Les derniers chapitres du livre de Catherine Quillé traitent du système scolaire. Il y a tant à dire!
Je la rejoins tout a fait quand elle écrit: « Dans le système scolaire les apprentissages font l’objet d’une propression et d’une évaluation; les évaluations ne peuvent pas rendre compte du niveau global d’un enfant. Elles se résument à quantifier sa capacité à ingurgiter et mémoriser des connaissances mais ne permettront en rien de résoudre ses lacunes ».
Comme moi, elle pense que : Evaluation = compétition et jugement, ce qui entraine pour beaucoup dévalorisation et résignation. Combien d’échecs scolaires a-t-on « fabriqués » de cette manière? Il faut si peu de choses pour cela.
Dans les années 60, j'avais une classe à 4 cours ( 4 ans à 8 ans). Dans notre école de village à 2 classes, nous organisions une fête de prix qui drainait toute la population des environs. Dans un souci d'équité, bien avant la « révolution » de 1968, nous avions supprimé les piles de livres que recevait le prix d'excellence, et institué pour chaque élève du même cours un livre de la même collection qu’il allait présenter à un conseiller municipal.
Cette année là, un de mes "grands" d'une dizaine d'années qui avait eu du mal à apprendre à lire en 2 ans et naviguait du CP au CE2 suivant les matières ( bien pratiques ces classes multiples pour les rattrapages sans redoublement) était venu me faire une drôle de requête.
" Dites, Madame, je ne voudrais pas montrer mon prix à un conseiller"
J'interroge et il m'explique
" J’ai honte quand il voit les prix que j'ai eu"
Etonnement pour moi car tous ont sur la feuille incluse à le première page du livre "Prix de ….. et de ….". Même le dernier a 2 prix!
Nouvelle explication et j'entends
" Quand il lit travaux manuels, gymnastique, ou bonne camaraderie, bonne volonté, j'ai honte"
Voilà, ce qui était une humiliation pour lui, c’était la « reconnaissance sociale » de la matière! car le monde lui avait déjà inculqué qu’il y a une différence entre matières nobles et autres!
Et moi qui croyait mettre ne valeur ce que chacun de mes élèves avait de bon! Quelle leçon!
Quant à Michel, petit garçon sensible, issu d'une famille nombreuse très pauvre, doué d'un réel talent d'organisateur pendant les récréations, travailleur et attentif, muni d'une solide intelligence manuelle, (capable, avec ses mains, de tout faire à partir de rien) mais, hélas, pas intéressé par que le monde jugeait comme essentiel … Michel souffrait et se sentait humilié de ne pas voir "mathématiques ou français" dans l'énoncé de ses prix.
Je n'ai jamais oublié et j'ai toujours valorisé ceux qui étaient en difficulté en essayant de ne jamais les humilier.
J’apprécie l’analyse de notre système scolaire, faite par Catherine. Je la trouve très juste et les solutions qu’elle propose sont très appropriées, mais qui l’écoutera?