J’entends ce matin que des candidats aux élections futures proposent un report de la retraite à 63 ans, et un allongement du temps de travail.
Ces derniers temps j’ai rencontré des jeunes qui galèrent à la recherche de travail et entendent « pas de poste disponible, trop jeunes, pas assez d’expérience,» et des vieux qu'on rejette (car on est vieux le jour de ses 50 ans) « trop vieux, trop cher, ne sait pas travailler comme on doit le faire maintenant ». Est-on seulement apte au travail de 30 à 50 ans? Il y a toujours plus de chômage! Alors pourquoi augmenter le temps de travail?
Je viens de relire des notes prises au cours d’un travail de recherche, l y a presque une année au sujet de la réduction de travail envisageable pour réduire le chômage.
Des citations d’abord:
Keynes: 1930 - On se demande si à la fin du XXème siècle, il ne sera pas obligatoire de partager le peu de travail qu’il restera à faire, entre autant de personnes qu’il est possible. Trois heures par jour, et une semaine de 15 heures constitueront une transition utile pour commencer. Car 3 heures de travail par jour suffiront encore amplement à satisfaire en nous le vieil Adam. ». Il n’y aura pas besoin de plus « de travail productif pour que l’humanité subvienne à ses besoins ! »
André Gorz , philospophe mort en 2007 - En réduisant son temps de travail l’homme risque d’échapper à l’emprise de la rationalité économique découvrant que plus ne vaut pas nécessairement plus, que gagner et consommer plus ne signifie pas nécessairement vivre mieux, donc qu’il peut y avoir des revendications plus importantes que les revendications salariales. »
80 % du chômage s’explique par la technologie c’est-à-dire par des gains de productivité, nous produisons de plus en plus de plus en plus vite avec de plus en plus de machines ( robots, logiciels etc??? ). Ainsi depuis les années 60 on produit cinq fois plus vite qu’avant. Al Gore a écrit: « La productivité est la première cause explicative du chômage ».
De plus en plus d’économistes écrivent que la croissance économique n’étant plus envisageable dans les pays industrialisés, on se trouve devant un véritable choix de société. Le progrès technique et l’organisation du travail ont permis aux ingénieurs et aux consultants en organisation de générer d’importants gains de productivité. Mais le discours ultra-libéral niant la réalité historique, a fait taire toutes les voix, aussi autorisées soient-elles,, pour nous faire croire que la seule façon de gagner plus, c'est de travailler plus.
Ma dernière découverte est plus étonnante. C'est en juillet 2014 que j'ai lu la déclaration suivante de Larry Page,cofondateur de Google :
« Si vous réfléchissez vraiment à ce dont vous avez besoin pour être heureux – votre foyer, votre sécurité, saisir les bonnes opportunités pour vos enfants, les anthropologues ont identifié tout cela –, il est moins difficile aujourd'hui de se procurer ces choses. La quantité de ressources, de travail, pour obtenir tout cela est vraiment réduit. Donc l'idée qu'il faillle travailler frénétiquement pour satisfaire ces besoins n'est tout simplement pas vraie. Je pense que c'est un problème de ne pas reconnaître cela. » « … « Pour cela, nous sommes même occupés à détruire l'environnement et d'autres choses, ce que nous n'avons pas besoin de faire »… « Il n’y n'a pas assez d'emplois, il faudrait amener les gens à embaucher deux personnes en temps partiel au lieu d'un temps plein. Ainsi, au moins, les jeunes peuvent avoir un emploi à mi-temps plutôt que pas d’emploi du tout. Et le coût pour les employeurs est un peu plus avantageux.En élargissant cette idée, en temps de chômage de masse, on peut réduire le temps de travail. Si je demande à la plupart des gens "voudriez-vous une semaine de vacances de plus", 100 % lèvera la main et répondra oui. Même chose si je propose une semaine de quatre jours de travail. Les gens aiment leur travail, mais veulent aussi consacrer du temps à leur famille, développer leurs centres d'intérêt ».
Au début des années 80 André Gorz avait écrit: «En ce qui concerne la crise économique mondiale, nous sommes au début d’un processus long qui durera encore des décennies. Le pire est encore devant nous, c’est-à-dire l’effondrement financier de grandes banques, et vraisemblablement aussi d’États. Ces effondrements, ou les moyens mis en œuvre pour les éviter, ne feront qu’approfondir la crise des sociétés et des valeurs encore dominantes»
Les visionnaires prêchent généralement dans le désert!