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Souvenirs - Page 29

  • Merci, Monsieur Stéphane Hessel!

    Oui, merci à un Homme qui permet de croire encore à la dignité humaine!


    Sur le site "Avaaz.org", pétitions citoyennes , j'ai signé hier celle  demandant l'entrée de Stéphane Hessel au Panthéon. Je pense que bien des "grands hommes" qui y ont élu domicile ne méritaient pas plus cet hommage.

     

    "Son engagement dans la résistance, son courage jamais démenti, sa droiture dans le service de la France, sa défense de la démocratie, son acharnement à promouvoir les valeurs des droits de l'homme, son souci constant des plus démunis, donnent au mot citoyenneté à tout son sens."

    Voilà la phrase que j'ai lu dans le texte de la pétition, je la trouve très juste et très belle.

    J'avais acheté " Indignez vous" dès sa parution et je m'étais trouvée en accord avec lui à chaque mot! Après cette publication, il a été l'instigateur du "mouvement des Indignés" qui s'est propagé d'un bout à l'autre de notre monde, avec plus ou moins de réussite suivant les pays.

    Voilà un homme de convictions  que ni l'âge, ni les difficultés de la vie n'avaient détourné de sa bataille permanente: la dignité de l'Homme et la justice pour tous. S'indigner, se battre jusqu'au dernier jour a été pour lui un devoir. Il avait  participé à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par l'Assemblée générale de Nations Unies) et avait été un des artisans des lois promulguées par le Conseil de la résistance .

    Petit à petit les derniers survivants de cette époque disparaissent, et l'oubli se fait, hélas, chaque jour un peu plus! 

    Notre civilisation a institué d'autres "valeurs": le profit au prix de toutes les magouilles ( banques, nourriture,  politique etc…), l'égoïsme: "moi d'abord" et  le refus de la différence qui va souvent jusqu'à la haine de l'Autre!

     

    Déception pour tous ces grands résistants qui appelaient maintenant les jeunes générations à réagir devant cet individualisme et aussi devant la remise en cause des conquêtes sociales de la Libération.

    Il serait utile de  relire ces 2 constitutions, celle de 1789 et celle de 1948,  ( lien) , de les méditer et de les comprendre. L'une et l'autre expriment un idéal auquel a cru les  générations passées, idéal  que notre ultralibéralisme foule journellement aux pieds au nom du profit. Il n'y a pas d'autres alternatives" nous clame-t-on sans cesse, alors que tout un courant de pensées d'économistes ( qui valent bien les "officiels") proposent des solutions pour un monde meilleur et plus juste!

    Je reviens à Stéphane Hessel et à l'après guerre. L'ado que j'étais a vécu intensément cette période. Avec mes ami(e)s, nous passions des heures à discuter, nos commentions les avancées sociales, nous espérions un monde de paix avec ONU, un monde d'éducation avec l'Unesco (adhésion au club de Amis de l'Unesco dès le premier jour). Et par dessus tout, enfants de la classe à peine moyenne, nous croyions à l'égalité des chances pour tous et à l'éradication peu à peu de la pauvreté.

    Dans tous les domaines , la déception a été au bout de la route!

     

    A cet hommage à Stéphane Hessel, je veux associer Henri Caillavet et Françoise Seligmann, deux humanistes du même âge, anciens résistants aussi, militants qui, malgré la grande vieillesse, ne se sont jamais résignés  à abandonner le combat des Droits de l'Homme! 

     
  • Les Sables d'Olonne et la nostalgie!

    WE passé aux Sables d'Olonne dans la maison familiale. Coefficient d'environ 80, temps médiocre, mer agitée et tempête,  sauf durant l'après midi où François Gabart aurait eu besoin de vent! 

