Mes réfugiés
- Le 10 mai 1940 Hitler lance son armée sur la Belgique en direction de Sedan. Les populations ardennaises fuient vers le sud. Des millions de personnes sont brutalement jetées sur les routes de l’évacuation. La Vendée va accueillir 82 000 réfugiés ardennais et les Deux-Sèvres 71 000.
J'ai suivi le parcours des Ardennais en Vendée, il y a toujours une association qui écrit: "Des contacts entre les "deux civilisations" sont nés bien évidemment des frictions, mais aussi, et c’est l’essentiel, un enrichissement mutuel.Des rencontres de football et des représentations théâtrales ont été organisées conjointement par les réfugiés et leurs hôtes, bien souvent au profit des prisonniers de guerre. Quand, avec bien des difficultés, les Ardennais reprendront le chemin du retour, pour la plupart à la fin de l’année 1941, de nombreux liens affectifs auront été tissés avec leurs hôtes, liens qui, malgré le temps n'ont jamais faibli"
Moins connu que le gigantesque exode de mai-juin 1940 qui jeta sur les routes plusieurs millions de Français lors de l’invasion allemande, celui de l’été 1944, ne frappa que la Basse Normandie mais constitue un phénomène massif à l’échelle régionale.
Par dizaines de milliers, hommes, femmes, enfants, vieillards, malades furent jetés sur les routes, à pied, en charrette, emmenant parfois avec eux leurs vaches. Les uns ont pris spontanément cette décision pour fuir les combats. D’autres ont été contraints au départ par les ordres d’évacuation donnés par l’armée allemande au fur et à mesure de son recul.
Seules ou en convois des familles entières partent au hasard ou, plus fréquemment, empruntent les itinéraires fixés à l’avance par l’administration de Vichy. Beaucoup s'arrêtent dans la Mayenne et le Maine et Loire, certains iront beaucoup plus loin encore, vers la Vendée ou le Massif central.
Le périple n’est pas sans danger car les routes sont constamment sous le feu de l’aviation alliée qui ne distingue pas toujours les civils des soldats.
Et c'est ainsi que mon petit village accueillit à nouveau des refugiés .. de Caen et sa région cette fois et mes parents se retrouvèrent au cœur de leur désespoir.
J'ai 12 ans et je pense souvent encore a cette famille arrivée avec 2 enfants sur 3! Et oui, lors d'un mitraillage, le plus grand qui avait à peu près mon âge s'était enfui... et personne ne l'avait retrouvé. On peut imaginer le chagrin des parents! Mort leur fils? errant dans un campagne inconnue? recueilli et protégé?
La famille est restée dans ce village qui l'accueillait avec tant d'empathie et finalement, s'y est installée. De leur maison, de leur quartier près de Caen, il ne restait rien!
Et un miracle a eu lieu, 2 ans plus tard, ils ont retrouvé leur fils qui avait été retrouvé par les Américains, placé dans un centre d'hébergement puis dans une famille!
Alors quand je vois les réticences de tant de Français je dis : " Noirs, jaunes, rouges ou blancs, chrétiens, musulmans, bouddhistes ou athées, tous les enfants sont les mêmes, toutes les mères éprouvent les mêmes, sentiments et sont capables des mêmes actions pour protéger leurs enfants et pour survivre à la barbarie du monde!"
Alors dire" on est entre nous, laissez les dehors" me semble le pire des égoïsmes!