Je connaissais Guy Birenbaum, journaliste hyper médiatique et hyper connecté et je savais qu'il avait traversé une grave dépression. Je viens de découvrir son livre, " Vous m'avez manqué. Histoire d'une dépression française", et ne peux m'empêcher d'écrire une note à ce sujet.
C'est un avertissement à ceux qui croient que la vie, c'est le nez sur un smartphone à multiplier les contacts, " non humains"
Voici le prologue:
"Depuis quelques années notre pays traverse une dépression collective, beaucoup de Français sont accablés, il se dénigrent et se sentent perdus… Les grands médias n’ont plus de boussole. L’information en continu, ce TGV qui ne s’arrête jamais dans une gare, rend dingos, accros, dépendant tout ceux qui s’en approche de trop près.
Le Web, démultiplicateur de nos engouements, de nos colères et de nos douleurs tourne sur lui-même à une vitesse qui abrutit et qui saoule. Le « temps réel » y est devenu l’unité de mesure principale, qui contamine les autres médias, désormais calés sur ce rythme infernal. Une accélération qui pompe nos neurones et génère des addictions dangereuses.
La violence et la haine, les propos les plus racistes, sexistes, homophobes ont submergé a Toile, grand café du commerce mondial en accès libre dans nos poches….
Sur les réseaux sociaux, des débats naissent et meurent aussi vite. On gueule, on buzze, on clique, on insulte, on détruit on ditffame et on recommence.
C’est désormais en 140 signes, le format des tweets, que s’écrit la vie de ceux qui croient compter et qui se parlent entre eux ….
Cette agitation n’a aucun sens mais peu importe puisque tout est nivelé - vers le bas - par le format bref; seule la vitesse de réaction est devenue déterminante. Il faut être le premier, le message est secondaire.
Je suis français. J’observe, je commente, je dépiaute la grande conversation de mon pays à la radio, sur le Web, au quotidien. C’est mon métier. Je tweete, je facebooke, je blogue, j’instagramme.
Je me crois fort.
Plus fort que les autres. Je fanfaronne.`
J’ai tort.
Tout est en place pour la grande glissade "
Et oui, Internet a failli tuer cet homme. Il parle «d’enfermement digital »… de « burn out digital »…d’une « plongée dans l’abime qui vous emporte et vous assomme, cloué au lit, éteint et dévasté », de sa famille même devenue "virtuelle!"
Et cette confidence qu'on devrait méditer: « Je me suis laissé dériver et j’ai atteint ce point – invraisemblable pour quelqu’un qui a travaillé pendant des années sur une thèse de doctorat de 800 pages – où je tweete : “Charlotte a chanté comme une patate à ‘La Nouvelle Star’” et là, tout le monde me trouve formidable ! »... « Tout le monde, à savoir les 145 000 followers qui me suivent sur la Toile. »
A la suite de cette dépression, il a écrit un livre « Vous m’avez mansqué. », un bien beau livre ma foi, où il retrouve son passé et la vraie vie.
Oui c’est par l ‘écriture et le livre de papier "tellement démodé" que s’est effectuée sa renaissance.
Et je trouve cette re-naissance très morale. Je crois de plus en plus qu'on va trop loin dans l'instantanéité, la calomnie et le mensonge, la médiocrité et la méchanceté qui s'expriment chaque jour la Toile.
Et dire que j'imaginais il y a 30 ans en me passionnant pour le jeune Internet que ce serait la plus merveilleuse des conquêtes de l'homme. Il y a le meilleur mais helas, trop souvent le pire!