    J'arpente cette plage depuis plus de 60 ans et pendant une cinquantaine d'années auprès de ma mère, experte  en biologie marine. Sa superbe collection de coquillages, (superbe! moins  par la beauté esthétique que par le nombre de coquillages de toutes tailles), provient en partie sur cette plage. Parcourant les "laisses de mer" chaque jour, elle revenait souvent avec un "trésor", quelquefois une coquille de quelques cm qu'elle ajoutait fièrement sur les étagères de sa vitrine, avec quelques mots indiquant famille, nom, caractéristiques  et  provenance . Souvent elle s'étonnait de tant de découvertes insolites sur cette plage!

    En ce WE d'hiver, je parcours  les flaques et les rochers connus, chemin de souvenirs.  Hélas, je ne trouve qu'un désert!

    Pas tout à fait, les pignons sont toujours là! De leur vrai nom " donax", ils ont toujours  toujours fait l'objet d'une pêche locale, comme la vieille chanson du folklore sablais nous y invite : "Pigne, gratte, pigne, gratte, la coquille est au sillon, pigne, gratte, pigne, gratte, pêchons nos jolis pignons. " chanson dont la chorégraphie en costume est très plaisante.

    Mer montante ou descendante, les yeux au sol, je scrute des  centaines de mètres de "laisses de mer":  des pignons en quantité, mais aussi  des moules, des huitres, quelques patelles, des débris de "couteaux"…. , mais surtout des restes de notre civilisation et des millions de billes de polystyrène

    Grattons un peu les algues dans l'espoir d'apercevoir les "littorines jaunes", des" porcelaines appelées grains de riz" , ou des "turritelles", toutes espèces communes que mes enfants connaissaient si bien à 5, 6 ans. Non décidément il n'y a rien, et je me revois ramasser des palourdes le long de ces "coursives"!

    Alors je pars errer entre les flaques et autour des rochers auxquels les pêcheurs de la famille avaient tous donné un nom. Mettre un doigt dans une flaque faisait naître toute une agitation: crabes et crevettes fuyaient, anémones agitaient leurs pétales, on trouvait patelles et  bigorneaux vrais ou faux,  étoiles de mer et  drôles de bêtes anonymes. Les mares sont lisses et vides.

    Une maman flanqué d'un tout petit étrennant une épuisette passe de flaques en flaques. Comment expliquer, faire aimer la mer alors que l'épuisette ne ramène que quelques fragments d'algues?

    Et j'aborde la petite anse où nous cherchions des vers pour les mémorables parties de pêche aux bars, dorades et autres. Même là, c'est le grand vide, où sont les tortillons indiquant qu'ici il fallait donner un bon coup de pelle? Mais à quoi bon? il n'y a plus de poissons, donc plus de pêcheurs posés des heures durant comme des oiseaux de mer sur les rochers.Tout un groupe d'amis  vivait intensément ces parties de pêche ...de  jour, de nuit dont ils ne revenaient jamais bredouille.

    Je rentre nostalgique de nos journées passées sur cette plage qui n'était uniquement un lieu où on s'étendait sur une serviette,  mais un lieu de vie aux activités diverses et infinies, où on vivait au rythme des marées,  où les enfants apprenaient la beauté, la richesse de la mer, apprenaient surtout  à respecter la Nature et la Vie. 

    L'an dernier, je cherchais en vain, dans les Marais de la Tranche, les oiseaux , les insectes et les papillons, ici, j'ai cherché la Vie et je ne l'ai pas trouvée. 

    Dans les années 70, j'ai pris conscience de la responsabilité de l'homme dans la dégradation de la Terre avec le livre " Quelle terre laisserons nous à nos enfants?" Je repense à cette lecture en rentrant à la maison familiale .

  • Un siècle d'histoire: hommage aux générations passées!

    En cette fin d'année, j'ai beaucoup évoqué le passé! Il faut dire que je mets actuellement  en page un énorme classeur laissé par ma mère, ( écrits et documents), Née en 1906, morte en 2004, elle a vécu un siècle d'histoire.

