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Un point de vue intéressant sur la médecine technologique.

En rangeant des notes dans un dossier « à classer » je tombe sur  un interview  de Didier Sicard, professeur de médecine et président du comité consultatif d’éthique jusqu’en 2008

Très intéressant, cet article datant d’octobre 2014! Son titre: « Surdiagnostic,  il faut apprendre à se méfier de la médecine » Il explique que les nouvelles technologies nous ont permis de déceler de petites anomalies qu’on était incapable de voir avant. Bénignes, on les traite souvent comme des tumeurs malignes, avec des traitements agressifs sans objet!

Le Dr Sicard estime que le  fait d’avoir des machines performantes nous a fait croire que notre corps fonctionne lui-même comme une machine . Et il écrit:. « A vouloir aller si loin dans le progrès, ne sommes-nous pas en train de régresser?…. Il y a une tentation croissante de trouver une explication de plus en plus technologique à des désordres de l’âme ou du corps qui sont quelques fois bénins et qui étaient traités dans le passé sinon avec de la désinvolture, avec beaucoup de bon sens. »

 

Et  il démontre  que les technologies de pointe sont très chères et qu’il faut les rentabiliser… en faisant le maximum d’examens

En France où nous avons la chance d’avoir une assurance maladie extrêmement généreuse, on en fait beaucoup plus que dans les pays voisins. Résultat: « nous avons 10 à 12 millions de déficit annuel de la Sécurité sociale alors que les Allemands, eux, font des bénéfices sur l’assurance maladie et sont aussi bien soignés, sinon mieux, que les Français. »

 

L’autre raison, c’est que le citoyen français n’accepte plus ni la maladie, ni la mort : « La médecine technologique est devenue la religion humaine du sauve-qui-peut. Il n y a jamais assez d’examens  pour le patient». Des exemples: les mammographies! beaucoup de pays ont renoncé à les effectuer de façon systématique. La prostate! les Américains, la plupart des pays européens ont cessé de faire un dépistage du cancer systématique. Quant aux échographies pendant la  grossesse , beaucoup de pays les ont réduites, elles servent surtout à entretenir l’angoisse de la future mère!

Et il ajoute: « Et maintenant on voit arriver la carte du génome du nouveau-né à la naissance. C’est d’une stupidité pathétique. Ça apporte des informations dont on ne peut rien faire. Les progrès de la médecine finissent par rendre la grossesse insupportable »

Il va même beaucoup plus loin. Voyant arriver Google et la médecine des paramètres qui vont nous permettre quotidiennement, avec des capteurs biologiques de savoir en continu si nos corps fonctionnent, il écrit  « C’est à mon avis une source de défaillance mentale terrifiante. Au lieu de penser aux autres, à la vie dans ce qu’elle a de plus ouvert, à la beauté des arbres... on va regarder ces petits paramètres dérisoires. C’est une régression humaine qui nous replace au niveau des australopithèques…..

...Mais il y en a un qui a compris l’intérêt de rendre les gens hypocondriaques, c’est le marché. Quand on leur offre offre une protection contre la finitude, les gens sont prêts à dépenser des fortunes. Et c’est sans fin. »

Je fréquente beaucoup de beaucoup de sites médicaux et j’ai découvert que le Dr Sicard n’est pas le seul de cet avis et, je suis surprise de voir ce point de vue de plus en plus répandu! 

 

J’ai eu envie d’écrire cette note après celle d’hier car aucun doute, les médecins dont j’ai parlé traitaient avec bon sens et psychologie, les désordres du corps de leurs patients, hommes et femmes capables d’envisager  maladie et mort avec sérénité.

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