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Il était un blog - Page 186

  • Jugement sur l'éducation actuelle!

     Mise en garde de la philosophe américaine Martha Nussbaum.

     Partout dans le monde, au nom du progrès économique, les pays renoncent à cultiver chez les jeunes des compétences  indispensables à la survie des démocraties.

    De profonds bouleversements sont en train de se produire dans le contenu de l'éducation dans les sociétés démocratiques . Avides de réussite économique, les pays et leurs systèmes éducatifs renoncent  à des compétences pourtant indispensables à la survie des démocraties. Si cette tendance persiste, des pays du monde entier produiront bientôt des générations de machines utiles, dociles et techniquement qualifiées, mais non des citoyens accomplis, capables de réfléchir par eux-mêmes, de remettre en cause la tradition et de comprendre le sens des souffrances et des réalisations d’autrui.

     

    Nous semblons oublier les facultés de pensée et d’imagination qui font de nous des humains  et non des machines simplement utilitaires.

     

    La démocratie est alors vouée à l’échec, car elle repose précisément sur le respect et l’attention portés à autrui, sentiments qui supposent d’envisager les autres comme des êtres humains et non comme de simples objets.

    "Si le savoir n’est pas une garantie de bonne conduite, l’ignorance est presque à coup sûr une garantie de mauvaise conduite."


    Pour être un citoyen responsable il faut être capable d’évaluer les preuves historiques, de manier les principes économiques et d’exercer son esprit critique, de comparer différentes conceptions de la justice sociale, de parler au moins une langue étrangère, de mesurer la complexité des grandes religions du monde. 

    Disposer d’une série de faits sans être capable de les juger, c’est à peine mieux que l’ignorance.


    Cultiver l’empathie est au cœur des meilleures conceptions modernes de l’éducation démocratique.  Cela doit se faire  au sein de la famille, dans  les écoles, et même les universités, en accordant  dans les programmes une place de choix aux humanités et aux arts, qui améliorent la capacité à voir le monde à travers les yeux de quelqu’un d’autre – capacité que les enfants développent par le biais de jeux d’imagination. 

    L’éducation pour la croissance économique suppose des compétences de base – savoir lire, écrire et compter. Elle suppose aussi que certains aient des compétences plus poussées en informatique et en technologie. L’égalité d’accès n’est pas d’une importance cruciale : un pays peut fort bien se développer alors même que sa population rurale pauvre reste illettrée et privée de ressources si une élite technologique et commerciale compétentes développe.

     

    La liberté de pensée de l’étudiant est dangereuse car le but est de former des travailleurs dociles techniquement efficaces et chargés d’exécuter les plans des élites visant à attirer les investissements étrangers et le développement technologique. Dans l’enseignement primaire, les exigences du marché mondial ont poussé tous les pays à mettre l’accent sur les compétences scientifiques et techniques, tandis que les humanités et les arts étaient sacrifiés. Le contenu des programmes a rayé tout ce qui stimulait l’imagination et l’esprit critique . Cette évolution des contenus s’est accompagnée d’une évolution de la pédagogie encore plus pernicieuse, qui évince des modes d’enseignement favorisant le questionnement et la responsabilité individuelle.

    Aujourd’hui, nous continuons d’affirmer que nous sommes en démocratie, que nous tenons à la démocratie, et  à la liberté de parole, au respect de la différence, et à la compréhension des autres.

    Mais ces valeurs, nous ne les transmettrons pas à la génération suivante si elle subit cette nouvelle éducation, et nous ne réfléchissons pas qu'elles sont indispensables à leur survie."


    J'adhère sans une réserve à cette étude et repense  à la citation de N. Sarkosy:

    " L'étude de la Princesse de Clèves est inutile  à une future caissière de supermarché" 

  • Egypte/Pologne

     

    Lu ce matin cet article déjà un peu ancien , écrit par une polonaise, publié dans la Gazeta Wyborcza,et repris par Courrier International

    C'était le 30 janvier et les Egyptiens luttaient pour leur liberté. 

    Intérrogés par les médias polonais, les touristes qui étaient  en Egypte parlaient  de soleil et de piscine  et de bronzage, ceux qui devaient partir espéraient que tout allait vite redevenir normal et que rien n'empêcherait la réussite de leur voyage.

    Cela suscite l'exaspération et la colère de cette femme qui écrit:

     

    "Pas un touriste n'a dit pas un mot sur la cause pour laquelle les Tunisiens et les Egyptiens se font tuer, car personne ne leur a posé cette question!….

    Et pourtant "De la liberté ! Du pain ! Du travail ! Du meilleur avenir pour nos enfants" ! ...c’est ce que scandent les manifestants, Jadis, dans les rues de Poznan Gdansk, Wroclaw et Varsovie, nous aussi scandions la même chose."


