Jean Paul Delevoye

J’ai découvert Jean Paul Delevoye en lisant une critique de son livre " Reprenons nous" ( Editions Taillandier 2012).

J'ignorais tout de Jean- Paul Delevoye. Google s'est fait un plaisir de me fournir sa biographie .

Chiraquien historique, ancien médiateur de la république  il est aujourd'hui Président du Conseil économique, social et environnemental, 

Sur le rôle de médiateur, j'ai trouvé des lignes qui méritent être retenues. «Être médiateur de la République, c’est écouter, comprendre, faciliter les débats et permettre que s’y expriment ceux qui en  sont exclus. C’est être impertinent face aux abus de pouvoir et aux désordres établis. Mais c’est aussi, en étant au cœur des dysfonctionnements de la société, ressentir plus qu’ailleurs peut-être les incompréhensions, les tensions et les intolérances qui la traversent. C’est bien pourquoi la qualité de notre vivre-ensemble nécessitera de plus en plus l’intervention d’un tiers-acteur.»

A propos de la déshumanisation des services publics, il a dit: "Derrière la question de l’utilisation maximale et inappropriée des nouvelles technologies dans les administrations, rendant les relations entre l’usager et son administration totalement impersonnelles, est en jeu un problème bien plus profond: celui d’un service public qui ne donne plus l’impression d’être au service du public, qui n’est pas capable de l’aider, pas même de le comprendre, qui aggrave les souffrances plus qu’il ne les résout, qui excite les frustrations plus qu'il ne les apaise"

Et parlant de son livre "Reprenons nous", il a écrit:

"La France'est toujours distinguée par rapport aux autres pays en accordant la primauté aux conflits, à la posture, aux rapports de force plutôt qu'au dialogue constructif et responsabilisé"….

"Dans les périodes de crise, on a tendance à caresser les bas instincts des peuples“ …. .

“quand on a plus le champ des espérances, on exploite le champ des peurs et des humiliations”…..

"Si aujourd’hui 2012 n’est pas réflexion collective sur le vivre ensemble et le chacun pour soi ,on risque d’avoir une remise en cause de tout ce qui faisait la force collective de la France”. 

La prochaine note parlera de ce livre, excellente analyse sur la société actuelle qui engendre la haine l'exclusion et fait naître le Parti de la Peur!

Enlèvement d'humanitaires nigériens au Niger

 Dimanche soir, dans le sud-est du Niger, quatre humanitaires, nigériens et tchadien ont été enlevés, dont un médecin et un infirmier, ainsi que leurchauffeur. Ils  appartiennent à l’ONG nigérienne Befen (Bien-être de la femme et de l’enfant au Niger) et à l’ONG tchadienne Alerte-santé.

Le  Président nigérien Mahamadou Issoufou, lors d'une cérémonie mardi 16 octobre à Niamey, a prononcé un important discours dont voici les principaux extraits:

… "Notre peuple doit connaître sans ambiguïté le visage de l'ennemi: l'ennemi, c'est celui qui déshonore notre religion en volant, en violant, en s'adonnant au trafic de drogue. L'ennemi, c'est celui qui vit de l'industrie des otages"

… "Notre peuple doit se mobiliser comme un seul homme pour traquer ces bandits, ces mécréants sans foi ni loi"

… "Enlever le personnel humanitaire d'une ONG chargée de lutter contre le paludisme, notamment au bénéfice des enfants de moins de cinq ans, n'est-ce pas un crime? N'est-ce pas agir directement contre les intérêts de notre peuple, qu'on veut priver de services sociaux de base dans l'éducation, la santé, le secteur de l'eau et aussi celui de l'alimentation? Qui osera dire que les auteurs de tels actes sont des musulmans?"

…  "Notre position est claire: nous assumerons toutes nos responsabilités face aux menaces auxquelles la sous-région est exposée, et notre peuple doit apporter tout le soutien nécessaire aux forces de sécurité nigériennes"

Quel média français en a parlé? pour la plupart ( radios, télés) ce fut un " silence assourdissant"! Est ce parce que le rapt d'un humanitaire africain a moins d'importance que celui d'un humanitaire européen et que sa vie a moins de prix????

On peut se poser la question!

 

Et si Joseph Stiglitz avait raison?

Il y a des jours où , à la lecture des journaux, il faut se pincer pour y croire et on se demande s'il faut rire ou pleurer. Depuis plusieurs jours, le FMI, les journaux économiques, ( Financial Times, Echos) , Christine Lagarde et autres s'étonnent et s'émeuvent!

- les plans de rigueur menés depuis 2009 ont un impact bien plus lourd sur la croissance que ne le supposaient les prévisionnistes

- la rigidité budgétaire et monétaire a un effet négatif sur l'emploi

- l'équation n'est pas tenable car les effets négatifs à court terme des restrictions budgétaires ont été sous-estimés.

- la crise proviendrait d'une volonté excessive de rentabilité de la part des détenteurs de capital financier

- Et Christine Lagarde conclut:« Au lieu d'une réduction frontale et massive, il est parfois préférable d'avoir un peu plus de temps »

C'est une vraie révélation! Comment se fait-il que la pauvre vieille femme inculte que je suis, savait cela depuis longtemps?

"S' informer , comme disait mon grand père est le devoir du peuple!"… du peuple, oui..., pas des élites qui choisissent et imposent leur vérité.

Car les sources d'information, il y en a, quand on ne les puise pas dans médias z'officiels. Le mouvement des "indignés", les "économistes atterrés", la "chronique Agora", les journalistes non invités des médias d'états …  parlent sur certaines radios et sur Arte. 

 

Ecouter les infos sur Arte, c'est débarquer sur une autre planète. Ces derniers jours, j'ai entendu , entre autre, un spécialiste de ce fameux 6ème continent de déchets, un représentant des Economistes atterrés, Panagiotos Grigoriou dont je suis régulièrement le blog ( Carnet de notes d'un anthropologue en Grèce) et 2 fois hier Joseph Stiglitz, ex vice président et économiste en chef de la Banque Mondiale et Prix Nobel d'Economie. Son interview, à l'occasion de la sortie de son dernier livre "Le prix de l'inégalité", valait d'être écouté pour la critique acerbe de cet ultralibéralisme dont on ne cesse de nous vanter les mérites et de cette crise dont, nous, pauvres petits, serions responsables!

 

C'est en 2003 que j'ai trouvé, "la grande désillusion", écrit alors que son auteur venait de quitter la Banque Mondiale car "le fanatisme des marchés qui ruinait le monde, l'effrayait"! J'ai acheté le livre et découvert un univers insoupçonné. Moi aussi, j'ai perdu mes illusions!

Depuis il a écrit

- Quand le capitalisme perd la tête, en 2003

- Contre le fanatisme des marchés en 2006

- Pour un commerce mondial plus juste en 2008

- Le triomphe de la cupidité en 2010

- Le prix de l'inégalité en 2012

Pour la France, c'est en 2009 qu'il a fait le " Rapport de la Commission sur la mesures des performances économiques et du progrès social"… 324 pages! je n'ai pas tout lu mais retenu des phrases « la crise n’est pas un simple accident (…). Elle est due, au contraire, à l’action humaine : elle a été le résultat de fautes du secteur privé et de politiques mal orientées et vouées à l’échec des pouvoirs publics ».La mondialisation « a facilité la contagion ». Les raisons de la crise sont « le laxisme de la politique monétaire, l’insuffisance de la réglementation et la négligence du contrôle (qui) ont interagi pour créer l’instabilité financière ».

 

Le pouvoir financier est devenu infini à notre époque, beaucoup plus puissant que les gouvernements qu'il peut faire ( rôle des financiers dans la campagne de Mit Romney) ou défaire (  crise grecque ), qu'ils peuvent ruiner à leur guise tout en culpabilisant les populations et en les appauvrissant chaque jour un peu plus.

 

Complément à 14h: Après avoir publié cette note à 11h45, j'allume la télé restée en veille sur Arte. Etonnnant, le documentaire qui vient de commencer est intitulé " Noire finance", sous titre " Le bal des Vautours".

Je crois rêver, c'est l'illustration de ce que je finis d'écrire!

Il sera rediffusé le samedi 20 octobre à 11h55.

Edifiant: le monde de la finance est mille fois pire que je ne l'imaginais!