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Des raisons d'espérer - Page 9

  • Apercu de la vie d'avant guerre!

    Ma dernière note pouvait faire croire que je n’accordais aucune valeur à une amitié virtuelle. Il n’en est rien… car je  m’inquiétais du silence de « Nathalie » qui n’avait posté aucun commentaire sur mon blog depuis quelques semaines. Le jour de l’An, ses voeux, en complément de  ma dernière note,  m’ont fait chaud au coeur et un réel plaisir! 

    C’est donc à tous mes lecteurs, fidèles ou occasionnels, que j’adresse les miens aujourd’hui, bien sincères, en les remerciant de lire les réflexions sur la vie et le monde d’une femme ordinaire de plus de 80 ans!

    Le monde a changé trop vite,  la télé, les ordinateurs, les consoles et maintenant les smartphones ont cloué  la majorité des hommes et des femmes des pays dits développés, devant leurs écrans, ignorant « la vraie vie » (comme a écrit la soeur de Mark Zuckenberg) et ne s’apercevant pas qu’autour d’eux vivent des êtres humains qu’ils serait bon de ne  pas ignorer.

    Mon enfance s’est passé dans un village de moins de 200 habitants, beaucoup de très petits cultivateurs, 2 commerces (une épicerie et un café), quelques artisans, quelques ouvriers qui travaillaient à une petite laiterie coopérative et des personnes âgées qui vivotaient avec un jardin et quelques volailles.  Dans cette communauté rurale, ma mère était l’institutrice de la cinquantaine d’enfants du bourg et des environs, une classe unique mixte sans concurrence d’une école privée.

    Peu de rivalités, tout le monde se connaissait, devinait  les difficultés des uns et des autres  et savait pratiquer l’entraide et la solidarité naturellement, sans l’appeler charité.

    Devant presque chaque maison un banc de bois incitait à s’asseoir pour bavarder. Les rencontres, les conversations étaient journalières On organisait autour de ce banc d’interminables veillées l’été pendant lesquelles les langues ne chômaient pas et le rire était de rigueur. Les enfants couraient et jouaient sur la route ( car il ne passait pas de voiture) jusqu’à ce que le train de 10h siffle au loin et mette fin a ce moment privilégié.  L’hiver, c’est autour de la cheminée qu’on s’invitait et là encore les conversations allaient bon train.

    L’autre lieu de rencontres était le puits communal où chaque femme du bourg venait au moins une fois par jour puiser un ou 2 seaux d’eau. Que de conversations, que de rires,  que de jeux  pour les petits qui les accompagnaient.

    Maintenant, des 19h,  chacun est enfermé dans sa petite boite scotché à son écran! Comment connaître l’Autre et l’aimer, même s’il vit sur le même palier? On a bien créé une fête des voisins mais sans grand succès et si j’en juge par mon quartier,  sans conséquence sur la convivialité dès le lendemain.

    J’ai cité le sondage des Petits Frères de pauvres à propos des «  vieux » qui n’ont pas plus de 4  vraies conversations par an. Devant l’école de mon village habitait un vieux monsieur handicapé qui chaque soir s’installait sur son banc lorsque 17 h arrivait. Et oui, pour les élèves, c’était un passage obligé… aller bavarder, rire et jouer autour de lui. Il est arrivé a ma mère,certains soirs d’hiver, de sortir  pour dire à ses élèves qu’ils allaient arriver à la nuit chez eux s’ils continuaient à tenir compagnie au «  père Colas ». Et il y avait d’autres personnes seules qui attendaient la sortie des écoliers pour vivre des instants au contact des enfants. De plus, on pensait à eux, par exemple, combien de fois, après avoir cueilli des fruits dans notre jardin me suis je vue chargée d’en porter à une personne seule à l’autre bourg du bourg avec mission de rester bavarder avec elle!   

    Impensable maintenant où la personne âgées est  ignorée par les actifs!

