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  • L'angélisme exterminateur ( Gérard Alain Slama)

    C'est pendant mon séjour à la Tranche que j'ai découvert, dans une bibliothèque, un livre déjà ancien  ( 1993) " L'angélisme exterminateur" au sous-titre évocateur, " essai sur l'ordre moral contemporain". Le nom de son auteur Gérard Alain Slama m'était inconnu. J'ai appris qu'il était journaliste au Figaro et au Point, enseignant l'histoire des idées politiques à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.


     J'ai feuilleté le livre, lu le résumé au dos, …. et l'ai  emprunté puis dévoré. Je n'ai pas regretté ma découverte, j'ai pris des notes et je ne résiste pas à en citer des passages.

     

    " Jamais les citoyens des nations démocratiques n'ont autant prôné l'individu, la vie privée, la société civile. Jamais pourtant, l'Ordre Moral, l'esprit et les moeurs n'ont été soumis à une pression aussi constante. jamais l'appareil technique de propagande et de surveillance n'a été aussi contraignant et aussi sournois. jamais non plus le pouvoir n'a trouvé en face de lui une opinion aussi insaisissable et plus molle. La vertu de s'indigner semble s'être évaporée. Le troupeau pourrait être plus asservi, il ne saurait être davantage troupeau!

    … Une indifférence, un fatalisme, une fatigue se sont emparées des consciences devant la montée jugée inévitable d'un ordre de liberté surveillée. Nous laissons en friche les terrains conquis par la liberté, notre liberté est plus apparente que réelle, nous abandonnons notre conscience à la direction des experts, nos pensées sont des mécanismes et nos actes des gestes, notre aptitude a créer n'est plus qu'une aptitude à produire, les Droits de l'Homme ne sont que des incantations destinées à servir d'alibis à notre incapacité d'agir.

    … Cette régression nous ramène à l'an 40 et à l'esprit de Vichy. La dignité des hommes se mesure aux sacrifices que ceux ci sont prêts à consentir pour assumer leur liberté.

     

    Il explique que, dans notre culture républicaine la morale est,  depuis toujours,  affaire d'éducation et de conscience. Mais aujourd'hui,  une véritable religion de la sécurité a amené toute une série de mesures de redressement des moeurs, d'évaluation et de contrôle qui étend sur la société un contrôle social sans précédent, qui n'a d'égal que le régime de Vichy!

     

    Si j'ai tant apprécié ce livre, c'est qu'il rejoint ce que je pense et je suis heureuse de voir qu'un journaliste/ écrivain/enseignant connu est arrivé aux mêmes conclusions que moi.

  • Quand la télé éduquait!

    " Une maison,un écrivain", hier à 18h 55,  la 5 nous présente Giono et je m'interroge: "Combien de mes concitoyens suivent cette émission? Entre les Jeux Olympiques, les divertissements d'avant Journal du soir, le tirage du Loto, qui a envie de s'intéresser à Giono?

    A la mort de Michel Polac, j'ai  pensé qu'il est un des derniers témoins de la télé  qui éduquait et s'enorgueillissait  de ce rôle. Ils s'appelaient:  Pierre Dumayet  qui disait " Lire, c'est vivre"…, Pierre Desgraupes, inventeur des reportages intelligents, … Michel Polac  et son anticonformisme … et aussi  Maître Capello qui su passionner la France entière avec l'imparfait du subjonctif. 

    Ce temps est révolu et  en période de vacances, il faut éteindre sa télé si on veut échapper à la médiocrité.

     

    Pierre Dumayet avec " Lectures pour tous" a fait découvrir au public le visage, la voix, l'humanité des écrivains, sans s'interdire aucune question mais sans exhibitionnisme. Il ne faisait  pas de   promotion, . A travers ses questions, il  conduisait les auteurs à enrichir la compréhension du texte sans interrogations dérangeantes,  sans considérations personnelles,  sans déstabiliser son interlocuteur. 

    Pierre  Bataille lors d'une émission a pu dire: "C’est dans la littérature que nous apercevons les perspectives humaines restituées sous leur jour le plus entier.  C’est la littérature qui nous permet de voir le pire, de savoir lui faire face, le surmonter".

     

    Pierre Desgraupes (et son compère Igor Barrere) ont créé " 5 colonnes a la une". Desgraupes  expliquait  "Le magazine se compose dune succession de séquences,  C’est  un produit pédagogique, une introduction qui présente les faits, les lieux, les acteurs de l’évènement  puis une partie centrale composée d’une succession d’interviews, entrecoupées d’images et de commentaires de transition, destinés à exposer les différents aspects du sujet ; enfin une conclusion, le plus souvent formulée en voix off par le journaliste"

     Le premier magazine s'attaque à la guerre d'Algérie, sujet tabou traité sans concession  et sans tenir compte de la politique officielle L'émission "souffle comme une bombe sur le monde des médias". Le reportage-document vient ainsi d'être inventé 

     

    Quant à Michel Polac, son émission " Droit de réponses", après "Le masque et la plume" , a rythmé la vie d'une génération.  Créateur de la première émission polémique de débats à la télévision, il y dénonce, à travers des confrontations houleuses,  les scandales du moment, de l'immobilier à la politique, en passant par le sport et les médias. Dans Télérama il a dit récemment "Je ne me reconnais pas dans les animateurs d'aujourd'hui. Ils ont du bagout mais ne bossent pas assez leurs dossiers et s'arrêtent prudemment dès que les sujets deviennent politiquement gênants"

