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Lecture de nuit: retour sur la vie des pauvres en 1970.

Apprendre à aimer ses insomnies par la lecture!

Je suis de plus en plus souvent éveillée d'une à trois heures du matin, c'est sans doute cela vieillir! Pas question de prendre des somnifères comme la plupart des gens de ma génération et pourquoi tourner pendant deux heures dans son lit quand on peut passer ce temps utilement.

Alors j'ai pris l'habitude de relire un livre que j'avais aimé et qui m'avait  interpellée il y a des années. Une de ces dernières nuits, j'ai repris le "journal d'une assistante sociale" écrit par Fanny Deschamps, en 1970. Cette journaliste bien connue, avait voulu , pendant une trimestre,  et pour les besoins d'une enquête, être une de ces assistantes sociales en prise directe avec la misère de cette époque. 

 

J'ai redécouvert la vie des  familles très nombreuses d'avant la pilule ( de plus, c'était l'époque où un bon Français se devait de repeupler la France! ), l'époque où les femmes sans métier subissaient des maris qui souvent buvaient ( mais  boire était aussi un devoir pour un Français! ), des femmes dont la seule culture était " Nous deux" ou "Confidences" , les romans photos qui finissent toujours bien! …. des femmes qui rêvaient une vie de princesse.


Et j'ai  retrouvé le rôle du représentant de commerce, prélude à la société de consommation qui déjà connaissait le matraquage pour soutirer l'argent des pauvres. Combien de fois, dans ma vie d'institutrice, ai je discuté de ce problème avec des mères qui achetaient sans réfléchir, toujours dans les familles les plus pauvres. Combien ont payé chaque mois, l'Encyclopédie " Tout l'Univers"  sans ouvrir  aucun des 24 volumes!

 

Pour illustrer mon propos, j'ai selectionné les citations suivantes:: 

- les représentants font leur tournée juste après le payeur des allocations familiales et le secteur est peuplée de vieux enfants qui ont envie de tout ce qu'on leur montre.  iIs sont capables de mettre leur nom ou une croix sur n'importe quel bout de papier. ( une assistante a recensé 11 représentants  dans la même journées dans une seule famille.)

- dans une famille rurale, l'assistante sociale a trouvé une superbe machine à laver. La mère est tout de même un peu déçue de voir que la machine ne marche pas dans une maison sans eau ni électricité… le représentant ne lui avait pas dit.

- le gaspillage de l'argent familial s'organise facilement dans les quartiers pauvres. Entre les emballages multicolores de la civilisation de consommation, mieux vaut faire circuler des affamés que des gavés. Plus d'une poussette arrive à la caisse plus remplie que le porte-monnaie. Alors Monsieur Supermarché montre son bon cœur… il fait crédit. Il fera aussi crédit pour la seconde poussette et ainsi de suite.

- la société exige que ses enfants se promènent dans un marché plein de tentation. Les croyez vous capable de répéter comme Sénèque "que de choses dont je n'ai pas envie! ". Non, ils vont avoir une irrépressible envie d'acheter! C'est la même chose pour la drogue et pour l'alcool : puisque certains vendent d'autres doivent en acheter.  Chaque adulte doit se dire clairement que les marchands travaillent  a donner le goût de la drogue, de l'alcool à un nombre  toujours croissant d'adolescents de plus en plus jeunes

- les anciens ruraux échoué dans les casernes (HLM) et devenus chômeur ou manœuvre se détériorent vite. D'autant plus qu'ils ont perdu leur bout de jardin et que, en boutique, tous les vivres sont trop chers.

- le monde de demain sera sans doute irrespirable

-  je me désole en remarquant que les gens s'habituent sans râler à ce que le progrès soit plein de nouveautés inutiles et désagréable, parce que c'est ..."LE PROGRES"!

Et cette dernière:

 

- la délinquance explose dès que la société devient follement consommatrice!

 

J'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce témoignage.  En presqu'un demi-siècle, le matraquage publicitaire a grandi d'une manière exponentielle, et les études scientifiques sur notre cerveau ont permis de découvrir les ressorts de la manipulation.  On comprend mieux la folie achèteuse,  le manque de bon sens et de réflexion et le gaspillage de notre  monde actuel. Les enfants de cette époque sont devenus les adultes d'aujourd'hui  et ils n'ont pas vraiment d'autre choix que celui pour lequel  la société les a "formaté" dès la naissance.

Un proverbe chinois dit d'ailleurs:" Ton fils n'est pas ton fils il est le fils de son temps"

Commentaires

  • Petite défense de TOUT L'UNIVERS
    Je suis née dans une famille nombreuse de cette époque, et oui, mes parents ont acheté "Tout l'univers" suite à un démarchage à domicile, pour que leurs 5 enfants soient aidés dans leurs études.
    Dans mon village, ni l'école primaire, ni le collège n'avaient de bibliothèque, alors pour trouver un support pour les exposés, j'utilisais le dictionnaire, ou Tout l'univers, sinon, c'était le bibliobus mensuel, avec des lectures très surveillées pour les enfants, ou la bibliothèque du curé...
    Les parents ne pouvaient pas aider leurs enfants pour les devoirs, et d'ailleurs n'en avaient pas besoin, car il s'agissait de devoir d'application, et nos instituteurs puis professeurs nous aidaient un peu plus quand comme moi on n'était pas dans une famille française depuis longtemps.
    Et puis on n'avait pas la télé, alors malgré ses articles tout éparpillés le long des volumes, et ses vilaines images, nous avons beaucoup rêvé avec mes frère et sœurs en feuilletant cette "encyclopédie" biscornue, ce fut notre première ouverture au monde.

  • Votre commentaire m'a beaucoup touchée. Mes propres enfants ont aimé " Tout l'Univers" et j'ai conseillé souvent à des familles de fournir , s'il le pouvaient, " Tout l'Univers" à leurs enfants. Certains de mes petits élèves auraient la même réaction que vous, cette encyclopédie fut pour eux, une " ouverture au monde" comme vous dites!
    Mais plus nombreuses sont les familles où les livres ont été abandonnés sans que les enfants n'en retirent aucun profit. Et c'est cela qui est dommage, s'endetter sans utilité!

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