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  • Réflexions après l'élection d'une femme à la tête du barreau de Bordeaux

    Me Anne Cadiot-Feidt., 54 ans et avocat depuis 27 ans a été nommée à la tête du barreau.

     Quoi  de surprenant en 2012?

    Pourtant,  à France 3, un avocat pénaliste a osé prononcer les phrases suivantes qui ont créé la polémique:


    "Au pénal il faut avoir les épaules très larges. Est ce qu'une femme a les capacités pour le faire ?

    "Vous n'avez pas d'avocate qui soient des avocates de renom connues comme de grandes pénalistes"

    "Si j'ai besoin du bâtonnier pour me défendre dans une affaire professionnelle je préfère que cela soit un homme"

     

    Les réactions ns se sont pas faites attendre:

    Le batonnier en exercice a jugé " ces propos consternants"

    La section locale du Syndicat des avocats de France a écrit: "De la robe noire à la burqa il n'y a qu'un pas, que d'aucuns rêvent de nous voir franchir".

     

    La féministe des années 50 que j'étais , fille d'une féministe des années 20, ne peut que s'indigner de voir le mépris envers les femmes, après une courte embellie,  recommencer à s'installer insidieusement dans notre monde où les machos feraient volontiers la loi.

    En lisant cette information, j'ai immédiatement évoqué un passage,  écrit par Sylvain Tesson, un brin provocateur, dans "Petit traité sur l'immensité du monde" aux pages 72 et 73. Après avoir parcouru le monde a pied, à vélo, à cheval ou en canot, il constate:

    "l'universelle oppression de la moitié de l'humanité par l'autre"...

    (exception faite des pays nordiques! des vallées himalayennes, des jungles primaires)

     Partout ailleurs," a chaque instant, il se heurte à la  toute puissance de la testérone, érigée en divinité" 

    Il cite les cris de joie a la naissance d'un garçon, les lamentations à la naissance d'une fille en tant de pays, ... il cite en Chine rurale les mères qui se pendent quand elles accouchent d'une fille,... en Inde les femmes dont on brule le visage pour la même raison.

    En Europe, souvent encore, il voit " les femmes aux moissons tandis que les hommes suivent l'ombre d'un arbre au fur et à mesure que le soleil se déplace", la mère de famille "se nourrissant par terre des miettes de son seigneur et maître", et souvent "les fillettes aux côtes saillantes à côté de petits garçons gras comme des poussahs".


    Il cite des proverbes qu'il trouve "hideux", par exemple:

    Quand une fille nait, meme les murs pleurent ( Roumanie)

    Instruire une femme, c'est mettre un couteau entre les mains d'un singe ( Inde).

     

    Alors il ne voit pas pourquoi il devrait aimer et respecter cette humanité là et...

    il trouve cette découverte lourde à porter.


    Jack London pensait que " l'homme se distingue des autres animaux surtout en ceci: il est le seul qui maltraîte sa femelle, méfait dont ni les loups, ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication"

    Et Sylvain Tesson conclut:" L'homme a été un jour en mesure de tenir un gourdin d'une main et une chevelure dans l'autre. Depuis lors la moitié des membres de l'espèce humaine opprime l'autre".
    C'est peut-être cette certitude qui l'a amené à passer 6 mois solitaire " Dans les forêts de Sibérie".

    Merci à Sylvain Tesson, un Homme, humain et humaniste, pour cette dénonciation du machisme, insidieux chez nous, mais bien présent et affiché d'une manière ostentatoire dans tant de pays.

     

  • Désamour pour les médicaments génériques

    J'ai entendu ce matin plusieurs fois l'information suivante :

    Les Français sont de plus en plus réticents face aux médicaments génériques: leur défiance vis à vis de ces médicaments a augmenté de 5 points en un an, leur jugement sur l'efficacité a baissé de 5 points. Quant à leur perception sur la sécurité elle a baissé de 10 points

    En plus presque  50% des Français estiment que supprimer le tiers payant en cas de refus des génériques,  porte atteinte à leur liberté.