    Découvrir tant des souvenirs familiaux, tant de témoignages de la vie rurale disparue, revivre mon enfance et la guerre m'ont amenée à la conclusion suivante

    Si je devais résumer les années 1920/1970 ce serait par les mots: 

    "Instruction, Education, Information, Réflexion, Culture"

    … et les années suivantes jusqu'en 2013, seraient traduites par

    "Impulsions, Consommation, Désinformation, Loisirs de masse"

     

    Mon grand père paternel avait l'habitude de dire ( je ne l'écris pas en " langue vendéenne", dommage! )

    - "Le Peuple doit s'élever, il le fera par l'instruction qui amènera l'éducation. Alors les gens auront envie de s'informer et ils ne se laisseront plus mener " comme do bu jouqués" ( des boeufs sous le jougs)"

    Montrant, en face de sa maison, les enfants d'une famille très pauvre,  jouant dans la poussière, il disait aussi " Un jour, par l'école, ces petits là auront les mêmes chance que les gros"

    Tout petit paysan cultivant quelques lopins de terre, il serait considéré par nos contemporains comme un "cul-terreux mal dégrossi"! Il faut croire qu'il réfléchissait " au cul des vaches" pour dire trouver  phrases aussi belles  et aussi fortes.

    Pauvre grand père, comme il s'était trompé!

     

    Mon enfance, je l'ai vécu avec ma mère institutrice, au milieu de ces jeunes enseignants qui croyaient en un monde plus juste par l'école et étaient prêts à sacrifier leur temps pour réussir l'instruction et l'éducation des enfants de tous milieux,  dans un esprit d'égalité.

    Sans aucune rémunération pour ces services, ils assuraient études du matin, du soir, cours d'adultes, créations de chaines de cinémas avec des films passant d'un village à l'autre, mises en scène de pièces de théâtres où les jeunes de la commune étaient acteurs, présentations de poètes ou d'auteurs dans des conférences qu'ils animaient. Tout était bon pour apprendre aux gens du village à réfléchir et à avoir envie de se cultiver. ( Petit exemple: dans une bien pauvre salle de cinéma, je me souviens avoir vu avant 9 ans Nanouk de Flaherty sur la vie des Esquimaux, Blanche Neige, qui m'avait enchantée,  mais aussi Louise opéra de Gustave Charpentier dont j'ai gardé un fort mauvais souvenir)

     

    A Niort, les amis de ma mère, plus âgés, venaient de créer la MAIF, ceux de son âge, dans un entrepot, inventaient la CAMIF! Et tous pensaient créer un monde de respect, de solidarité et d'échanges, un monde meilleur ou chacun trouverait sa place!

    Hélas, eux aussi s'étaient trompé, jamais le monde n'a été aussi inégalitaire et égoïste!

     

    Quant au Certificat, notre brave Certif, je me suis aperçu qu'on avait bien fait  de le supprimer car il était subversif et révolutionnaire. Pourquoi? c'est très simple!

    J'ai enseigné les sciences aux filles pendant une dizaine d'années: le but était de leur apprendre à s'intégrer intelligemment dans la vie

    - Apprenez à gérer un budget! Apprenez à acheter! Apprenez à comparer les prix!

    - Ne vous laissez pas prendre au piège des réclames! ( on dirait maintenant la pub.)

    Et aussi:

    - Apprenez à cuisiner les restes! Ne laissez pas vos enfants grignoter!

    - Economiser en faisant soi-même!

    Même objectif pour les garçons.

     

    Et pour tous, ces fameux problèmes qui n'étaient pas tous de robinets ou de trains mais dont l'énoncé avait souvent un usage dans la vie courante.

    Pouvait-on acheter ce qu'on désirait avec ce qu'on gagnait? comment le financer? etc….

    Comme le maître devait demander, après lecture de l'énoncé,  dans quelle fourchette serait le résultat, l'élève comprenait petit à petit le rôle de l'information et la réflexion avant la décision.

    Information, Reflexion, voilà des termes bien incompatibles avec société de consommation.


    C'est pourquoi ce début d'année méritait bien un hommage aux générations de mes grands parents et parents.