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  • Petits bonheurs d'un WE pluvieux

     Samedi après midi, je rencontre un couple très âgé, nos voisins pendant une vingtaine d'années, au siècle passé. Nous ne nous étions pas vu depuis le printemps et, avec un sourire, je les aborde d'un " Comment allez vous? " chaleureux .

    "Bien, en ce moment, nous allons bien tous les 2" , disent-ils en me rendant mon sourire. Mais je connais leur mauvais état de santé et ils approchent de 90  ans! Alors je fais préciser  le " bien". 

    J'apprends alors qu'elle s'est fait enlever les 2 seins, qu'elle commence une chimio après qu'on ait vérifié que ses autres organes sont "encore jeunes et son esprit resté vif". Et c'est avec beaucoup d'humour qu'elle me raconte les "tests"  d'intelligence qu'elle a subis. Pour son mari, à qui la faculté avait prédit une vie courte et le fauteuil roulant a 50 ans, il va d'examens en opérations mais est toujours debout, sec, maigre et parcheminé. Comme sa femme, il arbore un large sourire et des yeux pétillants et vifs. Et ils vont bien, réaffirment-ils!

    Nous ne nous attardons pas à ces aléas et, après avoir égrené quelques souvenirs, parlons sens de la vie. Sans famille ni enfant, dans une maison inadaptée à leur grand âge ils se disent heureux et s'étonnent que les gens ne sachent plus que "se plaindre, gémir et critiquer". Et nous nous quittons sur ces mots " Vous savez, puisqu'on est encore là, on profite de tous les bonheurs qu'on peut encore avoir!"

    Quelle leçon! Je ne peux m'empêcher de penser qu'à cette même place, une autre connaissance, avec un air plaintif et des yeux tristes m'a, il y a quelques semaines,  expliqué ses ennuis de dents et le malheur de devoir porter… un appareil dentaire. Pas de doute, vieillir est un art difficile pour certains!


    Dimanche d'averses et de vent violent jusqu'à 16h où un rayon de soleil chasse la grisaille. Vite, mon vélo et 25 km de griserie et d'admiration. Il fait frais, mes pneus chuintent sur les routes trempées mais je n'ai d'yeux que pour le ciel qui m'offre le plus beau des spectacles. Une multitude de nuages  de toutes formes et de tous volumes, du blanc pur au noir le  plus sombre, roulent dans le ciel, se déforment sous le vent, tout en jouant avec les rayons de soleil couchant. Tantôt arrondis, tantôt effilochés, ils s'étirent parfois jusqu'à l'horizon en longs filaments ou s'enroulent en de possibles  trombes. Malgré la petite pluie reçue en remerciement de mon admiration, il aurait été dommage de ne pas sortir!


    Ce ciel d'une rare beauté  suscite une autre rencontre. Sur une petite route, un couple plus très jeune marche devant moi, tenant chacun une anse d'un énorme sac à provisions. Tous 2 sursautent au passage silencieux de mon vélo. Je mets un pied au sol et m'excuse de les avoir effrayé. Et voici la réponse " Non, c'est nous qui nous excusons de marcher au milieu de la route en regardant les nuages". Ils me sont immédiatement sympathiques et nous parlons d'abord beauté du ciel, puis châtaignes qui remplissent leur sac. Et ils me disent leur étonnement d'avoir été seuls ramasseurs alors qu'il y en a tant par terre. Mais, conclut la femme, avec un sourire "les gens sont feignants et ne sortent que par beau temps"

     

    Comme il faut peu de choses pour collectionner les "petits bonheurs simples" pendant  un WE de pluie et de tempête!

  • Y a qu'à, faut qu'on!

    2 commentaires sur la note d'hier: la faim dans le monde est un sujet sensible!


    "Y a qu'a, faut qu'on…", il y a près de 20 ans,  j'avais écrit sur le bulletin de mon club de CCars, un article ainsi intitulé car cette phrase tant rabâchée ne fait pas avancer les choses. Par la suite, j'en avais écrit un autre sur l'importance de ne plus être un simple consommateur et de devenir consom'acteur

    S'indigner et dénoncer oui, mais agir, même si, comme le colibri du conte africain ( que j'ai souvent raconté à mes petits élèves) on n'apporte qu'une minuscule goutte d'eau pour éteindre un incendie!

     

    Si j'étudie tant les rapports sur la faim, c'est que je connais bien l'Afrique de l'Ouest, que l'association, la Poulie, dont je suis une des responsables travaille au Niger et que ces problèmes de la faim évoquent des situations, des villages, des femmes, des enfants….  des enfants surtout,  tellement semblables à ce qu'étaient mes petits angevins des années 50/80!

     

    C'est le 25/03/12 que l'association Oxfam écrivait: "Si aucune action immédiate n'est entreprise, près de 13 millions de personnes courent le risque d'être confrontées à une grave crise alimentaire qui menace de dégénérer en urgence humanitaire de grande ampleur dans la région du Sahel en Afrique de l'Ouest et centrale. Plus d'un million d'enfants font face à un risque de malnutrition sévère, la production agricole dans la région est de 25 pour cent inférieure à celle de 2010. La récolte de céréales est en baisse de 1,4 million de tonnes (tonnes métriques) pour les six pays du Sahel. Les prochaines récoltes n'étant pas attendues avant octobre, une action humanitaire concertée est indispensable"

     

    Il n'était pas prévu, c'est que les inondations succèderaient à la sécheresse.  Au Niger, une saison des pluie exceptionnelle, la plus forte depuis une centaine d'années a déplacé 500000 personnes et en a tué officiellement une centaine . Des milliers de maisons et de champs ont été détruits.

