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Lectures d'un temps de confinement, activité enrichissante!

Le confinement permet parfois de bien belles « rencontres » Je lis beaucoup et ai découvert 3 livres enrichissants et qui ouvrent un champ de réflexions insoupçonné.  Je pense que des lectures bien choisies non seulement nous instruisent mais nous élèvent . C’est pourquoi la fermeture des librairies me révolte. 

Le titre de ces livres « La Némésis Médicale »  d’Yvan Illich, « L’adieu interdit » de Marie de Hannezel et « La société du sans contact » de François Saltiel. Très différents mais a relire!

 

Commençons par Yvan Illich. Je connaissais depuis longtemps  « une société sans école » mais j’ignorais qu’il avait aussi parlé de la médecine. C’est un article du Monde Diplomatique écrit par Illich en mars 1999 qui m’a alertée.

Son titre « l’obsession de la santé parfaite » qu’il présente ainsi

« Dans les pays développés, l’obsession de la santé parfaite est devenue un facteur pathogène prédominant. Le système médical, dans un monde imprégné de l’idéal instrumental de la science, crée sans cesse de nouveaux besoins de soins. Mais plus grande est l’offre de santé, plus les gens répondent qu’ils ont des problèmes, des besoins, des maladies. Chacun exige que le progrès mette fin aux souffrances du corps, maintienne le plus longtemps possible la fraîcheur de la jeunesse, et prolonge la vie à l’infini. Ni vieillesse, ni douleur, ni mort. Oubliant ainsi qu’un tel dégoût de l’art de souffrir est la négation même de la condition humaine.» 

 C’est en 1974 qu’ il avait écrit la « Némésis médicale » dont les premiers mots étaient: « L’entreprise médicale menace la santé. » 

Voici des extraits de l’article de 1999 que j’aimerais citer en entier!

« J’ai choisi la médecine comme exemple pour illustrer des niveaux distincts de la contre-productivité caractéristique de toutes les institutions de l’après-guerre, de leur paradoxe technique, social et culturel : sur le plan technique, la synergie thérapeutique qui produit de nouvelles maladies ; sur le plan social, le déracinement opéré par le diagnostic qui hante le malade, l’idiot, le vieillard et, de même, celui qui s’éteint lentement. Et, avant tout, sur le plan culturel, la promesse du progrès conduit au refus de la condition humaine et au dégoût de l’art de souffrir…..L’art de célébrer le présent est paralysé par la recherche de la santé parfaite! ….

On ne peut plus éviter de voir le contraste entre la santé prétendument objective et la santé subjective. Et qu’observe-t-on ? Plus grande est l’offre de « santé », plus les gens répondent qu’ils ont des problèmes, des besoins, des maladies, et demandent à être garantis contre les risques, alors que, dans les régions prétendument illettrées, les « sous-développés » acceptent sans problème leur condition. Leur réponse à la question : « Comment ça va ? » est : « Ça va bien, vu ma condition, mon âge, mon karma. »

Et encore : plus l’offre de la pléthore clinique résulte d’un engagement politique de la population, plus intensément est ressenti le manque de santé. La redéfinition actuelle de la maladie entraîne, selon le professeur Sajay Samuel, de l’université Bucknell, « une transition du corps physique vers un corps fiscal ». En effet, les critères sélectionnés qui classent tel ou tel cas comme passible de soins clinico-médicaux sont en nombre croissant des paramètres financiers.

Le diagnostic a remplacé l’ecoute et la visite médicale sert a la désincarnation de l’ego! »

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet qui répond si bien a ce que je pense en constatant combien la médecine de 2020 « rend malades » tant de mes amis et surtout amies qui prennent hors période  Covid ...10 à 15 médicaments chaque jour,  en craignant tout, de tout, partout.. Avec cette phrase qui me fait si mal « Ah! tu comprends à nos âges! » 

Et je pense à mes grands mères mortes chez elles a plus de 80 ans et a leur sérénité devant les maux,  les aléas de la  vie et la vieillesse. Ma grand mère maternelle, morte à 89 ans, reconnue de santé fragile dès l’adolescence, m’a dit peu avant sa mort, avec un grand sourire: « Tu sais, si ça continue, je finirai guérie car je crois bien que les maladies s’usent sur moi. Il est vrai qu’ on se connait tellement bien qu’on s’entend de mieux en mieux ». ( C’était dit en patois vendéen ….mais c’était bien dit!)

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