    Et voici le dernier paragraphe ou l'indignation ( encore ce mot à la mode! ) transparaît dans chaque phrase.

     

    "Quand, il y a trente ans, nous nous sommes battus pour notre liberté, nous avons attendu du monde de la compréhension et du soutien moral. A l’époque, nous n’aurions pas compris les médias étrangers se plaignant pour leurs touristes empêchés de bronzer béatement sur la Baltique ou visiter la Vieille Ville de Gdansk à cause de ces ouvriers et ces intellectuels polonais pris par une idée folle d’organiser en pleine saison touristique un renversement du pouvoir politique. Je comprends qu'il est difficile d’oublier les vacances déjà payées. Mais je demande seulement un peu plus d’empathie et moins de dureté dans les propos, commentaires et reportages concernant ces pays. 

    Montrons ce que nous mêmes voudrions qu’on nous montre : du cœur et du respect."


    Je trouve ce texte très beau. Décidément la mémoire est courte et  l'égoïsme bien vivant!

     

  • Le sauvage et le Préhistorique

    Trouvé un interview très intéressant de la Directrice de recherches au CNRS, responsable de l'unité d'archéozoologie du département préhistoire du Museum d'Histoire Naturelle, et grande spécialiste de l'Homme de Néandertal, Marylène Patou Mathis, qui vient de publier

    « Le Sauvage et le préhistorique – Miroir de l'homme occidental »

    Si ses yeux sont tournés vers le passé, elle ne se désintéresse pas, loin s'en faut, des problématiques contemporaines. Et après un exposé magistral de cet homme de Néandertal, hier considéré comme une brute épaisse et devenu aujourd'hui l'image du « bon sauvage », elle parle de notre civilisation, en répondant aux questions:

    "Quel regard portez vous sur notre époque actuelle sur cette Histoire qui semble accélérer ?

    L'Histoire n'est pas linéaire, elle est faite d'allers et retours. Le mal-être actuel des Occidentaux, résulte, à mon avis, du fait que nous sommes dans une phase de transition sociétale. C'est une période difficile à vivre car elle est située entre deux types de civilisation.

    Au regard de la rapidité des innovations, elle correspond à un changement peut-être aussi important que celui qu'il y a eu entre le paléolithique et le néolithique ou le néolithique et l'industrialisation

    Que va nous apporter, selon vous, cette évolution, voire cette révolution ?

    Je suis pessimiste sur l'avenir de l'homme, en particulier de son bien-être. Je pense que cette technologie, cette nouvelle modernité, dans laquelle certains veulent y voir le bonheur de demain va de pair, d'un point de vue sociétal et économique avec un retour, à la lutte des classes, une lutte, à mon avis perdue d'avance pour celle des prolétaires.

    Tout est fait pour que plus personne ne réfléchisse, ne s'interroge sur la véracité de ce qui est véhiculé par les médias.

    Ça fait quinze ans que je corrige des copies. Ce sont de jeunes adultes avec un fort bagage intellectuel et culturel. Vous n'imaginez pas la qualité des copies que je corrige. C'est désastreux, mais ce n'est pas de leur faute.

    Alors  imaginez le niveau de tous ceux que le système a rejetés bien avant ? Ils vont former un nouveau prolétariat. Je suis une républicaine convaincue, laïque, notamment parce que c'est l'école de la République qui m'a sauvée.

    Du côté maternel, ma famille est d'origine slave, slovaque et magyar : mon grand-père était Hongrois… Jeune, je vivais chez ma grand-mère ouvrière agricole. Dans les années 60, les ouvriers agricoles vivaient comme des serfs. Je suis entrée à l'école directement en primaire, je parlais très mal et en plus j'étais dyslexique. Je n'allais ni au théâtre, ni au cinéma, et je n'avais que peu accès aux livres. Bref, j'avais tout pour échouer dans les études, on n'aurait pas parié un kopeck sur moi.

    Mais grâce aux enseignants que j'ai eus, grâce au temps dont ils disposaient, j'ai pu apprendre, découvrir, m'enrichir. Et aujourd'hui, grâce à eux, je suis directrice de recherche au CNRS.

    Aujourd'hui, je me bats pour que les gens comme moi, puissent encore réussir. Hélas, je sens qu'au niveau éducatif et culturel, on est en train de tout déconstruire. Notre société devient une société du paraître, de « l'avoir plus », mais de toute évidence, s'il on en croit les sondages, c'est un leurre, car les individus ne sont pas plus heureux pour ça.

    Animal grégaire et sociétal, l'homme trouve le bonheur dans l'échange avec l'autre, proche ou lointain."( fin de citation)

    Le bonheur dans l'échange ? quand on voit la montée du racisme, de l'individualisme , du rejet de l' Autre, on se dit que le bonheur n'est pas pour demain!