    Rien de tel que d'aller sur des forums pour prendre le pouls de l'opinion. Et ce n'est pas triste: on lit: "fabriqués en Inde, en Chine, par n'importe qui, sans hygiène, avec des excipients interdits en France, j'ai même trouvé "des balayures de greniers et des crottes de rats". ( oui, oui!!!).
    Nous sommes les plus grands consommateurs de médicaments du monde. Knock avait raison, chez nous " Chaque bien portant est un malade qui s'ignore " C'est un inventaire à la Ouvrard ( chanteur comique d'avant guerre) , il faut soigner en même temps le coeur, le foie, l'intestin, les articulations, etc... et plus que tout, l'âme avec un cocktail explosif de somnifères et psychotropes. Je suis toujours effrayée par le nombre de pilules avalées par les gens de mon âge à chaque repas

    Mais que font donc nos voisins?Aux Pays Bas, 30% des consultations se soldent par une prescription médicale, en France, 97 % ! et je connais chez nous, des familles qui ont abandonné le médecin qui leur délivrait une ordonnance trop courte.

    En France, moins de 25% des médicaments vendus sont des génériques. En Grande-Bretagne et en Allemagne, respectivement 80 % et 60 % . Or le médicament générique tient dans ces pays un rôle majeur dans la maîtrise des dépenses de santé et la survie des modèles de protection sociale.

    Pour couronner le tout, le médicament générique chez nous est plus cher qu'ailleurs: un médecin affirme que le même générique vendu 2,26€ en Angleterre, l'est 18,35€ en Italie et ... 26,09 € en France!

    A qui la faute ? Les médecins généralistes et l'industrie pharmaceutique se renvoient la balle. Les médecins mettent de plus en plus souvent au bas de l'ordonnance " non substituable" mais il faut savoir que l’industrie pharmaceutique dépense des milliards  pour les visites aux médecins afin qu’ils continuent de prescrire de nouvelles molécules.

    Quand aux pharmaciens qui sont sanctionnés s'il ne vendent pas assez de génériques, ils accusent l'industrie pharmaceutique et parlent "d'éducation des patients"! Et ils rappellent que le plus souvent" les médicaments génériques sont fabriqués par les laboratoires qui fabriquent eux-mêmes les originaux"

    Mais personne ne les croit?

    Et çà me rappelle une histoire. Depuis des décennies, la plupart des enfants  goûtent avec des Choco BN, leurs parents persuadés de faire le meilleur choix. Or il y a une quizainbe d'années, dans le cadre d'une sortie CCaristes, j'ai visité l'usine à Nantes. Un seul immense récipient au plafond dans lequel se se mélangent farine, oeufs et autre ingrédients. Au dessous un seul tapis roulant où des bras déposent les futurs goûters: 2 rangées de petits BN qui sourient, 2 rangées d'une marque de grande distribution, 2 sans marque. Au bout du tapis roulant c'est cuit et emballé dans des boites différentes.

    `Je l'ai dit autour de moi. On m'a regardé d'un air de commisération profonde et on a continué à acheter des "chocoBen" ( comme disaient mes élèves ) parce que " c'est tout de même meilleur"!

    Il en est de même pour les médicaments génériques? Il suffit de croire sans réfléchir.

  • "La où croît le péril croît aussi ce que sauve" - Notes sur un article de JC Guillebaud

    Le titre de cette note est une citation du poète allemand du XVIIIème siècle Friedrich Hölderlin. Elle illustre le sujet traité aujourd'hui.