    Je veux enfin aborder un autre sujet, la mort! Elle faisait partie de la vie, on mourait chez soi, entouré de la famille, des voisins et des amis et les enfants n’étaient pas exclus des derniers instants d’un être cher. Oui, tout le monde savait d’instinct « apprivoiser la mort » et la vivre comme un passage obligé de la vie à … autre chose! Elle ne faisait peur à personne et on savait parler a ceux qui étaient dans le chagrin alors que maintenant , on les évite et ne sait quoi leur dire.

    Ma vie de petite campagnarde angevine n’était pas une exception, mon mari, bourbonnais avait eu la même enfance  faite de bancs et de puits et mon amie proche depuis notre entrée en 6 ème, il y a 71 ans,  a les mêmes souvenirs de sa jeunesse bretonne. 

    La solidarité d’une communauté,  l’intégration des personnes âgées à cette société et la reconnaissance de la mort comme un phénomène normal , voilà des choses qui n’ont guère leur place dans le monde occidental du XXIème siècle.

    Pourtant je vois autour de moi  de plus en plus d’initiatives individuelles isolées pour retrouver la « vraie vie ». Peut-être est-on en train de comprendre que vivre entouré  d’écrans et bientôt de robots n’est pas satisfaisant pour un être humain?

  • "Esprit de FEZ" - Ouverture, tolérance et universalité!

    J'ai reçu hier la lettre hebdomadaire du Professeur Henri Joyeux que je découvre toujours avec plaisir et intérêt. Intitulée " L'art et la spiritualité au service de la santé" elle a illuminé ma journée. Elle est  consacrée  au festival des musiques sacrées du monde, qui a lieu à Fez chaque année, animé par  la fondation "Esprit de Fez".

     

    J'avais déjà, par l'intermédiaire de Point Afrique entendu parler de ce festival et j'avais même eu l'intention de  m'y rendre. Car cette manifestation, organisée par un islam de tolérance pour un mélange des cultures et des religions, me semble une initiative exceptionnelle dans notre monde d'égoïsme et de rejet.

    Il a été fondé en 1994 par Faouzi Skali, docteur en anthropologie, ethnologie et sciences des religions,  spécialiste du soufisme, la branche  qui allie islam , art et culture ("Un excès de culture n'a jamais fait de mal ; le manque de culture, si".  dit il d'ailleurs)

    Ce festival est un évènement marquant au Maroc . avec une mission universelle de paix et de rapprochement entre les peuples, il se veut un message d'ouverture, de tolérance et d'universalité. Il accueille une multitude d'artistes, qui viennent de tous les horizons et de toutes les cultures. En 2001,  l'ONU l'a distingué comme l’un des événements marquants ayant contribué, d’une façon remarquable, au dialogue des civilisations.

     

    Ce festival réunit, en moyenne 100 000 festivaliers chaque année, 40 % sont Marocains, 40 % Français et 20 % de nationalités diverses. Il alterne musique et conférences qui proposent des débuts de pistes pouvant mener à une pacification du monde, notamment méditerranéen 

    C'est que, dans un  passé lointain,  l'harmonie a régné sur ce pourtour de la Méditérrannée. Chaque communauté ,  chaque religion étaient  accueillie, acceptée et respectée et chaque culture s'enrichissait au contact des autres. C'est lors d'un  voyage en Sicile que j'ai entendu louer la culture arabo-normande et sa tolérance!

    L’interaction des cultures normande, arabe et byzantine après la conquête, par les Normands, de la Sicile à partir de 1061 jusqu’aux environ de 1250 a été exemplaire . Cette civilisation a entraîne de nombreux échanges dans les domaines culturel et scientifique. Elle était  fondée sur la tolérance. car  les premiers habitants étaient héllénophones et   les colons musulmans quand sont arrivés les Normands. Ils ont tous  fait de la Sicile un carrefour de l’interaction entre les cultures latino-chrétienne, gréco-byzantine et arabo-islamique. Comme on est loin de cette brillante civilisation maintenant!

