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Actualités - Page 47

  • Hommage aux victimes de tous les attentats

    J’aurai aimé entendre à la télé puisque c’est la machine a penser de toute une nation, des informations qui n’ont pas leur place dans nos « infos » ( sauf sur quelques radios qui ne font pas la grande écoute).
    Penser aux morts de Paris, oui, manifester oui. Mais ajouter les victimes du Nigeria mercredi, du Mali, du Niger, du Tchad et du Cameroun, en 10 jours, plus de 200 morts! Ajouter ceux de Bamako hier et dire que le seul Boko Haram a tué plus de 20000 personnes en 6 ans et déplacé 3 millions de personnes en Afrique de l’Ouest.

    Boko Haram, Daech et autres mouvements intégristes ont clairement l'intention de tuer tous ceux qui s'opposent à eux, croyants d’une autre religion, mais, avant tout et en grand nombre, Musulmans qui refusent de se soumettre à leur autorité. Ces mouvements se réclament en général du sunnisme, la branche majoritaire de l’Islam, et plus exactement du salafisme, qui revendique un retour à l’Islam des origines. Pourtant, les religieux sunnites qui ont refusé de faire allégeance à Daech ont été exécutés, tout comme les musulmanes qui ne partagent pas leur vision des choses.

    Il faudrait dire aussi que dans le Coran, il est écrit que «  tuer une personne, c'est tuer l'humanité tout entière » (5:32), « que la persécution et le chaos sur Terre constituent des péchés plus graves encore »(2:217). Le Coran, comme nos Ecritures parle avant tout de paix, de justice. Mais il est vrai que les Textes des 3 religions parlent aussi de violences, souvent reflétant une vision de l’époque .

    Tout ceci pour dire combien je suis choquée, combien j’ai mal quand j’entends tant de Français qui se disent «  de souche » assimiler islam et terrorisme. Heureusement l’attitude des Musulmans et de leurs imans a été exemplaire à l'occasion de ces attentats et des manifestations comme la marche interreligieuse de Bordeaux sont une raison d'espérer.

    Il n’empêche que j’aurais aimé entendre la télé faire de la pédagogie, partir de l’histoire, expliquer et faire comprendre la genèse et la montée du terrorisme au lieu de surfer sur l’émotion et la colère… le rejet et la haine.
    Mais faire « pleurer dans les chaumières » comme disait Eugène Sue, feuilletonniste de siècle passé ou «  vive le mélodrame ou Margot à pleuré » comme disait Alfred de Vigny, …. c’est bon pour l’audience! Et c’est ce qui compte avant tout dans notre monde de la communication!

    Quant à moi, je vais me replonger dans le livre d'Antoine Sfeir: "l'islam contre l'islam", l'interminable guerre des sunnites et des chiites. Je l'avais acheté lors de sa sortie en 2013, lorsque la ville de Nancy lui avait attribué le "Prix Livre et Droits de l'Homme". Il m'avait passionnée et je m'étais promis de le relire en prenant des notes. Ces attentats m'en donnent l'occasion.

     "S'informer, c'est un devoir pour le Peuple", disait mon grand père, il y a bien longtemps, entre les 2 guerres. Je crois que c'est plus que jamais indispensable . Et il ajoutait souvent " Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son"

  • Au nom de tous les morts de l'intolérance et de la haine

    Samedi, une note était prête, qui entrait dans la catégorie "des raisons d'espérer". Le drame qui s'est passé vendredi soir à Paris a stoppé net mon élan.
    J'ai écrit à chaud, puis attendu avant de publier cette note.
    Comment on est-on arrivé là? Assassiner froidement des gens du peuple, des gens simples et ordinaires au nom d'une religion. De tout temps, sans remonter à la St Barthelemy, les 3 religions du Livre, si semblables et issues des mêmes racines se sont entretuées et chaque siècle à engendré des massacres. Après la barbarie de la dernière guerre, non religieuse mais raciale (et oui, la "race", la différence, encore une raison de tuer!), on pouvait espérer une certaine avancée sur les chemins de la sagesse et une sorte d'entente au sujet de ce Dieu qui est .... le même pour tous.


    Réfléchir, essayer de comprendre, ce n'est pas chercher des excuses! Je pense d'abord aux morts francais innocents, ã tous ceux qui aimaient le Death Métal et ont laissé leur vie au Bataclan. Mais j'unis dans ma pensée les morts musulmans, en Afrique ou ailleurs, des dizaines de milliers d'innocents exécutés ces dernières années par Boko Haram, par Daech ou autres, tous ces hommes et ces femmes qui n'avaient qu'un défaut, être d'une autre religion, d’une autre " branche" de l'Islam ou …. être rebelles a une pensée unique. Et je plains mes amis, francais et musulmans sincères, qui vont avoir encore plus de mal à vivre dans notre pays, de plus en plus rongé par le rejet et l'amalgame.


    Il y a 2 ans, je me suis mise à étudier ces 3 religions jumelles, à lire textes sacrés et études , à essayer de comprendre puis réfléchir, réfléchir! Aujourd'hui, ce ne sont pas les médias qui nous y aideront. Un ami me disait hier son écœurement devant la manière dont le drame était traité par télés et radios. Oui, son écœurement devant un " voyeurisme inadmissible, honteux, qui n'est pas de l'information"!
    Articles, livres,j’ai cherché ce qui explique la genèse de la montée du terrorrisme, nos implications dans le vie d'autres nations, nos interventions pas toujours nécessaires. J’ai remis en question beaucoup de « certitudes ». Et je retiens le très bel article d'un psychologue et chercheur français: Serge Tisseron l'a écrit pour aider les parents à expliquer les évènements de la nuit du vendredi 13 aux enfants. Tous nos concitoyens qui ne sont que rejet, fureur et vengeance feraient bien de le lire, de le relire.... et de réfléchir avec bon sens et sérénité! Rien n'est simple. Il existe d'autres nuances que blanc et noir!
    Le titre de l'article: "Attentats a Paris: comment en parler aux enfants". Les termes "ce ne sont pas des chacals, ce ne sont pas des vautours », choqueront peut-être, mais il y a des actes barbares exécutés des êtres humains, qui n'ont aucune excuse mais peut- être une explication!


