Une des plus belles rencontres de ce moment de confinement fut ma lecture du nouveau livre de Marie de Hannezel, « L’adieu interdit », paru ces jours ci. Cette psychologue, psychothérapeute dont j’ai savouré plusieurs livres, oeuvre avec courage et constance pour améliorer les conditions de fin de vie. Son jugement sur le confinement et ses conséquences rejoint si bien mes pensées que je ne résiste pas à publier des extraits de son livre dont le sous- titre est d’ailleurs « Pour ne plus jamais vivre çà »
Titre du chapitre 1:Plus jamais çà
« Pendant le confinement, j’ai suivi de très près les effets délétères des mesures sanitaires sur la population, notamment leur impact sur les personnes vulnérables, âgées, malades, sur leurs familles, sur leurs soignants.
Du jour au lendemain, ce qui rythmait la vie de ces personnes, ce qui les maintenait vivantes, tout s'est arrêté. Avec l'interdiction des visites, cette rupture brutale de leurs liens affectifs, nombreuses sont celles qui ont perdu le goût de vivre. Ne comprenant pas les raisons de ce confinement strict, se sentant abandonnées des leurs; elles se sont bien souvent laissé mourir. Quant aux personnes âgées ayant perdu leurs facultés cognitives, elles n'ont pas compris ce qui se passait Leur capacité de rester en lien grâce au travail des médecins, des soignants et à la sollicitude de leurs proches a fondu comme neige au soleil. Elles se sont enfoncées un peu plus dans leur nuit intérieure et on ne saura sans doute jamais qui était atteint du covid-19 et qui est mort de solitude et de chagrin. Des rites sacrés qui sont, depuis la nuit des temps, et partout sur la planète, à la racine de notre civilisation humaine ont disparu.
Je suis témoin, à l'heure où j'écris, des dégâts irrémédiables, d'une gravité sans précédent, des décisions sanitaires sur la psyché de ceux qui ne peuvent faire normalement le deuil d'un parent. Je constate à quel point, en voulant protéger la vie biologique des uns, on a nuit à la personne humaine.
C'est la preuve d'un manque coupable du respect que nous devons aux droits de chacun de disposer de sa vie comme il entend et de prendre pour lui-même les risques qu'il est prêt à prendre.
En agissant ainsi nos experts scientifiques et nos gouvernants ont commis une faute . Des décisions sanitaires, censées protéger le vivant, ont en fait générée de l’inhumanité et de l'indignité. Elles ont été mortifère.
J'ai assisté impuissante, à l'effondrement brutal de tous à ce quoi nous sommes parvenus en France pour la dignité du mourir.
Tire du chapitre 2: « La peur a eu raison de l’humain »
- Paroles du Directeur de l’Ehpad de Confolens « tous les efforts que nous faisons pour considérer nos anciens comme des citoyens à part entière, pour construire une démarche ou l'organisation s'adapte à la personne, pour prendre soin sans violence, respecter le rythme de chacun, le droit à son intimité, tout cela est suspendu.
Nous avons des phénomènes de glissement par lequel nos anciens vont se laisser mourir. Nous avons des décompensations psychiatriques ou comportementales et certains de nos anciens nous laissent voir des symptômes post-traumatiques. Nous sommes peut-être devant un profond krach humain dans les EHPAD »
Il faudrait tout citer. je terminerai par lzqproles fortes d’une femme de 90 ans
« Je voudrais une mort apaisée, dans mon lit à moi, pas à l'hôpital. Je voudrais qu'on soit autour de moi et qu'on me dise des mots d'amour, qui me donne la force de mourir, qu’on me touche avec des gestes doux et calmes, qu'on me laisse glisser dans la mort sans me forcer à manger si je n’en ai plus envie. Je veux sentir la vie autour de moi, les enfants bouger, les gens parler et si je souffre qu'on me donne ce qu'il faut pour que je n’aie plus mal. »
C ‘est ainsi qu’on mourait dans mon enfance. Dans notre société le tabou de la mort est omniprésent et comme écrit M de Hannezel, « cela conduit a une forme de maltraitance! »