     

    Parmi les conférenciers, j'ai relevé pêle-mêle Jacques Attali,  Regis Debray , Pierre Rabbhi, plusieurs rabbins et personnalités juives, un responsable du Vatican,  des prêtres,  des journalistes de La  Vie, de Témoignage chrétien, des responsables d'ONG, des personnalités civiles et universitaires

    Des titres de conférences, en voici: 

    -L' Homo situs doit remplacer l'Homo economicus qui "a fait faillite".(Lhomo oeconomicus est porté à tromper et à user de mille et une manières pour maximiser son utilité et son profit.)

    - Passons de l'identité meurtrière à l'identité curieuse

    -  Pour transmettre, communiquer ne suffit pas

    -  L'humilité est nécessaire aux audacieux, 

    - Les désaccords ne peuvent se résoudre que dans le respect

    - Le meilleur dialogue passe par l'entraide affective 

    - De  l'information au savoir, du savoir à la sagesse

     

    Et je terminerai par cette phrase si vraie mais volontairement oubliée et plus encore niée,  citée une une indienne de l'ONG Oxfam

    - “Puissiez-vous, Occidentaux, comprendre que les humains sont d'abord des nomades. Vous-mêmes avez migré dans le monde entier, mais aujourd'hui, vous voudriez empêcher les autres de faire pareil.”

    Pour terminer, voici le lien pour lire  la lettre du Professeur Joyeux.

  • Economie circulaire et raisons d'espérer.

    Alors que très souvent la marche de notre monde me désole et que j’emploie ce blog pour dénoncer ce qui me révolte et me désespère, j’ouvre une nouvelle rubrique «  des raisons d’espérer ». Je suis pas la seule à penser qu’il faut impérativement prendre une orientation différente. A mon âge, je me contente de lire et dénoncer, mais des jeunes inventent une vie nouvelle plus humaine et plus motivante.

     

    En opposition a la société "de consommation" où l’on extrait, produit, consomme et jette, cette économie « circulaire ». est un système économique d’échange et de production durable des ressources, pour diminuer l’impact sur l’environnement, lutter contre le gaspillage et valoriser  le recyclage des produits.

     

      Une enquête du Credoc au cours des 25 dernières années, montre une préoccupation de plus en plus marquée pour le problème des déchets, le souci de prolonger la durée de vie des objets,  une préférence pour les économies de ressources et d’énergie, une remise en cause du tout automobile, surtout au sein des jeunes générations, une progression importante de la consommation de produits bio et de proximité. 

    On entend de plus en plus parler de vide greniers, de Ressourceries, de bourses d’échanges, de  covoiturage, de colocation,  d’Amap , de jardins partagés, de fermes en permaculture etc… On peut maintenant échanger gratuitement sa maison contre une autre dans une autre région ou un autre pays pour les vacances et d’autres initiatives naissent chaque jour, répondant à un besoin.

     

    La baisse du pouvoir d’achat, rogné par les crises qui se succèdent incite à devenir inventif,  internet facilite achats et échanges directs, c’est indéniable. Mais j’ai été étonnée de trouver dans l’enquête du Credoc deux autres raisons à ce changement d’attitude envers la consommation:  la prise de conscience écologique et le besoin d’entretenir des relations sociales avec ses voisins. C’est vrai que l’écologie a été dénigrée, raillée, niée pendant des années, C’est vrai que l’individualisme et l’égoïsme règnent trop souvent en maître dans les relations humaines.  Pourtant, d’après cette enquête il  semblerait que nombre de nos concitoyens redécouvrent que la Nature et leurs voisins existent!

    Voilà qui doit désoler les économistes distingués , les officines de marketing des chantres de la consommation pulsionnelle, de la reprise forcenée, de la croissance frénétique, de l’individualisme exacerbé et  gaspilleur. Ceux qui nous rabâchent depuis des décennies « n’y a pas d’autre alternative! » ceux qui sont sourds aux paroles et écrits de leurs pairs qui osent une approche différente du monde,  «  les Economistes attérés » par exemple! Malheureusement les premiers sont les seuls qui ont droit de parole sur nos médias.

     Réinventer le monde, comme le dit si bien «  l’Age de Faire », ce sera le le rôle des générations futures et je pense que plus de jeunes qu’on ne l’imagine le souhaitent.