Il semble de plus en plus admis que le nombre d’heures passées par des enfants devant un écran est un danger pour leur avenir. En janvier 2013, l'Académie américaine de pédiatrie a proposé une règle simple: pas d'écran avant 3 ans, une heure par jour entre 3 et 6 ans, 2 heures entre 6 et 9 ans et 3 heures au-delà. Il s'agit du temps global d'écran : télévision, ordinateur, console, tablette, mobile...Il est bien évident que les parents doivent cadrer le temps d'écran de leur enfant à tout âge, de la naissance jusqu'à la fin de l'adolescence. Car les écrans ne menacent pas nos enfants. C'est leur mauvais usage qui les menace. C’est l’attitude des parents qui abandonnent trop souvent leurs enfants devant eux
On annonce chez nous 900 heures par an à l'école et... 1 500 heures devant les écrans (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone mobile) . Pour l’Académie de médecine, « à 6 ans, deux heures d'écran par jour augmentent les risques à venir de maladies cardiaques, d'hypertension artérielle et de diabète, sans compter qu'à l'adolescence le surpoids est directement lié au temps d'écran. Plus inquiétant, la lumière bleue émise par les tablettes affecterait la mélatonine, "l'hormone du sommeil", et donc notre horloge biologique ».
Que faire? Responsabiliser les parents!
Qu’ils soient des éducateurs capables de faire comprendre à l’enfant qu’on ne le punit pas mais que le temps passé sur les écrans réduit son énergie disponible pour résoudre les difficultés de la vie réelle et peut même en lui faire perdre le désir. Et surtout lui proposer des activités qui lui permettent de se valoriser à ses propres yeux et à ceux de ses camarades.
La limitation du temps de télévision doit être une opportunité pour faire des tas d'autres choses et notamment, celles qui favorisent le développement émotionnel et cognitif de l’enfant et ce, en famille et à l’école.
J’ai vécu le début de la télévision dans ma classe, je n’imaginais pas quel impact aurait cette « étrange lucarne » sur le comportement de mes élèves . J’avais institué, le lundi matin, expression libre sur les activités du dimanche, moment privilégié où chacun s’exprimait librement et où une discussion s’établissait. Le dimanche mes petits élèves étaient allé se promener en famille au bord de la Loire, dans les bois. Ils étaient allés à la pêche, avaient ramassé des champignons. S’ils étaient restés à la maison, ils avaient jardiné, bricolé, cuisiné, cousu, tricoté, fait du rangement avec maman, avec papa suivant les occupations et ils avaient parlé,... parlé surtout car toutes ces activités étaient un temps de partage et de paroles familiales. Et puis, Ils avaient joué avec leurs copains, ils s’étaient promenés dans les chemins autour du village, ils avaient cueilli des fleurs, fait des découvertes intéressantes et rapporté tout un tas de témoignages de la vie de la Nature .
Et je me retrouvais devant ma trentaine de petits qui , en choeur, racontaient .... la même chose « Hier, on a vu le matins des dessins animés et après on a vu un film à 1 heure, un à 5 heures et l’autre à 8h et demie! ». Qui pouvait croire que c’était un progrès, des enfants passifs, sans esprit critique, ni réflexion alors qu’avant ils étaient actifs, acteurs et créatifs
Les enfants des parents réfractaires ( le médecin qui avait dit « jamais de télé », quelques ménages qui surveillaient le temps d’écran) se trouvaient démunis et se mettaient un peu en retrait.
Je crois que les parents ravis, avaient trouvé le moyen de se décharger de l’éducation de leurs enfants. Une mère , au foyer pourtant, avec 2 petites filles adorables, m’avait dit: « Ma vie a bien changé depuis qu’on a acheté la télé, avant quand les filles rentraient de l’école je m’occupais d’elles jusqu’au dîner. Maintenant je leur donne les tartines, les mets devant la télé et je suis bien tranquille ». Et chaque matin, dans la maison de l'autre côté de la rue, je voyais avant 8h, des petits élèves déjà installés devant le rectangle lumineux de la télé!
A cette époque, les années 60/70, il n’y avait que la télé, maintenant une multitude d’écrans et 7 à 9h passés devant eux! Les études, dormir manger, jouer, penser ? Il n’y a plus assez de temps car les journées n'ont que 24h et déjà, les jeunes manquent terriblement de sommeil. Mais ce temps qui manque aux jeunes, c’est simplement le temps de « VIVRE! »