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"La où croît le péril croît aussi ce que sauve" - Notes sur un article de JC Guillebaud

Le titre de cette note est une citation du poète allemand du XVIIIème siècle Friedrich Hölderlin. Elle illustre le sujet traité aujourd'hui.

C'est dans Le Nouvel Economiste,  journal lu , paraît-il, par les décideurs, que j'ai trouvé un article de Jean-Claude Guillebaud dont je vais citer des extraits. Journaliste et écrivain, catholique militant il écrit aussi bien dans le Nouvel Obs que dans la Vie et a publié cette année " Un autre monde est possible"

Titre de  son article:" Contre le pessimisme ambiant, l’optimisme stratégique "


Après avoir constaté que le personnel politique "est plus à l’aise dans les palinodies, les chicanes et l’immédiateté rigolote des sondages qu’avec le temps long de l’Histoire et que nos dirigeants ressemblent plus à des enfants de la télévision qu’à des conducteurs de peuples. » il affirme que

"la société n’est pas en perdition, elle est en mutation"

Il analyse notre monde car

nous ne vivons pas une crise,  concept qui suppose un retour à la normale, mais  une mutation d’une ampleur prodigieuse. Une mutation porteuse de menace mais aussi de formidables promesses. Car nous vivons en réalité cinq mutations qui s’enchevêtrent, qui interagissent les unes sur les autres. Ce qui est paradoxal c’est que tout le monde en a plus ou moins conscience  mais que personne ne veut voir la vérité en face.

 

Mutation géopolitique: c’en est fini de la centralité du monde occidental ; autrement dit d’une situation d’hégémonie économique, technologique, militaire et même culturelle qui perdurait depuis quatre siècles

 

Seconde mutation, la mondialisation: à la fois une prodigieuse promesse qui a permis à des millions de gens de sortir du sous-développement et une menace pour l’Europe puisqu’elle a notamment eu pour effet d’accélérer sa désindustrialisation. Tout en créant beaucoup de richesses la mondialisation a fait  beaucoup de dégâts.

 

Naissance du sixième continent. La troisième mutation  celle du numérique. Il y a 7 milliards d’habitants sur la Terre et 5 milliards de téléphones portables en service. Toutes les activités humaines quittent la terre ferme pour s’installer sur ce sixième continent,  les fondamentaux de l’économie s’en trouvent bouleversés et, avec eux, la nature même de l’économie. La société évolue au rythme d'Internet, les révolutions arabes en sont la preuve.

 

La révolution biologique: Au milieu des années 50  la découverte de l’ADN a permis de modifier le vivant,  de fabriquer des espèces nouvelles, d’en transformer d’autres et de modifier jusqu’aux structures de la parenté avec, pour un même enfant, la possibilité d’avoir un père donneur de sperme, une mère donneuse d’ovocites, une mère porteuse et un père adoptif!

 

La mutation écologique. On a pris conscience que le monde n'était pas pas sans limites comme on l’avait longtemps imaginé mais au contraire fini. Nos entreprises humaines, nos projets, butent sur les limites de ce monde en matières premières, en pétrole d'abord avec tous ses produits dérivés mais en tous les matériaux que nous employons journellement.

 

Mais nous vivons un monde impensé. Ce basculement de notre société est aussi important que la fin de l’Empire romain et même,  de l’avis de Michel Serres, que celui du néolithique.Mais pas plus les philosophes que les politiques ou les analystes, ne parviennent aujourd’hui à formuler cette mutation et à expliciter les enjeux qu’elle comporte ; si bien que nous sommes dans un monde encore impensé, bâti sur d’anciens schémas. ( Comme l'a écrit un autre économiste " Nous savons tous que nous allons droit dans le mur, mais nous ne voulons pas le voir")

 

Alors la tentation du cynisme et du pessimisme est forte. Si i l’on persiste à répéter que tout est foutu, qu’il n’y a plus d’avenir et que l’on s’en convainc, alors nous engendrerons un monde de plus en plus brutal, injuste et dépourvu de sens. Si l’on se persuade que tout est joué et perdu d’avance, alors on s’exclut du jeu collectif et la démocratie entre en crise, comme en ce moment.

Il reste l'espérance car des solutions existent. A ce sujet, saint Augustin est l’auteur d’une phrase formidable qui est plus que jamais d’actualité : “L’espérance a fabriqué deux beaux enfants : la colère devant l’injustice du monde et le courage de la changer.” 

 

Très bel article dont on retrouve les idées chez tant et tant d'économistes de tous les pays mais …. qu'on n'entend jamais!  Imaginer un nouveau monde autrement qu'avec les mots " crise " et " renouer avec la croissance"

Et la conclusion sera de St Ex qui a dit tant de choses justes

"L’avenir, tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre."

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