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Vélosophie!

Un été à vélo, plus de 3000 km depuis le mois de juin, une infinité de découvertes en  sillonnant départementales,  petites routes, chemins tout en   traversant villages, bourgs, villes, et une constatation, pour l'automobiliste d'aujourd'hui, le cycliste est un gêneur dont il tolère de moins en moins la présence sur "sa" route. Des amis disent ne plus oser ce genre de balade par peur de la circulation automobile, …. je continue à rouler partout par principe car, dit-on, " la route est à tout le monde," et je suis libre de l'emprunter.

Cyclotouristes depuis de longues années, et respectueuse à l'extrême des règles de circulation, je découvre avec inquiétude que chaque saison amène un lot plus important d'incivilités. Il est vrai qu'il y a de plus en plus de cyclistes et, en France, encore peu de pistes cyclables. Alors on appose de nombreux panneaux " Apprenons à partager la route". Voeu pieux qui n'est pas près d'être réalisé!


Je crois qu'il  devient un jeu et un plaisir pour une minorité d'automobilistes intolérants:

- de dépasser  un vélo dans un rond point et … de sortir sur la voie qu'il s'apprête à traverser.

- de le frôler en le doublant car une voiture arrive sur l'autre voie, ou même de le frôler sans raison 

- de se rabattre en une splendide queue de poisson si le cycliste roule un peu vite

- de le doubler en ville juste avant les rétrécissements qui sont devenus si nombreux!

C'est vrai que le vélo oblige à freiner ou au moins lâcher l'accélérateur et pour beaucoup, c'est impensable et inacceptable!

Souvent l'impolitesse est agrémentée de coups de klaxons  rageurs.

 

 Alors de retour chez moi, j'ai repris un livre de Didier Tronchet, cycliste parisien qui se définit comme un "cycliste urbain, libre et républicain", Intitulé" Petit traité de vélosophie" ( Le monde vu de ma selle) - Plon 2000- ,  festival d'humour grinçant et de vérités profondes.

En voici quelques passages:

..." La colonisation de l'espace vital par les 4 roues oblige l'amoureux de la petite reine a une réaction d''auto-défense ( sans jeu de mot). Exister à vélo implique de vociférer contre la voiture, c'est une question de survie!"

..."Une créature du Malin aide le cycliste à maintenir constamment sa vigilance. Cette créature s'appelle l'ouvreur de portière inopiné. La file de voitures garées est désactivée de son pouvoir de nuisance, croit-on. Et immanquablement, une main anonyme déclenche l'ouverture inopinée de la voiture" ( constaté des dizaines de fois ces derniers mois!)

..." L'automobiliste  a investi du temps et de l'argent dans cette voiture. Son espace est devenu un petit chez soi transporté en tous lieux. C'est aussi une image de marque et un prolongement de lui-même. Ses relations se sont resserrées au fil des km parcourus. Il y a un amalgame malsain entre un être de chair et un tas de ferraille et …. çà engendre toutes les violences" 

..."Dès qu'il y a moteur, il y a compétition.Cet esprit de compétition, spécifiquement mâle depuis la nuit des temps, est automatique dès qu'on chevauche un objet conçu pour la performance. Il est étranger à l'esprit cycliste tel que je me plais à l'imaginer"

..." Traçons le portrait de l' Homo Voiturus : individualiste forcené ( plutôt moi que nous), esprit de compétition ( le syndrome du vroum-vroum), machiste ( grosse voiture= forte membrure), agressif ( je suis entouré de paranoïaques qui m'en veulent), perte du sens des réalités ( y-a-t-il encore un monde autour de la voiture?), pollution diurne ( j'ai encore fait dans ma couche d'ozone), culte du paraître ( je montre donc je suis), et du superflu ( c'est indispensable car je n'en ai pas besoin). Surprise, n'est ce pas là le portrait-robot de l'homo economicus libéralis qui apparaît en surimpression?"


 Et  voici une jolie conclusion:

..." Lorsque j'occupe le siège du conducteur, je réalise à quel point je me laisse enfermer dans des crispations irrationnelles entrainant des conflits larvés avec la femme qui occupe le siège du passager. Alors que pédalant aux côtés de la même femme, la certitude me vient lumineuse: je l'aime!"

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