    C'est dans Le Nouvel Economiste,  journal lu , paraît-il, par les décideurs, que j'ai trouvé un article de Jean-Claude Guillebaud dont je vais citer des extraits. Journaliste et écrivain, catholique militant il écrit aussi bien dans le Nouvel Obs que dans la Vie et a publié cette année " Un autre monde est possible"

    Titre de  son article:" Contre le pessimisme ambiant, l’optimisme stratégique "


    Après avoir constaté que le personnel politique "est plus à l’aise dans les palinodies, les chicanes et l’immédiateté rigolote des sondages qu’avec le temps long de l’Histoire et que nos dirigeants ressemblent plus à des enfants de la télévision qu’à des conducteurs de peuples. » il affirme que

    "la société n’est pas en perdition, elle est en mutation"

    Il analyse notre monde car

    nous ne vivons pas une crise,  concept qui suppose un retour à la normale, mais  une mutation d’une ampleur prodigieuse. Une mutation porteuse de menace mais aussi de formidables promesses. Car nous vivons en réalité cinq mutations qui s’enchevêtrent, qui interagissent les unes sur les autres. Ce qui est paradoxal c’est que tout le monde en a plus ou moins conscience  mais que personne ne veut voir la vérité en face.

     

    Mutation géopolitique: c’en est fini de la centralité du monde occidental ; autrement dit d’une situation d’hégémonie économique, technologique, militaire et même culturelle qui perdurait depuis quatre siècles

     

    Seconde mutation, la mondialisation: à la fois une prodigieuse promesse qui a permis à des millions de gens de sortir du sous-développement et une menace pour l’Europe puisqu’elle a notamment eu pour effet d’accélérer sa désindustrialisation. Tout en créant beaucoup de richesses la mondialisation a fait  beaucoup de dégâts.

     

    Naissance du sixième continent. La troisième mutation  celle du numérique. Il y a 7 milliards d’habitants sur la Terre et 5 milliards de téléphones portables en service. Toutes les activités humaines quittent la terre ferme pour s’installer sur ce sixième continent,  les fondamentaux de l’économie s’en trouvent bouleversés et, avec eux, la nature même de l’économie. La société évolue au rythme d'Internet, les révolutions arabes en sont la preuve.

     

    La révolution biologique: Au milieu des années 50  la découverte de l’ADN a permis de modifier le vivant,  de fabriquer des espèces nouvelles, d’en transformer d’autres et de modifier jusqu’aux structures de la parenté avec, pour un même enfant, la possibilité d’avoir un père donneur de sperme, une mère donneuse d’ovocites, une mère porteuse et un père adoptif!

     

    La mutation écologique. On a pris conscience que le monde n'était pas pas sans limites comme on l’avait longtemps imaginé mais au contraire fini. Nos entreprises humaines, nos projets, butent sur les limites de ce monde en matières premières, en pétrole d'abord avec tous ses produits dérivés mais en tous les matériaux que nous employons journellement.

     

    Mais nous vivons un monde impensé. Ce basculement de notre société est aussi important que la fin de l’Empire romain et même,  de l’avis de Michel Serres, que celui du néolithique.Mais pas plus les philosophes que les politiques ou les analystes, ne parviennent aujourd’hui à formuler cette mutation et à expliciter les enjeux qu’elle comporte ; si bien que nous sommes dans un monde encore impensé, bâti sur d’anciens schémas. ( Comme l'a écrit un autre économiste " Nous savons tous que nous allons droit dans le mur, mais nous ne voulons pas le voir")

     

    Alors la tentation du cynisme et du pessimisme est forte. Si i l’on persiste à répéter que tout est foutu, qu’il n’y a plus d’avenir et que l’on s’en convainc, alors nous engendrerons un monde de plus en plus brutal, injuste et dépourvu de sens. Si l’on se persuade que tout est joué et perdu d’avance, alors on s’exclut du jeu collectif et la démocratie entre en crise, comme en ce moment.

    Il reste l'espérance car des solutions existent. A ce sujet, saint Augustin est l’auteur d’une phrase formidable qui est plus que jamais d’actualité : “L’espérance a fabriqué deux beaux enfants : la colère devant l’injustice du monde et le courage de la changer.” 

     

    Très bel article dont on retrouve les idées chez tant et tant d'économistes de tous les pays mais …. qu'on n'entend jamais!  Imaginer un nouveau monde autrement qu'avec les mots " crise " et " renouer avec la croissance"

    Et la conclusion sera de St Ex qui a dit tant de choses justes

    "L’avenir, tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre."