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  • Je termine mon SMS par un point: je suis agressif et cassant!

    Je ne peux m’empêcher de partager immédiatement , en une note brève, ma découverte de ce matin! ll ne faut pas terminer un texto par un point comme on nous l’a toujours appris grammaticalement.

    Bizarre, me direz vous ! Oh non! Une très sérieuse étude de l’université de Binghamton aux USA intitulée «  les textos pas sincères: le rôle du point dans les SMS », conclut qu’un point a la fin d’un texto fait passer son auteur pour « quelqu’un d’hypocrite, de cruel et d’antipathique »,. Ecrire  « oui. » est hypocrite, mais écrire « oui »  ou encore mieux « ouais » ou « OK »,  est sincère.

    J’apprends avec stupéfaction que le point est « sec, agressif et cassant ». Il est vrai qu’on a maintenant les émoticons pour remplacer la ponctuation, mais tout de même, pourquoi attribuer un rôle aussi négatif a notre bon vieux « . »
    Il a fallu mobiliser des psychologues surement fort savants pour découvrir que toute la génération des « vieux » qui ont appris la grammaire sont des êtres agressifs et cruels. C’est, paraît- il la « fracture générationnelle ». Pour les jeunes, la ponctuation, car ce ne sont pas seulement les points , indique un être « sec et cassant ».


    Les jeunes ont attribué un nouveau sens aux signes de ponctuation: plusieurs points d’exclamation montrent une forte insistance, plusieurs points d’interrogation demandent une réponse très rapide, les trois petits points indiquent des sous entendu, quant au point, il indique sèchement … fin de conversation.


    Bref, j’ai avancé ce matin sur le chemin de la compréhension de la jeunesse actuelle et une fois de plus, j’ai réalisé que je ne suis qu’une « vieille conne » ( pardonnez moi l’expression!).


    Et je repense à Apollinaire qui lui aussi innova, en supprimant toute trace de ponctuation, dans son recueil de poèmes « Alcools ». Blaise Cendrars l’avait supprimée aussi en certaines circonstances. Selon eux, en poésie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Mais il n’empêche que cela ne simplifie pas toujours la compréhension! Il faut se dire que c’était aussi la fracture générationnelle!
    .
    (Surtout ne pas mettre de point a la fin de ma note, par habitude). C’était mon sujet du jour, un point c’est tout

  • Et si une cure de "Préjugix" devenait obligatoire?

    Dans ma moisson d'infos hier matin, un titre a attiré mon attention « 5000 boîtes de Préjugix  seront distribués gratuitement ce samedi à Villeneuve-sur-Lot ».
    Préjugix??? Il me faut immédiatement en savoir davantage.


    L’article que je viens de trouver ( Rue 89, Bordeaux) commence par ces mots: « Si vous pensez que l’homosexualité est une « invention occidentale » et que les dépressifs sont des « paresseux », si vous n’êtes pas loin de considérer que si une femme battue reste avec son mari, « c’est qu’elle aime ça »… Alors, une petite cure de Préjugix 200mg© ne vous fera pas de mal !
    Préconisé dans le traitement du préjugé simple à sévère, à consommer sans modération et avec effets désirables : tolérance, respect, ouverture d’esprit… »

    La nouvelle me plaît tellement que j'en ai les larmes aux yeux, moi qui passe mon temps à m'indigner contre tous les préjugés qui empoisonnent la vie de notre société  entière. 9 thèmes sont soignés:  handicap physique, handicap mental, dépression, familles de malades psychiques, seniors, jeunes, femmes, homosexualité, reconversion professionnelle.
    A l’origine du projet Patrick Delpech, un artiste plasticien et performer, qui explique.
     
    "L'idée est venue d'une série de rencontre avec le Groupe d'entraide mutuelle de VIlleneuve-sur-Lot, courant 2013. Nous avons tentés ensemble de mettre en place une intervention artistique en public.
    Après plusieurs rendez-vous une impasse semblait se profiler. En relisant mes notes accumulées au cours de ces rendez-vous, j'y ai trouvé un croquis représentant une capsule de médicament, avec écrit à côté "anti-préjugé"… c'était ça et seulement ça qu'il fallait développer ! »

    Le projet a été lancé: « Faire réagir des groupes de personnes, aux idées reçues les plus répandues à leur sujet et  présenter ces réactions, sous la forme de textes au grand public, de façon simple et ludique».
    15 pharmaciens de tout le territoire, cinq lycées, de nombreuses associations, tout autant, sinon plus, de simples citoyens ont été intéressés et le financement participatif a été largement atteint.
    La fabrication a commencé en octobre et samedi les boites étaient distribuées.

    Le Préjugix se présente comme une boîte de sirop. A l’intérieur, une notice générale pour exposer le projet et neuf notices sous forme de rouleaux. Toutes sont présentées de la même manière : les préjugés au recto, les réponses ou les explications au verso, accompagnées des coordonnées des associations partenaires.
    Ces textes ont été rédigés par des organisations locales et nationales.

    « Je vais offrir à mes patients ce sirop original et je pense qu’ils vont très bien le prendre, les gens vont rigoler. C’est un moyen  léger et drôle d’aborder la question des préjugés sur la dépression ou encore l’homosexualité. » dit une pharmacienne.

    Patrick Delpech confirme :
    « Moi je fais le pari des autres dans ma démarche artistique. Je crois vraiment que le meilleur que je puisse donner, c’est au contact des gens et de la vie. Quand on voit qu’une idée, une fois mise entre les mains d’une association et d’un collectif,  se déploie autant, c’est fantastique ! Au début du projet on écrivait que c’était un faux médicament, mais quand je vois les bienfaits qui sont en train de nous revenir aux oreilles, on se dit que c’est un vrai médicament ! Peut-être que l’on soigne en partie le corps social, mais on le soigne. »

    Les 9 thèmes évoqués et soignés représentent effectivement les catégories sociales sur lesquelles se répandent le plus de mensonges et de calomnies: « handicap physique, handicap mental, dépression, familles de malades psychiques, seniors, jeunes, femmes, homosexualité, reconversion professionnelle ». J’aurai aimé qu’on ajoute le racisme ordinaire et le rejet «  de ceux qui ne sont pas de notre race », mais il faudrait bien une cure de 10 boîtes de «  prejugix » pour combattre ce travers de notre société .
    Pourtant je ne désespère pas car tous ceux qui ont connu ce projet sont tellement enthousiastes que tous sont prêts à poursuivre . Et je crois tellement aux initiatives citoyennes. En tout cas, c’est une raison d’espérer: il reste tant de préjugés à mettre en boite!

    Un grand merci a ceux qui ont osé se lancer dans une telle aventure.

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  • "Pharmacologie du Front National", interview de Bernard Stiegler

    J’avais lu des extraits du livre de Bernard Stiegler, « Pharmacologie du Front National », et j’avais alors cherché à en savoir davantage sur ce philosophe français qui axe sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles - sociales, politiques, économiques, psychologiques,- portées par le développement des technologies et surtout des technologies numériques. Son analyse de la société avait rejoint la mienne et j’avais eu envie d’acheter un de ses livres.
    Ces jours derniers, j’ai trouvé sur «  Rue 89 » un interview qui éclaire d’une façon magistrale la situation actuelle de la société et la montée du Front National. En voici des extraits:


    «  Je parle avec des gens du Front national, il y en a même que j’aime bien. Je vous le dis très franchement : certains sont plutôt sympathiques. La plupart ne sont pas des racistes ou des antisémites, mais des gens très malheureux. Je n’essaye jamais de les dissuader de voter pour le Front national. Plus j’essaierais de le faire, et plus ils voteraient pour le Front National. C’est complètement inutile.
    C’est d’autant plus inefficace que, pour une part, ils n’ont pas tort d’exprimer une souffrance. Il y a toujours un fond de vérité. dans leurs arguments. Le problème, c’est que ce fond de vérité qui devient pathologique exprime une maladie qui n’est pas seulement celle de ces électeurs : c’est celle de notre société.
    Ce qui est spécifique dans la pathologie des électeurs du Front national, c’est que par leur vote, qu’ils le veuillent ou non, ils s’en prennent à des boucs émissaires.
    On est des millions a perdre le sentiment d’exister donc de plus en plus de gens voteront Front national …alors que d’autres tueront des gens ou braqueront des banques.

    Comment expliquez vous cette réaction?
    Elle vient de l’organisation illimitée de la consommation via le marketing et la télévision. Quand j’étais enfant, le repas du dimanche avait beaucoup d’importance. Il était courant dans les classes populaires de faire des festins, car il est très important de recevoir, de se rassembler.
    C’est ce que le consumérisme a concrètement détruit : il n’y a que du prêt-à-porter, du prêt-à-manger – de la malbouffe et plus de fête.

    Comment faire réaliser aux électeurs du FN que leur souffrance est déconnectée du chiffre de l’immigration  ?
    Cela ne sert à rien de leur dire : ils ne l’entendront jamais. Précisément, ils entendent autre chose si vous leur dites cela. Ils entendent que vous n’avez pas écouté leur problème. Et ils ont raison. S’en prendre à un bouc émissaire est un symptôme. C’est un symptôme horrifique, extrêmement dangereux, et le nazisme est l’exploitation de ce symptôme à l’échelle cauchemardesque du XXe siècle.
    Une telle horreur peut tout à fait revenir – c’est même plus que probable : si rien de décisif ne se passe, c’est ce qui finira par arriver. Et cela dépend de nous que cela n’arrive pas – mais ce n’est pas en insultant les électeurs du FN que cela s’arrangera.
    Je pense qu’il est urgent que la presse reprenne son rôle, qui est de défendre des idées, de les faire se confronter, et par là, de construire des opinions. Cela veut dire faire des choix politiques, esthétiques, intellectuels, sociaux, etc. – et les assumer

    Aujourd’hui, la désespérance est le fond de commerce du Front national. Pour redonner de l’espoir, il faut donner la parole à ceux qui ont quelque chose à dire et qui sont prêts au débat public – et par là reconstruire une pensée, des concepts et des perspectives, et les socialiser.
    L’économie, un hyperconsumérisme extrêmement toxique sur le plan environnemental, une grande misère symbolique sur le plan mental, et une précarisation généralisée provoquent un sentiment d’insécurité bien réelle et une désintégration sociale.
    Cette désintégration rend impossible l’intégration non pas des immigrés, mais de la population elle-même dans son ensemble, les immigrés y étant exposés plus que tous évidemment.

    Un système économique ne peut pas fonctionner sans confiance – et il n’y a plus de confiance. L’automatisation est en train réduire l’emploi dans tous les secteurs et dans tous les pays ? Qui a parlé de tout cela au cours de la campagne sur l’Europe ? Ce qui est en train d’advenir, c’est la disparition de l’emploi. L’automatisation va se développer désormais massivement, notamment parce que le numérique permet d’intégrer toutes sortes d’automatismes jusqu’alors isolés, et qu’il en résulte une baisse rapide du coût des robots….
    Le FN vit sur l’idée que la souffrance est attribuable aux immigrés parce que personne n’a le courage de fournir les vrais schémas de causalité nouveaux qui s’imposent.

    Ces jeunes qui partent en Syrie ne souffrent-ils pas du même trouble narcissique que les électeurs du FN ?
    Les terroristes intégristes, beurs ou blancs, nés et élevés en France, qui d’un seul coup, se mettent à devenir musulmans souffrent du même mal. S’ils ne trouvent plus de possibilité d’identification dans la société, et s’ils vivent dans une société qui est en train de s’effondrer, ils sont prêts pour s’engager dans ce que j’ai appelé une sublimation négative – qui peut conduire au pire. Ce sont là encore des symptômes.

    Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, cela se développera encore longtemps et inévitablement si la société ne produit pas vite des capacités nouvelles d’identification positive sur des idées républicaines, constructives et vraiment porteuses d’avenir"

    Chaque phrase est à méditer!