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Notes de lecture - Page 52

  • Le souci des pauvres - A. Jacquard

    Albert Jacquard - Le souci des Pauvres - L'héritage de St François d'Assise


    Le jeune François " gosse de riche", fils d'un drapier profite de la fortune paternelle pour organiser des fêtes où il offre tous les plaisirs de la table et de la chair à la bande de joyeux compagnons toujours prêts à le suivre. Et puis un jour, il nait à une nouvelle vie, refuse l'argent et la succession de son père.

    Il prononce un non vigoureux à toutes les réussites sociales, à toutes les richesses, à toutes les jouissances. Il  chante la solidarité des hommes et de la Nature, il tend la main à l'Islam en des temps de croisades, il enseigne le renoncement et la pauvreté.

    Combien universel et oublié l'enseignement de Saint François! Pourtant sa voix a bouleversé le XIIIème siècle!

    8 siècles plus tard, l'humanité semble saisie du même désir de richesse et de violence. Et A. Jacquard relève les similitudes entre les 2 époques:  victoire du plus fort, arrogance du plus riche, valeurs exaltantes perverties par ceux qui ne cherchent qu'à courber, humilier les hommes et à les habituer à la barbarie!

    Rejet de l'autre, pauvreté croissante, exclusion, abandon des pays pauvres par les pays riches, mépris pour la nature et la vie!

    On jette 40% de la nourriture récoltée et fabriquée dans les pays riches alors  alors que 7 milliards d'hommes meurt de faim.

    On prive d'emplois, de logements, du strict nécessaire ceux qui ne sont pas rentables

    On  fait  douter beaucoup d'hommes du sens de leur vie à en laissant entendre qu'ils sont de trop .... n'ont aucune utilité, ne doivent attendre aucune reconnaissance,  .... et que leur disparition serait un bienfait, une charge en moins pour la société.

    A Jacquartd écrit  " La société des hommes, dans son ensemble, est dans l'état où s'est trouvée l'église aux pires périodes de son  histoire " , ... faire régner l'ordre au profit de nantis, calmant des exploités par des espoirs au XIIIème siècle de paradis lointains, actuellement par ce que le prix Nobel chinois a appelé a "philosophie du porc" dont j'ai parlé récemment

    J'ai beaucoup aimé la conclusion du chapitre:

    "Ce qu'a fait François ne serait plus possible dans le monde actuel. Capable de bouleverser les foules, il deviendrait un produit médiatique dont le message serait submergé par la cacophonie des slogans politiques et des publicités commerciales. Son "  Cantique des créatures" serait produit par une chaîne de télévision, découpé en séquences rythmées par des pauses de pub. Pire encore, le tapage orchestré autour de lui en ferait un gourou, un patron de secte idolâtrée"

    Sévère, mais combien juste dans notre monde où tout message authentique est d'abord occulté, puis déformé et perverti et enfin  récupéré

    Pourtant la vie pourrait être belle et devrait nous émerveiller et A Jacquard, le scientifique, unit science et religion dans ces 2 phrases

    "Si aucune intention n'est sous-jacente,si le réel s'est trouvé simplement désigné par un jeu aléatoire parmi d'innombrables possibles, émerveillons nous ,de notre chance: la loterie nous a permis d'exister!

    `Si intention il y a , si le devenir de l'univers est entre les mains d'un Créateur, remercions le de sa bonté: il nous a désiré"

     

  • La fin d'un monde

    J'ai pris l'habitude de lire avec intérêt la "chronique Agora" chronique internationale dont l'objectif est de nous informer sur l'univers de la "Bourse et de l'Economie". Je ne me suis jamais intéressée à la bourse et n'ai rien à placer,  pourtant  j'apprécie la   vision non-conformiste de l'actualité économique et financière mais aussi sociale et politique des rédacteurs. Aujourd'hui, je vais le contenter d'un copié/collé de l'essentiel d'un article de Francçoise Garteiser, directrice de la rédaction qui résume un article de J.C Périvier, spécialiste de géopolitique et analyse l'état de notre monde!

    "La réalité, c'est que nous vivons la fin d'un monde.C'est une révolution de nos manières de vivre, ce qui ne serait pas si grave si elle n'était accompagnée d'une révolution de nos valeurs et de nos manières de nous comporter, de penser.

    Grâce aux progrès économiques, les changements sociaux qui se sont produits au cours des deux derniers siècles ont été considérables. Le niveau de vie s'est très largement amélioré, pour tous. Une civilisation des loisirs s'est imposée. Un bouleversement des valeurs a accompagné la réorganisation de la société en une nouvelle hiérarchie de groupes sociaux, tandis que l'individualisme s'installe -- souvent doublé d'égoïsme.

    De progrès en progrès, les Occidentaux en sont arrivés à considérer que leur style de vie était la norme, un acquis indestructible, une sorte d'état naturel -- oubliant que les 2 000 ans d'Histoire sont jalonnés d'efforts, de souffrance, de drames, de tragédies.

     

    De la sûreté de soi à l'arrogance, il n'y a qu'un pas vite franchi. Vivant dans une société basée sur les services, l'Occidental veut être servi, tout lui est dû, et tout de suite car il a la conviction de payer pour ça. Nous sommes au royaume de l'éphémère. Tout est consommable, tout est jetable.

