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Disparition de la civilisation rurale

Par un matin ensoleillé devant le port de St Jean de Losnes, tout en savourant la beauté du paysage, je pense à la mort de la civilisation rurale de mon enfance. J'en appréciais la qualité de vie, la convivialité et l'authenticité.
Lorsque j'ai commencé à parcourir la France, il y a 30 ans, seule au volant de mon petit fourgon, j'arrêtais toujours sur la place d'un village. Je n'ai jamais eu peur, mon CCar garé près d'un commerce ou j'allais faire mes courses. Je bavardais avec les commerçants, toujours prêts à me témoigner de la sympathie. J'achetais les spécialités locales et disait combien j'appréciais. Je suis même repassée plusieurs fois pour acheter et un charcutier bourbonnais m'a revu à chaque passage dans la région pour rapporter des pâtés à la viande aussi bons que ceux de ma belle mère et que je congelais en arrivant chez moi!
Voici presque 3 semaines que nous parcourons la Bourgogne, 1000km à vélo, très peu en CCar. Des petits villages nous en avons visité des dizaines, pas un commerce, pas un café, une grande rue désertée, des volets clos et des maisons, souvent très authentiques et délabrées. Le nombre de pancartes "à vendre" est impressionnants. Si la petite ville est touristique, il y a une rue pour les "étrangers" appareil photo en main, mais faites donc un tour dans les rues adjacentes!
Quant aux fermes des alentours souvent de superbes bâtisses, elle s'effondrent lentement terres et bâtiments sans repreneurs.
Question commerces, on trouve l'unique supérette qui vend les même produits ici que dans les grandes surfaces de la même enseigne sur toute la France. Et l'authenticité??? Quant à parler avec la caissière des spécialités régionales?
Ce matin, dans un village traversé un boucher affichait en gros sur sa vitrine "BÊTES, porc agneau bœuf .... et le nom de chaque producteur. Enfin un vrai boucher!
Quant à sortir le soir, c'est désespérant, on ne rencontre personne! Il y a 30 ans, je me promenais après dîner avec ma chienne et trouvais toujours quelqu'un pour bavarder. Maintenant sa Majesté la télé est passée par là, clouant tout le monde dans son fauteuil! Les réunions entre voisins lors des soirées d'été ont bien disparues. Et les rares personnes rencontrées rentrent au plus vite sans même un bonsoir pour l'étrangère que je suis. Il est vrai que maintenant, de qui ne se méfie-t-on pas?
Heureusement quelques personnes, souvent âgées, quelques toutes petites boutiques savent accueillir, mais il en reste si peu! Lorsque j'évoque la vie de ma grand mère épicière chez qui on trouvait de tout, et qui était "le salon ou on cause" (disait-elle), je pense qu'elle a eu de la chance de vivre à une époque ou on savait garder la qualité de vie d'un village.
Je ne crois pas que la disparition de la civilisation rurale et le rejet de ses valeurs, soit un progrès pour notre monde et j'ai la nostalgie d'une France profonde ou je me sentais si bien.

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