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Analyse de la portée des réseaux sociaux

Selon une étude canadienne, plus de 90% des jeunes âgés entre 14 et 24 ans ont un compte sur au moins un des réseaux sociaux suivant : Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat ou YouTube. Selon la même étude, les taux d’insomnie et de troubles de santé mentale tels que la dépression et l’anxiété pour le même groupe d’âge ont augmentés d’environ 70% dans les 25 dernières années. Les médias sociaux semblent donc avoir un effet très néfaste sur la santé mentale de la nouvelle génération hyper-connectée.

Cela rejoint le livre de Bruno Patino, directeur éditorial d'Arte France, qui est aussi l'un des meilleurs prophètes des questions numériques. La civilisation du Poisson Rouge étudie ce nouveau capitalisme numérique d’addiction. Les algorithmes sont « les machines-outils de cette économie ». Il résulte de cette société numérique « un peuple de drogués hypnotisés par l'écran », des humains comme vidés de leur substance, soumis aveuglément aux algorithmes, qui les ont transformés en somnambules, après leur avoir fait croire à une « promesse d'optimisation »…

Cette addiction est telle que dans une étude américaine effectuée par le psychologue Dr. Adam Alter en 2017, où il demandait à des jeunes du secondaire de faire un choix théorique entre voir leur téléphone intelligent se faire briser en morceaux ou se faire briser un os de la main, 46% ont répondus qu’ils préfèreraient se faire briser un os de la main plutôt que de voir leur téléphone se faire briser. Presque la moitié de ces jeunes étaient prêt à endurer de la souffrance physique pour rester connecter! Il,faut dire qu’aux États-Unis, en 2017, les jeunes passaient en moyenne 9 heures par jour sur leur téléphone alors que les adultes y passaient en moyenne 4 heures. De plus, environ 75% des adultes américains peuvent atteindre leur téléphone sans se déplacer, 24h sur 24h. La majorité des gens n’ont aucune idée de la quantité de temps passée sur les réseaux sociaux chaque jour!

Car tout est fait pour qu’on ne puisse cesser de les consulter compulsivement car l’imprévisibilité captive l’humain. Et la l’imprévisibilité ici, c’est la récompense ! Les systèmes de mentions j’aime, du nombre de vues, de commentaires et de partages sur les médias sociaux sont ce qui nous garde rivés à nos écrans pour savoir quelle « quantité » d’approbation sociale (la récompense) nous allons recevoir. Essentiellement, l’incertitude liée au processus d’approbation des médias sociaux crée la dépendance.

J’ai relu « La servitude volontaire » de la Boetie, écrit en 1574 et j’ai trouvé le phrase suivante « Il ne faut pas seulement que les hommes fassent ce que le tyran ordonne, mais aussi qu’ils pensent ce qu’il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu’ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n’est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu’ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu’ils ne se plaisent que de son plaisir, qu’ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillant de leur naturel […] Est-ce là vivre heureusement ? Est-ce même vivre ? […] Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n’ayant rien à soi et tenant d’un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie ! »

Remplacer « le tyran » par les « réseaux sociaux » et il n’y a pas un mot à changer à cet extrait!... écrit il y a si longtemps.

De  plus on a  vu peu à peu Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat ou YouTube envahis par les provocateurs débiles.A partir du moment où les algorithmes privilégient l'émotion et les propos haineux ou scandalisés, parce qu'ils suscitent plus de clics, donc plus de fric, ils coupent  la parole aux gens normaux. Et s'exercent alors les atteintes à la liberté d'expression, les harcèlements, les campagnes d'injures, les menaces de mort, et par les réseaux eux-mêmes.

Après ce réquisitoire on doit penser que j’abhorre les réseaux sociaux. Aujourd’hui oui! ... mais hier? J’ai découvert l’informatique en 1986 et me suis passionnée, j’ai adoré Internet, cru que la naissance de ces réseaux améliorerait le monde et favoriserait une éducation, une culture, une convivialité inter civilisation et génération. Et quand je vois la bêtise, la vulgarité, la haine qui s’en dégage, j’avoue que je pense qu’on a tout fait  pour nous « voler »ce qui aurait dû être une très belle avancée pour les hommes.

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