"Travailler avec les communistes ne fut jamais difficile. Je me suis toujours souvenu de la phrase de Richelieu à propos des protestants : « les protestants sont fils de France comme les autres il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez ». Cette pensée peut s'appliquer aux communistes. »
"Une fois qu'on a vécu cette vie de résistants, on ne peut pas ne pas y penser toujours et ne pas essayer de retrouver cette atmosphère, Cette amitié qui régnait entre gens si différents. Nous avons travaillé avec des instituteurs anticléricaux en diable qui savait que nous étions catholiques et qui ont collaboré avec nous dans la plus parfaite amitié. Nous étions heureux les uns avec les autres, Plus heureux que avec certains catholiques que nous ne pouvions pas supporter.
Beaucoup de pretres, beaucoup de religieux ont été admirables. Quant au haut clergé, a part trois exceptions que tout le monde connaît, Il n'a pas été brillant!
Par contre, le nombre de personnes humbles qui recueillaient un pilote allié, de personnes désintéressées qui donnaient tout sans penser au lendemain, était réconfortant!"
( Il vient d’entrer dans le gouvernement)
"Dans le bureau du directeur de cabinet, qui allait être le mien, placé bien en évidence sur la table, se trouvait classée toute une série de lettres de dénonciation, toutes signées de médecins connus, Certains de leurs auteurs, entre-temps, avait rejoint la résistance.
Je les connaissais tous , les dénoncés, ils étaient ou juifs ou mariés à des juifs ou liés d’amitié juives ou anglaises; certains des dénoncés étaient de mes proches;
J'ai jeté au panier ce ramassis d'ordures que j’ai brû!é. Avec quel effroi je trouvais parmi les dénonciateurs des hommes je que je révérais jusqu’alors! ».
Belle analyse de ce temps où les Français ne se définissaient pas de droite ou de gauche , catholiques ou athées, riches ou pauvres, mais où chacun, quelque soit son âge, sa condition choisissait son camp, collaborateurs ( et ils ont été beaucoup plus nombreux qu’on le dit maintenant) ou Résistants ( loin d’être encensés comme on aimerait nous le faire croire). heureux temps où le Conseil de la Résistance, puis le gouvernement ont réuni des hommes de bonne volonté de tous les partis, communistes, athées y compris.
Bien loin de ce qu’on constate aujourd’hui, évidemment.
J’ai eu envie de relire le beau poème d’Aragon « La Rose et le Réséda », écrite en 1943. Tout le monde connait la phrase « Celui qui croyait au ciel, ...Celui qui n’y croyait pas », poème dédié à 4 résistants fusillés, 2 chrétiens et 2 communistes!
"Médecine et résistance", "la libération de Paris", dans ces 2 chapitres, il aurait fallu citer beaucoup plus de phrases.