    Et je veux terminer par un extrait de la publication sur Facebook d’un homme qui a perdu sa femme vendredi soir. Il ne faut pas oublier son nom « Antoine Leiris » et lire et relire ces mots admirables.

    Vous n’aurez pas ma haine”
    Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

    Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

    Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

     Merci Monsieur, vous êtes « GRAND », vos paroles sont sublimes et, alors que j’entends crier haine et vengeance autour de moi, par des amis que j’estime, hélas!, vous me permettez de croire encore en l’homme et en l’idée de civilisation. N’oublions pas que Gandhi a écrit « Oeil pour oeil, dent pour dent, mais çà ne fera jamais que des aveugles et des édentés!".

    Et l'idée de vengeance ne fait que se lever des terroristes de plus en plus nombreux.

  • Les 11 novembre d'avant 1939, souvenirs de mon enfance

    J'ai déjà publié cette note, il y a quelques années, mais il n'est pas inutile de rappeler ce que cette date représentait pour les enfants devant guerre.

    Poilus, grande guerre! Voilà des mots qui n'évoquent plus grand chose, il ne reste plus de Poilus et les personnes nées en 1914 sont plus que centenaires! Il ne reste qu'un recueillement rituel sans résonance au fond des coeurs.

    Pour les enfants du tout petit village de mon enfance, le 11 novembre, était un jour férié. Mais nous étions dans la classe à… l’heure habituelle, endimanchés, et... les bras chargés de fleurs.
    La municipalité organisait une cérémonie au Monument aux Morts avec la participation des enfants de l'école, une classe unique d'une cinquantaine d'élèves de 4 à 14 ans dont ma mère avait la charge.
    Nous arrivions donc, après avoir dépouillé les jardins de leur dernière parure... et ramassé dans les bois et les fossés branches et graminées, tout ce qui nous paraissait digne de figurer dans nos bouquets.
    Chacun déversait sa moisson sur une grande table, dans un brouhaha inhabituel en ce lieu puis, par souci d’égalité, chacun choisissait sa part. Après, le "travail" se faisait individuellement mais les grands aidaient les petits. Les garçons n’étaient pas moins habiles que les filles et certains étaient de véritables artistes. Enfin, les élèves de « Fin d’Etudes » découpaient avec art des papiers crépons pour embellir les présentations. Ma mère avait un mot, un geste pour chacun: elle nous apprenait l'art floral en y mêlant ses souvenirs de guerre, une guerre qu’elle avait vécu de 8 à 12 ans en aidant de son mieux sa mère. Mon grand père avait été mobilisé le 4 aout 1914, il est rentré à la maison … en juin 1919

    Nous partions en rang par deux, chacun tenant son bouquet droit dans une main, silencieux et graves.
    Devant le petit cimetière cerné par les bois, le monument aux Morts nous attendait, le Conseil Municipal formant une haie d’un côté, de l’autre, une grande partie du village. Le maire, qui n'était pas un orateur, disait ... quelques mots en « hommage à nos valeureux soldats »
    Puis le « clairon », debout devant le monument jouait de son mieux, hélas, il n’arrivait jamais à tenir les notes longues de la sonnerie aux Morts. Dans l'air frais du matin, les sons s'étiraient, de plus en plus faux, mais çà ne faisait sourire personne.
    Venait ensuite la longue minute de silence pendant laquelle nous n’osions ni bouger un pied, ni tourner la tête!
    Restait un moment important pour nous: la récitation d'un beau texte. D'une seule voix, nous entonnions

    " Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie
    Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie!" ....etc...
    ( V Hugo)

    A la fin, un vieux conseiller après avoir reniflé en nous écoutant, sortait son mouchoir, s'essuyait les yeux et... se mouchait bruyamment. Et nous retenions nos rires car il pleurait aussi le jour de la fête des prix lorsque nous chantions!
    Un par un, nous nous inclinions devant le monument pour déposer nos fleurs et repartions dans un rang un peu désarticulé.
    Retour en classe, rangement des tables, balayage... un " au revoir, à demain" et chacun repartait, beaucoup d’entre nous pour un trajet de plusieurs km à pied, par des chemins de terre ou au milieu des bois
    J'aime évoquer le souvenir de ces 11 novembre si lointains. Nos grands pères avaient été des combattants et nous avait raconté leurs souffrances, nos parents avaient grandi dans un monde en guerre et nous accomplissions une célébration, un devoir de mémoire et de reconnaissance. Ceux qui nous entouraient répétaient souvent « plus jamais çà, plus jamais de guerre! »...
    Et, nous , les enfants, étions persuadés que "nos morts" (comme on disait) avaient bâti un monde de paix!
    Hélas, 1939 arrivait à grands pas et tout allait recommencer.

    Aujourd'hui, on se "gargarise" en disant qu'il n'y a plus de guerre alors que les conflits sont partout et que les gens "s'étripent" au nom d'une religion, d'une "race", d'une "différence". L'humanité ne doit pas avoir la faculté de s'améliorer