Avant hier soir, j’étais devant le documentaire de France 5 intitulé « Nous vieillirons ensemble , la saga des Babayagas » ( sorcières des légendes russes). Ceux qui suivent mon blog ne seront pas étonnés.
« L’art de bien vieillir, une utopie réaliste », « Vivre en termes de service et non de pouvoir, être pleinement ce que l'on peut être, créer de la vie partout et toujours », « changer la civilisation du mépris en civilisation du regard »….et cette phrase qui a fait l’objet de ma dernière note « Nous ne sommes plus de braves vieux, nous sommes un marché » ….les paroles de Thérèse Clerc trouvent si souvent un écho en moi. C’est qu’elle est partie, comme moi, du constat suivant : le système de prise en charge des personnes âgées génère la dépendance.
Tombée un jour par hasard sur le site des Babayagas, j’ai trouvé leur projet tellement intéressant que leur ai envoyé un mail à la suite duquel nous avons échangé quelques idées.
Au moment de leur séparation, je me suis dit que c’était trop beau pour être réalisable et que ces femmes, toutes atypiques et aux fortes personnalités, ne réussiraient pas à s’entendre. Et puis, avec sympathie, j’ai vu leur projet repartir, la maison sortir de terre et hier, j’ai pu constater que malgré les difficultés, les heurts inévitables, elles réussissent à vivre ensemble et à faire vivre leur projet.
La Charte de la Maison, avec la participation, l’implication de chacune dans la vie de la maison, avec cette si belle « université populaire » qui sera une réussite, je le souhaite, montre que les « vieilles » peuvent être autre chose qu’un troupeau qu’on essaie, avec bonne volonté reconnaissons le, d’ «animer» dans les maisons de retraite traditionnelles.
J’ai suivi 2 exemples, celui de ma mère, rentrée pour raisons de santé mais à contrecoeur, à 95 ans dans une maison où elle a toujours refusé d’assister aux animations , les trouvant « inintéressantes ». Le mari d’une amie, entré, lui à 93 ans, disait que « c’était des jeux pour des gamins »… et s’est laissé mourir très vite!
Avoir eu une personnalité, des responsabilités, un rôle dans la famille, dans la société et perdre tout çà parce qu’on est « vieux » est intolérable pour beaucoup!
La vie est faite de rencontres, d’actions, de projets . Or, dans notre pays, la vieillesse, c’est l‘enfermement, l’inaction, l’obéissance passive.
Avec mon association, la Poulie, au Niger, je fréquente beaucoup l’Afrique. Là-bas non seulement on n’enferme pas les vieux et vieilles dans des maisons, mais ils sont chargés de différentes manières de transmettre leur savoir , leurs valeurs aux plus jeunes et ils gardent un rôle important dans la vie de la communauté! Et dans la concession ( groupe de cases a l’intérieur d’un même enclos), les vieilles sont des références et des éducatrices.
Aussi, l’initiative de Thérèse Clerc et de ses amies «faire le pari politique et citoyen que les personnes peuvent elles-mêmes, solidairement prendre en charge leur vie dans un espace totalement ouvert sur la ville et la société » m’est infiniment sympathique. Et l’hommage rendu par France 5, chaîne « confidentielle », (il faut le déplorer) aurait pu être diffusé sur une chaine nationale de grande écoute et …. pourquoi pas même sur TF1?
Le 3/05/2012, j'avais déjà publié la note suivante intitulée: Les Babayagas