     

    Le choléra a fait son apparition et , de plus, l'infirmier du Centre de santé intégré d'un de "nos " villages nous a indiqué qu'il décelait une cinquantaine de cas de paludisme par jour!

     

    Pourtant  les effets de la sécheresse continuent d’affecter plus de 5,5 millions de personnes au Niger.  Des prix alimentaires exceptionnellement élevés, ajoutés à la destruction des nouvelles récoltes par les inondations réduisent la capacité du pays à  nourrir sa population. Comment tenir la promesse du Président: les 3 N? ( les Nigériens Nourrissent les Nigériens) 

     

    Des milliers d’élèves viennent  seulement de retourner en classe car la rentrée scolaire a été reportée de deux semaines, les écoles servant d'accueil à ceux qui ont tout perdu.

    Un directeur d'école, ami très apprécié,  m'envoyait le 24 août le mail suivant:

    "Cette année la saison des pluies a été exceptionnelle: beaucoup de sinistrés pour cause d'inondation. Certains villages au bord du fleuve sont totalement effacés.

    De  Bossia jusqu'a Boumba*, toutes les maisons sont sous l'eau. Les champ et les rizières sont tous inondés. Dans le pays il y a plus de 340 000 sinistrés avec des morts un peu partout. C'est une désolation totale!"

     

    * Bossia et Boumba sont 2 villages au bord du Niger avec lesquels nous travaillons

     

     

  • 5 rapports publiés en octobre sur la faim dans le monde

    Le dernier rapport sur la faim dans le monde vient d'être publié par les Nations Unies
    - 870 millions de personnes, soit un habitant de la planète sur huit, souffraient de sous-alimentation chronique en 2010-2012, 852 millions, dans les pays en développement, 16 millions dans les pays développés
    - Plus de 100 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent d'insuffisance pondérale et plus de 2,5 millions en meurent, soit près  de 16 500  chaque jour

    Un rapport de la FAO du FIDA (Fonds pour le développement agricole) et du PAM( Programme alimentaire mondial) constate que "L'Afrique est la seule région du monde où le nombre d'affamés a augmenté, passant de 175 à 239 millions, dont près de 20 millions au cours des quatre dernières années" alors que sa population vit majoritairement de l'agriculture. Pourtant affirme ce rapport: " Le monde possède les connaissances et les moyens d'éliminer toutes les formes de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition"


    Encore un rapport, celui de Jean Ziegler, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, qui pense que "la production massive de biocarburants comme l’éthanol aggrave encore le problème en diminuant les surfaces agricoles consacrées aux cultures vivrières. C'est un crime contre l’humanité qui est commis lorsque l’on convertit un sol productif pour l’alimentation en terre à produire du biocarburant". Car, affirme-t-il, la Terre pourrait nourrir 12 milliards d’êtres humains, soit deux fois la population mondiale actuelle. "Le massacre de la faim qui n’obéit pas à la fatalité … un enfant qui meurt de faim est assassiné"
    Il met aussi  en cause les subventions agricoles européennes qui permettent d’inonder les marchés africains à prix bradés et qui entraînent la ruine des agriculteurs locaux. Selon lui, "l’Union européenne crée de la faim en Afrique par son dumping agricole"

    Un interview du Président Nigerian du FIDA pense que le rôle de l'agriculture familiale et paysanne – qui représente quelque 500 millions d'exploitations dans le monde – n'est pas reconnu à sa juste valeur. Les petits producteurs sont assimilés à une population pauvre qui a besoin d'assistance. Or l'Afrique peut se nourrir et nourrir le monde. Les populations doivent s'organiser, se structurer pour être en mesure de mener des actions collectives mais, à quoi sert d'augmenter ses rendements si l'on ne peut pas commercialiser sa production ? Il est nécessaire de favoriser l'accès des producteurs au crédit, aux marchés et à un certain nombre de services et d'infrastructures, par exemple des installations de stockage fiables.
    Pour cela les gouvernements ne doivent pas brader leur terres. D'après un rapport d'Oxfam, la superficie totale des terres agricoles ( 3 fois la superficie de la France) acquises depuis dix ans au gré d'investissements internationaux permettrait de nourrir un milliard d'humains, autant que de personnes souffrant de la faim dans le monde.60% de ces transactions ont eu lieu dans des régions "gravement touchées par le problème de la faim" et "plus des deux tiers étaient destinées à des cultures pouvant servir à la production d'agrocarburants". Au Cambodge,  on estime que "56 à 63% des terres arables ont été cédées à des intérêts privés"
    "Le phénomène devient l'un des plus grands scandales du XXIe siècle"
    La banque Mondiale approuve et cautionne ces achats et 21 plaintes ont été officiellement déposées par des communautés estimant que des projets de la Banque mondiale violaient leurs droits fonciers.

    Avec cela,  on constate une escalade des prix des denrées alimentaires qui n'est pas prête de fléchir et on incrimine, la sécheresse, les inondations, le réchauffement climatique, la loi de l'offre et de la demande, le changement des habitudes alimentaires en oubliant la spéculation financière.

    Elle est partout cette hydre des temps modernes qui doit gagner un sou sur un grain de riz même si c'est en affamant la moitié du monde!