    Profiter en échange de rien, vivre à crédit, est devenu un réflexe. … fuite en avant  qui consiste à distribuer ce que l'on n'a pas et que l'on emprunte. 

    A l'aune des bonus mirobolants, les banquiers de toutes sortes se tendent à eux-mêmes ainsi qu'à tous les autres, le piège diabolique de l'excès de dette, fruit du cynisme de l'époque et de la cupidité ambiante.

    Et soudain, confortablement installés dans cette dynamique, voilà que la mécanique se grippe. On s'émeut que notre chère croissance se fonde sur l'utilisation massive des ressources naturelles jusqu'à épuisement. La nature, bousculée, saccagée, semble se rebiffer par une modification du climat aux conséquences inquiétantes et parfois déjà dramatiques. 

    On réalise que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir notre part de gâteau, de profits, de plaisir.

    Selon la Banque de Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales, la croissance était nulle jusqu'à la révolution de l'imprimerie. Il y avait simplement des années bonnes ou mauvaises dans un monde agricole et artisanal. Ensuite, jusqu'à la Révolution française, elle aurait été très faible, de l'ordre de 0,1% par an .La croissance de l'Europe occidentale entre la fin de la Deuxième guerre mondiale et 1973 (les Trente Glorieuses) était exceptionnelle. Jean-Claude Périvier

     Décidément il n'y a pas que les altermondialistes, les écologistes et les gauchistes pour écrire  un tel réquisitoire!

     Ce texte m'a évoqué un livre écrit en 1996, "l'horreur économique"  ( Viviane Forrester") Prix Médicis de l'Essai" dont je ferai un résumé une prochaine fois! !

  • Le sauvage et le Préhistorique

    Trouvé un interview très intéressant de la Directrice de recherches au CNRS, responsable de l'unité d'archéozoologie du département préhistoire du Museum d'Histoire Naturelle, et grande spécialiste de l'Homme de Néandertal, Marylène Patou Mathis, qui vient de publier

    « Le Sauvage et le préhistorique – Miroir de l'homme occidental »

    Si ses yeux sont tournés vers le passé, elle ne se désintéresse pas, loin s'en faut, des problématiques contemporaines. Et après un exposé magistral de cet homme de Néandertal, hier considéré comme une brute épaisse et devenu aujourd'hui l'image du « bon sauvage », elle parle de notre civilisation, en répondant aux questions:

    "Quel regard portez vous sur notre époque actuelle sur cette Histoire qui semble accélérer ?

    L'Histoire n'est pas linéaire, elle est faite d'allers et retours. Le mal-être actuel des Occidentaux, résulte, à mon avis, du fait que nous sommes dans une phase de transition sociétale. C'est une période difficile à vivre car elle est située entre deux types de civilisation.

    Au regard de la rapidité des innovations, elle correspond à un changement peut-être aussi important que celui qu'il y a eu entre le paléolithique et le néolithique ou le néolithique et l'industrialisation

    Que va nous apporter, selon vous, cette évolution, voire cette révolution ?

    Je suis pessimiste sur l'avenir de l'homme, en particulier de son bien-être. Je pense que cette technologie, cette nouvelle modernité, dans laquelle certains veulent y voir le bonheur de demain va de pair, d'un point de vue sociétal et économique avec un retour, à la lutte des classes, une lutte, à mon avis perdue d'avance pour celle des prolétaires.

    Tout est fait pour que plus personne ne réfléchisse, ne s'interroge sur la véracité de ce qui est véhiculé par les médias.

    Ça fait quinze ans que je corrige des copies. Ce sont de jeunes adultes avec un fort bagage intellectuel et culturel. Vous n'imaginez pas la qualité des copies que je corrige. C'est désastreux, mais ce n'est pas de leur faute.

    Alors  imaginez le niveau de tous ceux que le système a rejetés bien avant ? Ils vont former un nouveau prolétariat. Je suis une républicaine convaincue, laïque, notamment parce que c'est l'école de la République qui m'a sauvée.

    Du côté maternel, ma famille est d'origine slave, slovaque et magyar : mon grand-père était Hongrois… Jeune, je vivais chez ma grand-mère ouvrière agricole. Dans les années 60, les ouvriers agricoles vivaient comme des serfs. Je suis entrée à l'école directement en primaire, je parlais très mal et en plus j'étais dyslexique. Je n'allais ni au théâtre, ni au cinéma, et je n'avais que peu accès aux livres. Bref, j'avais tout pour échouer dans les études, on n'aurait pas parié un kopeck sur moi.

    Mais grâce aux enseignants que j'ai eus, grâce au temps dont ils disposaient, j'ai pu apprendre, découvrir, m'enrichir. Et aujourd'hui, grâce à eux, je suis directrice de recherche au CNRS.

    Aujourd'hui, je me bats pour que les gens comme moi, puissent encore réussir. Hélas, je sens qu'au niveau éducatif et culturel, on est en train de tout déconstruire. Notre société devient une société du paraître, de « l'avoir plus », mais de toute évidence, s'il on en croit les sondages, c'est un leurre, car les individus ne sont pas plus heureux pour ça.

    Animal grégaire et sociétal, l'homme trouve le bonheur dans l'échange avec l'autre, proche ou lointain."( fin de citation)

    Le bonheur dans l'échange ? quand on voit la montée du racisme, de l'individualisme , du rejet de l' Autre, on se dit que le bonheur n'est pas pour demain!