Je me demandais si j’ écrirais un jour, en cette triste période une note entrant dans la catégorie « des raisons d'espérer ». Hier à 13h15 sur la chaîne 2, j'ai regardé l'émission sur les Maisons Partagés de Tauriac, dans le Tarn.Un moment de bonheur!
J'avais un peu entendu parler de ce concept et cela m'avait paru très intéressant. Au lieu d'être infantilisées dans les Ehpad, les personnes âgées réunies par petits groupes dans des maisons faites pour elles étaent au contraire responsables de leur vie et LIBRES! Et ça m'avait beaucoup plu. J'avais d'ailleurs correspondu il y a une dizaine d’années avec Thérèse Clerc, l’ initiatrice du projet de la Maison des Babayagas dont elle préparait l’ouverture. Là encore, des femmes vieillies qui prenaient en main leur destin
Car je suis persuadée que le seul moyen de rendre les gens heureux c'est de leur octroyer liberté et responsabilité. C’est ce que j'ai toujours fait dans ma classe avec des enfants de CP, c’est ce que juge indispensable a l’autre bout de la vie, pour des gens qui ont décidé seuls de leurs faits et gestes et qui, dans leurs vieux jours, se retrouvent irresponsables donc assistés et tenus éloignées de la société.
Pourquoi le maire de Tauriac a-t-il initié ce projet? Voilà ce qu’il dit « La 'maison partagée' évite le repli sur soi... pour qu’on puisse vieillir dignement. En tant qu’homme, ça me touche énormément. J’avais une maman, quelqu’un de dynamique. Avec ma sœur, on a dû la mettre en maison de retraite et, au bout de deux ans, cela a été le chaos final.": Faire cohabiter des personnes âgées au sein d’un même lieu lutte contre la précarité, l’isolement et/ou la solitude, réhabilite le lien social et la solidarité.
La maison abrite une dizaine de personnes seules ou de couples, sous la conduite d’une gouvernante qui coordonne les initiatives et d’un « homme a tout faire » a la disposition de tous mais qui a aussi une formation de psychologue! Cet homme a travaillé en Ehpad privé… mais ne s’y est jamais senti a sa place car il a trouvé qu’il "n’y avait aucune humanité. iI ne faut pas regarder le résident, il faut surtout regarder la pendule ».dit-il. Ici, tout est décidé et réalisé par les résidents, et il est enfin heureux
L’émission de 13h15 avait déjà fait un reportage en 2019, les journalistes y sont retournés depuis le premier confinement et ce reportage m’a fait vivre un moment de vrai bonheur Point de masques, ni de distanciation, pas de contraintes et une assemblée qui chante « Tout va très bien, Mme la Marquise ». La gouvernante dit ne pas sacrifier la liberté de ses résidents à leur santé. Plutôt que des anxiolytiques, on préfère privilégier les activités, le jardin, les animaux, la présence des voisins qui viennent faire une belote, les ateliers qui continuent comme la chorale et le yoga. On organise un apéritif avec des invités, on va chez les enfants et on les accueille et seuls les entrants sont masqués. Il faut entendre les réactions des résidents …. ils rient et comme dit l'un d'eux, un homme de plus de 90 ans, «le virus je m’en fous. Comme Il faut bien a notre âge mourir de quelque chose, pourquoi pas du coronavirus! »
Et ce qui frappe les journalistes, c’est la transformation des résidents qui sont arrivés dépressifs. Un an après, ils sont vivants, souriants, intéressés. Une vraie communauté est née!
Le Covid? personne n’a été malade. On a été inquiet quand 10 résidents ont été testés positifs. Oui, mais tous symptomatiques et aucun n’a été malade. On oublie quand on nous dit le nombre de tests positifs que 9 sur 10 ne développeront jamais la maladie
Un vrai bonheur d’entendre ces témoignages et de les voir faire de l’humour a propos du coronavirus. Ils appellent cà le « risque de mourir….. mais de mourir vivant ». J’adhère complètement, j’ai a la fois ri et …. pleuré,en entendant dire leur bonheur de « vivre dans une bulle de liberté »
Et je concluerai par les paroles de la directrice:
"Nous nous octroyons des droits parce que la liberté, c’est vital. il faut la vivre
avec naturel, avec morale et avec coeur »