     

    Et n'oublions pas Maître  Capello avec "les jeux de 20 heures" où des personnalités se confrontent  depuis un studio parisien à des candidats anonymes installées dans différentes régions, qui tentent de les faire chuter sur des questions  grammaticales. Le principe : lancer un défi sur la conjugaison, la grammaire ou l'orthographe à un participant. Professeur, il, est l'auteur du palindrome célèbre: "Éric notre valet alla te laver ton ciré" , en ajoutant qu'on pouvait remplacer Éric par Luc ! ( un palindrome se lit dans les 2 sens). Qui se passionnerai aujourd'hui pour ce genre de questions?

     

    J'ai connu l'époque de la culture populaire d'avant guerre, culture pour tous, quand éduquer était le maître mot. La télé a d'abord suivi ce chemin, l'a peu à peu abandonné jusqu'à un point tel que  Patrick Le Lay en 2004, a pu se vanter "de vendre à Coca-Cola,  du temps de cerveau humain disponible".

     

    Une solution: vivre sans télé, ne pas en devenir esclave et ne pas se laisser manipuler … donc  choisir des émissions enrichissantes. Elles existent  heureusement encore!

  • Croissance, vous avez dit: CROISSANCE?

    CROISSANCE … malgré  les avertissements des scientifiques et d'un grand nombre d'économistes de tous pays, le Marché ( cette hydre anonyme et jamais rassasiée) et les Politiques des grands pays n'ont que ce mot à la bouche: CROISSANCE! 

     Pourtant le très sérieux magazine " Nature" publie une étude aux conclusions alarmantes. Menée par une équipe canadienne elle pourrait les aider à réfléchir.

    Il semblerait que notre planète connaisse prochainement un  effondrement.  Les écosystèmes de la Terre sont en train de changer radicalement et à une vitesse impressionnante. L'équipe de 18 scientifiques soulève plusieurs points inquiétants: la dégradation générale de la nature, les fluctuations climatiques de plus en plus extrêmes et le changement radical du bilan énergétique global. Ces modifications pourraient arriver à un point de non-retour avant le fin du siècle!

    Sourds les  Politiques ne veulent ni entendre, ni changer de discours:  CROISSANCE!

    Mais  qu'on ne dise pas qu'on ne sait pas … qu'on n'imagine pas … qu'on ne veut pas un tel drame.

    Pour qui sait lire, et comprendre le sens des mot, voici des citations anciennes, des 2 derniers  siècles, citations  qui n'émanent pas de révolutionnaires et qui auraient pu alerter nos dirigeants.

    John Stuart Mill( 1806/1873) économiste anglais: -  Si la terre doit perdre ses beautés en raison des dommages provoqués par une croissance illimitée de la richesse, alors je souhaiterais qu’on se contente de rester là où l’on est avant que nous soyons contraints de le faire par nécessité .


    Roosevelt: (1908) - Nous nous sommes enrichis de l’utilisation prodigue de nos ressources naturelles et nous avons de justes raisons d’être fiers de notre progrès. Mais le temps est venu d’envisager sérieusement ce qui arrivera quand nos forêts ne seront plus, quand le charbon, le fer et le pétrole seront épuisés, quand le sol aura encore été appauvri et lessivé vers les fleuves, polluant leurs eaux, dénudant les champs et faisant obstacle à la navigation. 

     

    Paul Hasard, historien français (1931, après la crise de 29),  dans " Le malaise américain" - Alors un doute immense commence à troubler les esprits. L’idée qu’il faut surproduire pour qu’on surachète, c’est-à-dire l’idée qui domine la vie économique de tout le pays, est-elle si juste ? Quand le marché est saturé et que la production continue, que devenir ? Le malaise est là. Il va plus loin que l’effondrement de certaines fortunes, plus loin même que la faillite, la disparition ou le suicide de quelques hommes d’affaires. Il y avait une conviction établie, une méthode qui avait donné ses preuves, un système économique qui semblait infaillible, et voici que les principes qui ont fait la gloire de l’Amérique sont remis en question. 

     

    De Keynes (1883/1946)  et je trouve cette citation excellente et inattendue sous sa plume! -  L’amour de l’argent comme objet de possession, qu’il faut distinguer de l’amour de l’argent comme moyen de se procurer les plaisirs et les réalités de la vie, sera reconnu pour ce qu’il est : un état morbide plutôt répugnant, l’une de ces inclinations à demi criminelles et à demi pathologiques dont on confie le soin en frissonnant aux spécialistes des maladies mentales. »

     

    Du même Keynes, pourtant  fondateur de l'économie moderne, une phrase essentielle -  il sera temps pour l’humanité d’apprendre comment consacrer son énergie à des buts autres qu’économiques .

     

    Oui, il sera temps mais quand? …. quand le pire sera inéluctable? Il est vrai que dans notre monde soumis à l'argent,  l' important c'est que l'ultralibéralisme enrichisse au delà de l'imaginable et aussi longtemps que possible  quelques puissants en ponctionnant au maximum la classe moyenne et en affamant  le reste du monde.