alors que pédalant aux côtés de la même femme, la certitude me vient lumineuse: je l'aime!"